29 nov. 2010

Les villes comptant le plus de brasseries au monde

Nous sommes souvent confrontés à des questions comme « Quelle est la meilleure ville du monde pour la bière? Est-ce Montréal? ». Il faudrait consacrer un livre entier à débattre de cette question. Après tout, la qualité de la scène brassicole d’une ville dépend autant de la qualité des bières qui y sont produites que des regroupements d’amateurs et des bières qui y sont distribuées via les bars à bières et détaillants.

C’est donc sans prétention, mais nous avons dressé un palmarès des villes qui comptent le plus de brasseries. À titre comparatif, j’ai ajouté quelques noms, Bruxelles par exemple, qui circulent parfois comme prétendants au titre de meilleure ville de bière du monde ainsi que quelques autres qui sont des agglomérations tellement importantes qu’on s’imagine qu’elles font bonne figure. Ce n’est pas toujours le cas!

Les résultats ont été compilés en incluant les brasseurs industriels comme Molson, mais en tentant de ne compter les chaînes de broue-pubs comme un seul établissement (les Trois Brasseurs ne comptent donc que pour un à Montréal). Ceci étant dit, puisque nous ne connaissons pas les brasseries de ville comme Buenos Aires en profondeur, il est possible que certaines brasseries incluses soient illégitimes. De plus, plusieurs villes comptent des brasseries qui ne brassent qu’une seule bière.

Ville Nombre de brasseries
Portland, OR 27
Seattle 21
Buenos Aires 21
Sydney 18
Berlin 18
San Diego 17
Montréal 15
Vienne 15
Moscou 14
San Francisco 13
Cologne 13
Auckland, N-Z 12
Pékin 12
Bamberg, ALL 12
Prague 12
Perth, AU 11
Denver 11
Chicago 10
Séoul 10
Copenhague 10
Melbourne 9
Austin, TX 9
Munich 9
Düsseldorf, ALL 9
Sheffield, R-U 9
Vancouver 8
Toronto 8
Shanghai 8
Londres, R-U 8
Milan 8
Saskatoon 8
Stuttgart, ALL 8
Boulder, CO 8
Tokyo 7
Salzbourg, AUT 7
Budapest 7
Christchurch, N-Z 7
Philadelphie 6
Santiago 6
Baltimore 6
Milwaukee 6
Halifax 6
Fort Collins, CO 6
Colorado Springs 6
Salt Lake City 6
Atlanta 5
St-Paul / Minneapolis 5
Osaka 5
Manchester, R-U 5
Glasgow 5
Los Angeles 5
Cleveland 5
Burlington, VT 5
Derby, R-U 5
Birmingham 5
Zurich 5
Liverpool 5
Leipzig, ALL 5
Indianapolis 5
Ottawa 5
Bangkok 5
Dunedin, N-Z 5
Francfort, ALL 5
Albuquerque, N-M 5
New York 4
Boston 4
Rome 4
Paris 4
Amsterdam 4
Dublin 4
Columbus, OH 4
Anchorage 4
Sao Paulo 4
Lausanne 4
Détroit 4
Madison, WI 4
Régina 4
Calgary 4
Hambourg 4
Raleigh, NC 4
Phoenix 4
Wellington, N-Z 3
Singapour 3
Athènes 3
St-Louis 3
York, R-U 3
Edmonton 3
Québec 3
Nuremberg, ALL 3
Bruxelles 2
Anvers, BE 2
Édimbourg 2
Rio de Janeiro 2
Berne 2
Genève 2
Washington 2
Bruges 1


Alors, quelles sont vos principales surprises? J’avoue être très surpris par Sydney et Moscou.

Une chose est sûre, nous ne manquerons pas de destinations de voyage au cours des prochaines années!

25 nov. 2010

Où vont les prix de la bière (partie 2: l'offre)

La dernière fois, nous avons couvert les facteurs influençant la demande de bière et conclut que les prix risquaient d’augmenter. Si vous avez manqué l'intervention précédente:
Où vont les prix de la bière? (partie 1)

Voyons maintenant si cette tendance ne pourrait pas être renversée par d’autres facteurs.

