31 janv. 2011

Traquair House Brewery, de retour en importation privée


Cette brasserie écossaise, une des rares de la région d’ailleurs à ne pas consacrer la majorité de sa production à des ales conditionnées en « cask », est disparue des tablettes de nos SAQ il y a belle lurette. Qu’à cela ne tienne, nous avons les Importations Privées Bièropholie! Voici donc une courte description de chacune des trois bières embouteillées que nous pouvons maintenant nous procurer par leur entremise :

Traquair House Ale (7,2%)
La bière phare de la maison; une ale de dégustation toute en malt, mais pas si lourde en sucres résiduels. Des effluves de vanille lévitent de son profil fruité rappelant les prunes et les dates, le tout lié par une douceur caramélisée et chocolatée. Des vapeurs d’alcool s’immiscent aussi dans la finale, talonnées par une légère acidité boisée. C’est une très belle ale écossaise pour amateurs de bières telles la Corne de Brume d’À l’Abri de la Tempête, la Scotch Ale de Simple Malt ou la Délivrance de Brasseurs et Frères.

Traquair Jacobite (8%)
Voici une bière qui fait parler les dégustateurs depuis longtemps. Une ale forte rappelant les Old Ales anglaises, mais contenant de la coriandre et de la réglisse (comme plusieurs ales belges). Son arôme captivant nous plonge dans un gâteau épicé, à la fois capiteux et complexe. Son corps rond et moelleux offre en plus des notes de mélasse, de vanille et de raisins secs. Son éloquence est telle qu’on pourrait la décrire pendant des pages.

À essayer si vous aimez : Dominus Vobiscum Double de la Microbrasserie Charlevoix, Aphrodisiaque de Dieu du Ciel! ou la Brune d’Abbaye des Rocs (Belgique). Sachez par contre que rien au Québec ne ressemble vraiment à cette Jacobite. Préparez-vous à un dessert surprise!

Traquair Bear Ale (5%)
Une belle bière de soif qui sait mettre en valeur des malts doucement caramélisés, dans un corps souple, propice aux grandes gorgées. Les houblons sont subtils, développant quelques angles orangés et poivrés, avant d’établir une amertume qui équilibre le profil de saveurs. Un type de bière à boire à la pinte, avec un étalement de saveurs semblable à celui de la Bitter du Lion d’Or, la Golding Pale Ale de Simple Malt ou la Rousse de La Chouape.

26 janv. 2011

Les méfaits de l'explosion brassicole

Dans un monde idéal, je serais excellent dans tous les domaines. Malheureusement, je suis d’une médiocrité toute banale dans l’immense majorité des domaines. Question de malchance? Nah… l’excuse serait trop facile. Surtout une question de rareté. À commencer par la rareté du temps. Comment trouver le temps de maîtriser la pensée de Georg Wilhelm Friedrich Hegel ou de mémoriser tous les poèmes de Nelligan alors que nous devons aussi gagner nos vies, bien manger, entretenir des rapports sociaux harmonieux et dormir un peu? La mission n’est pas impossible, mais alors, il ne resterait plus de temps pour Les Coureurs des Boires et encore moins de temps pour le petit jogging de fin de soirée.

(alerte à la phrase dont l’auteur est fier) Il n’y a donc plus de choix : il faut faire des choix! Or, votre blogueur a choisi il y a plusieurs années qu’entre la conservation d’une silhouette dépourvue d’excès de reliefs et la pérennité de ses indéniables qualités d’amant, il accorderait une importance particulière à la vigie de la planète bière. Il engrangerait temps, effort et argent de façon à être au courant des dernières évolutions, de la dernière recette créative, de la dernière brasserie qui vient d’ouvrir en Italie, du dernier cultivar de Houblon développé en Nouvelle-Zélande. Évidemment, c’était un combat perdu d’avance, mais peut-être serait-il possible d’au moins, être en mesure de suivre le marché québécois? De goûter toutes les bières qui naissent dans les laboratoires artistiques que sont les brasseries québécoises? Autre échec lamentable. Notons au passage que cet échec est partagé par 100% des citoyens québécois. Personne n’arrive à suivre le tempo infernal du tourbillon créatif des brasseurs québécois, lequel engloutit tout espoir pour le conquistador de la cervoise fleurdelisée.