Principaux facteurs faisant varier l’offre de bière

Prix des matières premières

Portrait : Une hausse soutenue des prix des ingrédients, principalement du malt, diminue la rentabilité de l’industrie et la rend moins attrayante aux yeux des investisseurs. Ils recherchent alors de meilleurs investissements. Actuellement, bien malin est celui qui sait dans quel sens évolueront les prix. Par exemple, la fameuse pénurie de houblon qui faisait grincer des dents tous les brasseurs du monde appartient désormais au passé; les prix sont très volatils. Pour tout vous dire, si j’avais la moindre idée des niveaux qu’atteindront les prix des ingrédients au cours des prochaines années, je serais en train de convertir cette information en profit au lieu de perdre mon temps à bloguer pour une poignée d’irréductibles lecteurs (on vous aime Albertine, Alphonse et Gontrand!)

Conclusion : de façon générale, les économistes s’attendent à des hausses de presque toutes les ressources cultivées. On pourrait donc s’attendre à une diminution de l’offre et par conséquent des prix, mais qui sait?

Contraintes légales, interventions gouvernementales

Portrait : Les démarches à entreprendre pour démarrer une microbrasserie demandent un réservoir inépuisable d’énergie. Les délais d’obtention des permis en rebutent plus d’un. Impossible d’être microbrasseur sans ceux-ci. Des pressions sont parfois exercées auprès du gouvernement pour faciliter l’accès au marché, mais avouons que les brasseries déjà établies n’ont plus avantage à ce que de nouveaux joueurs entrent dans le marché; le lobbysime demeure donc à faible portée. En revanche, le gouvernement est loin d’être fidèle à ses propres convictions en n’assurant aucun contrôle des bières sur nos tablettes. Ce serait un sujet pour un autre article que de déterminer si le gouvernement devrait s’impliquer davantage en ce sens, mais rien n’indique que des interventions gouvernementales viennent compliquer davantage les contrôles entourant la fabrication et la mise en marché de la bière. À l’inverse, aucun indice ne laisse présager que le gouvernement se mettra à subventionner l’industrie outre mesure. Conclusion : statu quo


Changements technologiques


Portrait : Si un de nos savants biérophoux inventait une embouteilleuse plus efficace que tout ce qu’on trouve sur le marché, qui ne prend pas de place et qui coûte 100$, gageons que nous verrions déferler beaucoup de nouveaux produits en bouteille. En effet, les coûts de production seraient amoindris. À part ces utopies, l’industrie de la bière artisanale ne subit pas vraiment de chocs technologiques extérieurs majeurs.
Conclusion :
statu quo

Encore ici, d’autres facteurs pourraient être invoqués, mais globalement, nous retirons de cet exercice qu’il est difficile de prédire dans quelle direction l’offre évoluera à moins de disposer de la boule de cristal de Monique Jérôme-Forget qui permet d’écarter tout doute résiduel quant aux futurs prix des matières premières.

Y aurait-il un biais de l’offre?

J’ajouterais toutefois un facteur digne de mention qui ne figure pas aux manuels d’économie classiques. La bière artisanale est un milieu d’artisans. Les gens qui s’y aventurent occupaient souvent des emplois bien rémunérés avant de tout lâcher et de prendre un risque. Ils ne le feraient pas s’ils n’avaient pas espoir que leur passion leur permette éventuellement de mettre du pain sur la table. Cependant, ils ne le font pas nécessairement dans la logique pure de l’investisseur cherchant à maximiser son profit, un postulat sous-tendant les théories économiques. Pour un artisan, vivre de son art est un profit en soi qui est ajouté à son profit en dollars. L’offre traditionnelle est donc biaisée.

La résultante de ce biais? Nous l’observons à chaque fois que nous croisons un de ces nombreux passionnés qui a entendu l’appel : « Moi, c’est sûr que d’ici cinq ans, j’ai ma brasserie », disent-ils. Peu le font, mais au Québec, on en compte quand même environ cinq par an depuis plusieurs années.

Il y a donc quand même une augmentation de l’offre! Cette hausse d’offre se traduit par un ajout de profondeur au marché et en augmente l’intensité de la concurrence. Et qui dit concurrence dit nécessité d’avoir des prix concurrentiels sans lesquels le client ira cogner sur la porte du voisin. Ainsi, plus nous avons de brasseries, plus celles-ci ont intérêt à limiter la hausse de leurs prix de vente (à moins qu’elles ne forment un cartel comme les pétrolières!).

Il s’agirait donc de déterminer si la pression à la hausse sur les prix exercée par la demande en hausse est plus puissante que celle à la baisse exercée par l’offre, aussi en hausse? Sur le marché en général, oui. Dans le marché de la bière artisanale, je n’en suis pas si sûr.

Nous verrons pourquoi lors de notre prochaine intervention...



Pour lire la portion suivante de ce dossier:
Où vont les prix de la bière? (partie 3)

22 nov. 2010

Guide de survie pour l’amateur de bière visitant le sud de la Floride



Que vous visitiez la Floride pour le plaisir de s’étendre sur ces plages impeccables, ou tout simplement pour y accompagner des membres de votre famille qui y séjournent afin d’éviter l’hiver québécois, il n’en demeure pas moins que cette région des États-Unis, disons de West Palm Beach jusqu’à Key West, représente un défi considérable pour toute personne en quête de bière de qualité. En plus d’être un no man’s land culturel, la partie sud de l’État floridien est en effet une des moins bien garnies en brasseries de qualité per capita aux États-Unis. Cependant, si vous faites vos recherches avant de prendre l’avion, vous pourrez tout de même dénicher quelques estaminets sympathiques servant des ales savoureuses. Voici donc un survol des bars et brasseries qui pourraient satisfaire votre soif de qualité entre deux séjours à la mer.

Big Bear Brewery, à Coral Springs


Les boiseries foncées et l’éclairage tamisé du restaurant de cette brasserie artisanale paraissent élégants, surtout après avoir stationné la voiture en face de ce strip mall trop commun le long des boulevards interminables de la Floride. La terrasse de ce brouepub donne d’ailleurs sur le somptueux stationnement… mais il faut avouer que la température toujours clémente tend à nous faire oublier le décor. Les bières de la maison penchent vers le sucré-malté, ce qui est intéressant pour certains styles (Stout, Bock), mais qui paraît exagéré pour d’autres (Abbey Dubbel, Brown Ale). La Hibernation Pale Ale représente un choix rafraîchissant pour l'amateur de houblon, encore plus si la canicule vous donne le goût de boire à grandes gorgées. Si vous visitez le Big Bear en ne vous attendant pas à poser des grands crus sur vos papilles, vous retournerez à votre baignade satisfaits de votre dégustation.

Titanic Brewery, à Coral Gables

Ce resto-pub fréquenté en grand nombre par les étudiants de l’Université de Miami semble avoir souffert quelque peu des foules dévergondées, quoique les planchers et murs défraîchis lui donnent quand même des allures de taverne ayant vécu plusieurs célébrations de championnat. Le brasseur tente ici plusieurs styles différents, réussissant avec brio les ales anglaises américanisées (IPA, Stout), mais ratant parfois la cible dans les contrées belges (Saison, Dubbel). Somme toute, si vous devez passer tout près de la gigantesque université, ou si vous vous dirigez vers le centre du parc des Everglades, il vous sera très difficile de trouver mieux en termes de sélection et de qualité.

The Abbey, à Miami Beach

Après avoir déambulé dans les richissimes quartiers de Miami, ce minuscule bar vous paraît terne et presque louche. La fumée des cigares reste suspendue au-dessus des fûts mais les quelques bancs d’église qui font office de sièges sont toujours occupés. C’est que les lignes de fûts sont parmi les mieux garnies du sud de l’État, que ce soient des bières invitées belges, allemandes ou américaines. Le propriétaire fait brasser ses propres bières chez Florida Beer Company, une microbrasserie de Melbourne. Encore une fois, les ales-maison raviront les palais sucrés, qu'il s'agisse des liquoreuses Dubbel et Quadrupel d’inspiration belge ou de la IPA... La façade n’est peut-être pas inspirante, mais l’amateur de grandes bières trouvera plusieurs choix à son goût à The Abbey.

La semaine prochaine, je vous fais part de mes trois coups de cœur dans la même région…

19 nov. 2010

Nombre de brasseries par pays

Parce que nous sommes un peu beaucoup geeks, nous vous avons préparé une compilation des principaux pays producteurs de bière et du nombre de brasseries qu'ils comptent. Ce sont des estimés qui varient sans doute d'une journée à l'autre, mais ça donne une idée.