Source photo: smh.com.au

Pis encore, les brasseurs en rajoutent et accélèrent constamment le rythme de la nouveauté. Ils s’éparpillent dans les régions pour échapper à leurs poursuivants, supportés par un gouvernement qui facture davantage pour le permis de brasseur industriel permettant de vendre à l’extérieur des lieux de fabrication. L’espoir n’a plus raison d’être. La mission était vouée à l’échec. Que faire? Faire de notre mieux et mener notre vigie au meilleur de nos capacités, comme nos aïeuls nous l’ont enseigné? Cette philosophie ne semble pas les avoir aidés outre mesure : ils sont morts! Abandonner la quête et se recentrer sur les produits coups de cœur qui ont illuminé nos printemps de quête inachevée? Certes non! Avez-vous pensé au vide dépressif qu’occasionnerait pareille démission? Que faire alors?

La solution retenue? Se vautrer dans notre cynisme, sourire et encourager les brasseurs à enfoncer le clou dans notre propre cercueil!

24 janv. 2011

Le Trou du Diable: une célébration du savoir-faire sur fond de créativité

 La Tongka, une des nombreuses bières du Trou du Diable aussi goûteuse qu'inspirée

Il y a cinq ans déjà, un des projets brassicoles québécois les plus inspirés a vu le jour. Fruit de la vision de cinq entrepreneurs aux talents complémentaires, ce Trou du Diable fêtait en effet samedi dernier l'aboutissement d'une phase importante de leur existence. Aujourd'hui, nous sommes forcés d'admettre que la microbrasserie shawiniganaise est plus mature et énergique que jamais.  La qualité de tout ce qu'elle a à offrir - cuisine, bières, service, décor, ambiance - n'est égalée que par une poignée de brasseries artisanales des quelques centaines du nord-est de l'Amérique. Nous avons donc maintenant affaire à une brasserie d'exception.

Tartare de saumon avec pinte de Mactavish et magnifique bouteille de V en arrière-plan

Cette célébration était une occasion pour l'amateur de bières débridées de se pourvoir de bouteilles de quelques-unes des créations les plus accomplies d'André Trudel, maître-brasseur de l'endroit. La Buteuse Brassin Spécial, cette Triple de type belge vieillie en barriques de chêne mouillées de brandy de pommes de Michel Jodoin et ensemencées de levures sauvages, faisait bien évidemment partie du lot. À ses côtés, Dulcis Succubus, une Saison de type belge, elle vieillie en barriques de chêne ayant préalablement contenu un Sauternes californien. Cette nouvelle ale aussi fermentée en partie à l'aide de levures sauvages de type brettanomyces est d'ailleurs une des toutes premières bières au monde à marier l'apport d'un vin de pourriture noble (botrytisé, si vous préférez) à une bière dite "sauvage"; le seul autre exemple disponible sur la planète bière présentement est la Korty, de la brasserie hongroise Serforras (les deux produits sont cependant très différents). Finalement, tout dégustateur présent aux premières heures de la fête a aussi pu acheter des bouteilles de V, une Scotch Ale vieillie en fûts mouillés de bourbon américain, spécialement conçue pour la journée.

 André Trudel jouant les serveurs, expliquant son menu du jour avec fierté

Comme si cela ne suffisait pas, le menu des bières à la pompe était tout aussi exquis. De la Petite Buteuse, une ale de type belge aux houblons bien herbacés, à la Vipérine, une ale sûre aux cerises vieillie plus de trois ans, tout était empreint de talent. Rares sont les brasseries de l'Amérique aussi à offrir des ales bien sèches en bouche. On ne se vautre pas dans les sucres résiduels collants au Trou du Diable. Même les India Pale Ales les plus parfumées (Pénurie et Dubaï Pillée en fin de semaine) demeurent élégantes et faciles à boire; une signature que peu de brasseurs savent apposer à leurs bières.

 Le pire dans tout ça, c'est qu'on se prépare pour fêter encore longtemps...

En sachant mettre à profit des artistes locaux pour de nombreux projets (bouteilles, logos, t-shirts, art mural, etc.), en choisissant toujours des ingrédients de qualité irréprochable et en faisant preuve de maturité et de vision dans l'épanouissement de leur projet, les cinq tenanciers du Trou du Diable peuvent se vanter d'avoir créé une brasserie artisanale digne de mention. Décidément, on ne peut faire autrement que d'aimer se faire gâter ainsi.






22 janv. 2011

Qu'est-ce qu'un ticker?



Parmi ses nombreuses conséquences, le phénomène de la prolifération des bières de qualité dans plusieurs pays a engendré une multitude de phénomènes gravitant autour du monde brassicole. À n’en point douter, sociologues et psychologues y trouveraient des manifestations sociales dignes d’études de longue haleine. Par exemple, nous pourrions avoir des heures de plaisir(!) à catégoriser les buveurs de bière selon leurs objectifs.