Pays Nombre de brasseries Source Habitants / Brasserie
États-Unis 1 595 Brewers Association 2009 194 503
Allemagne 1 343 german-breweries.com 61 268
Royaume-Uni 767 Campaign for Real Ale 81 289
Italie 280 ratebeer.com 207 467
Canada 246 ratebeer.com 137 235
France 225 Ron Pattinson: www.xs4all.nl 287 260
Autriche 184 Ron Pattinson: www.xs4all.nl 44 642
Suisse 178 ratebeer.com 42 828
Australie 175 ratebeer.com 122 947
Japon 172 ratebeer.com 737 235
Russie 170 http://eng.pivnoe-delo.info/ 819 942
Argentine 140 ratebeer.com 295 309
République Tchèque 135 ratebeer.com 75 568
Belgique 125 Good Beer Guide Belgium 83 388
Chine 106 beerme.com 12 548 503
Danemark 106 ratebeer.com 52 034
Brésil 92 ratebeer.com 2 185 906
Lithuanie 77 http://www.alutis.lt/aludariai/ 46 043
Pays-Bas 76 ratebeer.com 220 830
Pologne 68 ratebeer.com 565 642
Nouvelle-Zélande 60 ratebeer.com 70 871
Espagne 50 ratebeer.com 930 119
Chili 50 ratebeer.com 334 929
Hongrie 49 ratebeer.com 203 925
Suède 43 ratebeer.com 211 025
Finlande 35 ratebeer.com 150 145
Slovénie 33 ratebeer.com 60 701
Mexique 31 ratebeer.com 3 628 028
Norvège 31 ratebeer.com 150 849
Ukraine 29 ratebeer.com 1 566 055
Afrique du Sud 28 ratebeer.com 1 753 897
Inde 28 ratebeer.com 41 896 715
Croatie 22 ratebeer.com 203 949
Lettonie 21 ratebeer.com 105 618
Irlande 20 ratebeer.com 231 146
Roumanie 16 ratebeer.com 1 372 455
Slovaquie 14 ratebeer.com 390 736
Estonie 8 ratebeer.com 161 396
Luxembourg 7 Ron Pattinson: www.xs4all.nl 71 077
Indonésie 4 ratebeer.com 60 742 086


Alors, quelles sont vos principales surprises? Gageons que plusieurs ne s'attendaient pas à voir les États-Unis trôner!

À venir: les nombres de brasseries par province et par État de même qu'un décompte similaire pour une centaine de villes du monde.

17 nov. 2010

C'est le 4e anniversaire d'Hopfenstark samedi


20 bières-maison en fût, 2 en cask et plusieurs ales spéciales en bouteille pour l'évènement. C'est ce que nous promet la brasserie Hopfenstark, sise à l'Assomption, pour célébrer son quatrième anniversaire. Bon dieu qu'on est chanceux au Québec depuis quelques années!

Parmi les bières régulières, vous pourrez refaire connaissance avec la rafraîchissante Ostalgia Blonde et son accent allemand, sa consœur Ostalgia Rousse et ses couettes légèrement caramélisées ainsi que la Postcolonial IPA, une des India Pale Ales les plus idiosyncrasiques dans le nord-est de l'Amérique.

Lorsqu'on parle d'Hopfenstark, il ne faut pas oublier non plus la série de Saisons concoctées par Frédéric Cormier, dont la Station 7 aux herbes, la Station 10 bien acidulée, la Station 16 au seigle, la Station 55 plus houblonnée que le standard du style et la Saison du Repos avec ses douillets esters de poire, toutes présentes pour l'occasion.


Pour les amateurs de bières plus liquoreuses, on pourra se délecter de deux millésimes différents de la Baltic Porter de L'Ancrier, une version vieillie 4 ans de la Yule, la bière de Noël de la maison, le vin d'orge Captain Swing, âgé de 2 ans, la Kamarad Friedrich Russian Imperial Stout vieillie 3 ans, la toute jeune Faust Triple, d'inspiration belge, et la Stout hybride prénommée Greg, houblonnée avec un cultivar issu de... Rawdon!

Finalement, puisque, de toute évidence, ce n'est pas assez(!), Frédéric sortira plusieurs bouteilles de ses bières ayant séjourné dans des barriques de chêne, dont la Ostalgia Blonde, qui adopte une finale acidulée, quatre millésimes différents (oui, 4!) de la Framboise Forte, la Baltic Porter de L'Ancrier 2008, la Captain Swing Barleywine 2008, la Porter Double à l'Érable 2009, la Kamarad Friedrich 5-Star Edition 2007 ainsi que les toutes nouvelles Bourbon Barrel Baltic Porter de L'Ancrier 2010 et Bourbon Barrel Faust Triple 2010. De quoi faire un tour complet du monde d'Hopfenstark en une journée!

http://www.hopfenstark.com/Pages/Evenements.htm

14 nov. 2010

Soirée des grands crus du 13 novembre: galerie de photos

Voici une galerie de photos capturées par Johann Schlager lors du lancement de La route des Grands Crus de la bière qui avait lieu le 13 novembre 2010, au Benelux.


Samedi soir, au Benelux

avait lieu le lancement de La route des grands crus de la bière


Martin Thibault a signé plusieurs copies


David Lévesque Gendron aussi



Les brasseurs québécois avaient envoyé leurs meilleurs casks


Et les gens s'étaient déplacés en grand nombre pour les déguster



Des amateurs passionnés



Des brasseurs bien connus du milieu



Et toujours l'équipe du benelux s'affairait activement à servir ce beau monde



Cette grande quantité de beau monde!



Allait-il y en avoir assez?



Pas le temps de se le demander...



Ça travaillait fort derrière le bar



Mais le résultat semblait convaincant à voir les sourires des gens




La fraternité des gens




Et la complicité des gens


Les ventes allaient bon train



Et lorsque nous avons tiré notre révérence un peu avant 1h, il y avait toujours salle comble.


Merci pour l'aide tout au long de la soirée!


Merci à tous d'être venus en si grand nombre!

12 nov. 2010

3 autres brasseries incontournables sur la route touristique tchèque

Voici trois brasseries exceptionnelles sur la route touristique tchèque, mais en dehors de Prague.





Plzensky Prazdoj (Pilsner Urquell)
U Prazdoje 7, Plzeň

La voici, la voilà, la fierté de Plzeň, cette ville industrielle de l’ouest de la Bohème qui a prêté son nom au fameux style Pilsener. Nous prenons rarement la peine de visiter une brasserie dont la production dépasse le million d’hectolitres par année, mais celle-ci propose une expérience particulièrement méritoire. Au-delà de l’immense restaurant, du musée et du centre de souvenirs attenants, des tours guidés d’une heure et demie permettent de se plonger dans l’histoire et de goûter l’Urquell d’autrefois. En effet, au terme de la visite des lieux dont la spectaculaire salle d’embouteillage, vous aurez la chance de pénétrer dans les souterrains de la brasserie.
Ces labyrinthes s’étirant sur des kilomètres ont pris des années à construire. La température y est maintenue à 6°C et la brasserie continue d’y produire une version de la Urquell « comme dans le temps », mûrie dans d’immenses tonneaux de bois élégamment alignés le long des murs. Pour vous remercier de votre clientèle, un verre de cette Urquell Kvasnicový presque opaque vous sera offert. Nulle part ailleurs aurez vous l’opportunité de goûter cette grande bière, nettement plus en céréales et en fraîcheur du houblon Saaz que la meilleure Urquell que vous ayez bue. Voici une visite à inscrire au panthéon des activités que tout amateur de bière devrait réaliser au moins une fois.


NB. La très rare Urquell non filtrée que l’on vous sert au restaurant Na Parkanu en ville n’est pas exactement la même que celle issue des caves de la brasserie, n’ayant pas séjourné dans le bois.





Pivovar Eggenberg
Latrán 27, Ceský Krumlov


Le spectaculaire centre historique de la bourgade médiévale de Ceský Krumlov, au sud de la Bohème, figure au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les guides touristiques recommandent tous le détour; ne vous surprenez donc pas que l’anglais y soit aussi couramment parlé que le tchèque. Quelques heures suffisent à faire le tour de cette charmante contrée. Vous finirez donc par avoir soif, ce qui est tout à fait légitime en République Tchèque.
Sise à quelques pas des sentiers fréquentés par les hordes de touristes, la brasserie Eggenberg offre une atmosphère reposante qui permet de renouer avec les plaisirs ruraux tchèques : bâtiments de briques, panneaux défraîchis, personnes âgées à bretelles, vieux moulin… Lors de notre visite, les clients étaient tous des habitués d’un certain âge, riant haut et fort tout en imbibant d’impressionnantes quantités de Světlý Ležák. Les pompes contenaient quand même l’étonnante variété de cinq bières différentes. Celles essayées étaient d’une fraîcheur séduisante. L’été, vous pouvez même vous louer un canot tout juste à côté de la brasserie afin de visiter la région avoisinante… pour mieux revenir à bon port quelques heures plus tard, où l’on vous souhaitera la bienvenue à l’aide d’une pinte de votre choix.


Minipivovar Svaty Florian
Masaryka 81, Loket



L’arrivée sur Loket ne pourrait être plus féérique. Tout véhicule se doit d’emprunter le petit pont surplombé par le château du 14e siècle, entouré de petites maisons toutes plus colorées les unes que les autres. Ce village de l’extrémité ouest de la Bohème, entouré par une rivière sinueuse, ressemble à une minuscule forteresse protégée par une douve. Chaque ruelle, chaque angle, chaque escalier pourrait faire l’objet d’une carte postale! Une version miniature de Ceský Krumlov, quoi.


Question de vous remettre de vos émotions de photographe amateur, Loket compte en plus sur une brasserie artisanale d’exception. Certes, on n’y produit qu’une seule lager… mais quelle belle Polotmavé! De délicates céréales caramélisées enveloppent les houblons herbacés dans un corps suave et rafraichissant; le tout, garni d’une tour de mousse impénétrable, bien sûr. Pourquoi demander plusieurs bières différentes lorsque l’unique bière de la maison comble si facilement! À Loket, on retrouve l’essence de l’idéal tchèque. Dans l’architecture, mais aussi dans la bière.


8 nov. 2010

Des grands crus chocolatés à boire au Juliette et Chocolat

Onctuosité et décadence convergent dans les somptueuses coupes de Juliette et Chocolat, chocolaterie de Montréal faisant pignon sur rue à trois différents endroits en ville. Ici, on sert le chocolat sous toutes ses formes, mais ce sont les grands crus noirs à boire(!) qui nous font revenir. L'arrivée des températures froides rendent ces versions liquéfiées et réchauffées absolument irrésistibles, encore plus lorsqu'on désire marier notre amour du cacao à une volonté d'en apprendre plus à son sujet.


En se délectant du menu, on découvre rapidement qu'il existe trois types importants de fèves de cacao cultivées sur la planète, soit la criollo, la forastero et la trinitario. Mais il ne faut qu'une dégustation comparative de deux grands crus noirs pour comprendre que le terroir de chaque fève influence grandement les propriétés gustatives du chocolat obtenu. Le grand cru Tanzanie, par exemple, issu d'un assemblage de criollos et de forasteros du pays, développe des saveurs riches de cacao, aux accents terreux, rôtis et légèrement acidulés. Les grands crus Guanaja (des Caraïbes) ou Alto el Sol (du Pérou) de leur côté, issus d'assemblage de fèves génétiquement similaires, se révèleront immensément fruités aux côtés de ce même Tanzanie.

À des lieues des chocolats chauds conventionnels dilués et sucrés, ces grands crus noirs à boire du Juliette et Chocolat enchantent à coup sûr. Il faut peut-être bien s'armer d'un appétit féroce afin de conquérir la richesse et la générosité de chaque coupe, mais si la gourmandise est au rendez-vous, comme c'est souvent le cas lorsqu'on parle de chocolat, rien ne peut arrêter le vaillant dégustateur...

4 nov. 2010

Où vont les prix de la bière? (partie 1 : la demande)

Il n’y a que quelques années, les bières artisanales demeuraient un phénomène marginal. Et les phénomènes marginaux, nous en avons vu passer d’autres. Grosso modo, ils s’insèrent dans l’une des deux catégories suivantes : les modes éphémères et les industries en croissance. Il ne fait plus de doute raisonnable que la bière artisanale a su tailler sa place au sein du deuxième groupe.

Comme témoins à la défense, les microbrasseurs appellent ces bonnes vieilles statistiques. (Effectivement, les statistiques ont confirmé qu’elles-mêmes n’étaient plus à considérer comme un phénomène marginal dans tout exercice de masturbation intellectuelle digne de ce nom)

En 2009, les microbrasseries occupaient une part de marché de 4,3% des ventes en volume, mais 6,9% des ventes en dollars. Ce chiffre croît à un rythme de croisière digne de l’économie chinoise tandis que les ventes de l’industrie de la bière incluant les méga-brasseries sont en déclin.

Source : Brewers Association

Qu’est-ce que tous ces chiffres signifient? Que la quantité demandée augmente. Si vous ressortez vos connaissances économiques rouillées, vous serez attristés d’induire que le prix de la bière augmentera. Pour le meilleur et pour le pire, ce n’est pas si simple que ça. Vous souvenez-vous du fameux ceteris paribus de vos cours d’économie? C’est ici qu’il entre en jeu. TOUTES CHOSES ÉTANT ÉGALES PAR AILLEURS. Une belle maxime pour élaborer des théories qui simplifient la réalité, mais la réalité refuse de se conformer aux modèles.

Les heureuses statistiques de croissance de l’industrie des microbrasseries supportent effectivement une hausse des prix de la bière, mais dans la réalité, l’offre et la demande évoluent selon une logique dynamique. L’offre de bière ne restera pas stable.

Pour mieux saisir le portrait, il est pertinent d’explorer les facteurs qui font évoluer l’offre et la demande de bière.

Principaux facteurs faisant varier la demande de bière

Démographiques et économiques

Portrait : La population augmente légèrement à chaque année, principalement à cause des immigrants. Le salaire moyen augmente aussi, mais environ au rythme de l’inflation si bien que le pouvoir d’achat reste stable. Il y a un bassin de consommateurs qui croît, mais certainement pas à un niveau pouvant supporter la croissance actuelle de l’industrie. Par ailleurs, les microbrasseries n’existaient pas il y a 40 ans et nos prédécesseurs ont eu la triste malchance de grandir sans connaître la jouissante variété de saveurs que le monde de la bière pouvait leur offrir. Plusieurs ont donc développé des habitudes de consommation labbatiennes et/ou molsonaises dont ils peinent à se départir. À long terme, ces gens représenteront une fraction de plus en plus mince de la population.

Conclusion : pousse la demande (et les prix) à la hausse, mais lentement

Sociologiques

Portrait : La bière a la cote et jouit d’une exposition médiatique croissante, sans quoi d’illustres inconnus comme Les Coureurs des Boires n’auraient sûrement jamais été aperçus à la télévision. On compte de plus en plus de gastronomes et la bière artisanale représente un produit complémentaire puisqu’elle se base sur les mêmes soubassements : la recherche du bon goût.

Conclusion : entraîne la demande (et les prix) à la hausse et rapidement

Prix des substituts

Portrait : Si le prix moyen du vin doublait tandis que celui de la bière demeurait stable, il y a fort à parier que plusieurs consommateurs se tourneraient vers la bière. On ne peut toutefois pas dire qu’il y ait une tendance spectaculaire à ce niveau. Néanmoins, la bière que nous consommons est généralement produite ici contrairement à son substitut principal, le vin. Or, la force du dollar canadien pousse le prix des vins importés à la baisse. D’un point de vue moins rationnel, j’ai aussi l’impression qu’on trouve de plus en plus de bons vins à des prix pouvant concurrencer la bière en SAQ. (moins de 10$)

Conclusion : incite la demande à la baisse, mais faiblement

D’autres facteurs pourraient être invoqués, mais globalement, nous retirons de cet exercice qu’il existe une pression haussière sur la demande.



Maintenant, il faut se pencher du côté de l’offre avant de craindre une inlassable spirale vers le haut des prix de notre breuvage favori, mais ce sera pour une prochaine intervention!

Pour lire la partie suivante de ce dossier:
Où vont les prix de la bière? (partie 2)