Une des catégories qui soulèveraient les commentaires les plus piquants serait sans doute celle des tickers. D’ailleurs, tant qu’à disposer de votre attention, allons-y donc de quelques commentaires sur les tickers! Les quoi? Les tickers. Prononcez TÉ-KAH avec votre plus bel accent British. Qu’est-ce qui les définit? L’esprit du collectionneur, un peu, la manie des listes, beaucoup, le sentiment viscéral que « plus, c’est mieux », passionnément et l’esprit de compétition, à la folie.

Le ticker, aussi surnommé scooper, cherche à goûter le plus grand nombre de bières possible. Le phénomène tire son origine de cette chère Grande-Bretagne où plusieurs brasseries tendent à produire des bières très similaires d’un brassin à l’autre, mais portant toujours un nouveau nom. Théoriquement, il s’agit là d’une nouvelle bière et la Grande-Bretagne voit ainsi défiler des milliers de nouvelle ales différentes sur les pompes de son territoire et ce, à chaque année. Vous comprendrez que lorsqu’on exerce le métier depuis plusieurs années, on compte des dizaines de milliers de ticks à notre actif. Oh oui, un tick est une bière que vous avez essayée… quoiqu’il serait peut-être plus approprié de dire que vous l’avez conquise. À cet effet, il semble d’ailleurs qu’un certain Brian Moore, vétéran ticker approche dangereusement des 50 000 ticks. Performance honorable, surtout en tenant compte du fait que parmi les règles que Brian s’impose lui-même afin de préserver ses précieux honneur et amour-propre, il y a celle de ne pas compter un tick pour toute bière dont il consomme moins d’une demi-pinte. En pintes impériales, bien entendu!


Il s’agit là d’un exemple extrême, mais plusieurs amateurs, moi le premier, sont des tickers modérés. Bien qu’ils visitent fréquemment certains classiques, ils perçoivent la nouveauté comme une qualité supplémentaire dont une bière peut bénéficier. Après tout, l’inconnu représente une opportunité d’élargissement de nos horizons, de découvrir de nouvelles saveurs. L’inconnu, c’est la possibilité d’apprendre. Et la volonté d’apprendre, c’est l’ouverture d’esprit qui distingue le buveur fidèle et fermé à sa Budweiser du consommateur curieux, avide lecteur des Coureurs des Boires.


L’éternel allié du ticker? Son calepin de notes afin de consigner ses conquêtes.

Le lieu de prédilection du ticker? Le festival de bières, où, avec un peu de chance, il peut trouver quelques dizaines de produits qu’il n’a encore jamais croisés.
Le meilleur collègue de travail du ticker? Celui qui pense systématiquement à ramener quelques bières d’outre-mer lors de ses déplacements d’affaires!

Le pire défaut chez les amis du ticker? Être dédaigneux. Alors ça non! Il faut lui offrir au moins une gorgée de cette opportunité qui se trouve dans votre verre afin que vous puissiez rapidement faire le tour de la carte des bières et passer au prochain établissement abritant quelques nouveautés.

Le péché du ticker? Puisque l’alcool enivre, embouteiller les bières qu’il n’a pas été en mesure de consommer et les revisiter plus tard, dans le confort de la maison.

Les brasseries québécoises favorites du ticker? Au Maître Brasseur lors des belles années (ex ante 2010), Brasseurs du Hameau, Multi-Brasses; ironiquement, les brasseries pour lesquelles Photoshop recèle encore le plus de secrets.

Plus d’infos : http://www.scoopergen.co.uk/Main_Page_again.htm

17 janv. 2011

La Californie, paradis brassicole - 1ère partie : San Diego

San Diego et son comté nord foisonnent de brasseries artisanales de qualité. Vous ne pouvez faire un voyage brassicole en Californie sans avoir arpenté cette région à l'extrême sud de l'État. Ce serait un terrible oubli. À part Portland (en Oregon), aucun autre endroit aux États-Unis ne peut se vanter d'avoir un si grand nombre de brasseries hors pair. C'est aussi simple que ça.

Question de savoir par où commencer votre périple, voici tout d'abord notre Top 5 des meilleurs endroits de la région où s'abreuver:

Stone World Bistro and Gardens, Escondido

Lorsque les premières bouteilles de Arrogant Bastard Ale ont atterri dans les magasins du sud-est des États-Unis, certaines critiques croyaient qu'un produit éphémère s'en venait polluer le marché de la bière de dégustation; un produit qui mise sur son nom plus que sur son véritable contenu. Une décennie plus tard, nous sommes confiants d'affirmer que les bières de Stone Brewing, et leur approche on ne peut plus directe (ex: "fizzy yellow beer is for wussies") ont grandement aidé la région de San Diego à se mettre au monde. Aujourd’hui, ces bières des plus goûteuses sont distribuées presque partout aux États-Unis, au grand plaisir des amateurs de houblons francs de l’arôme à l’amertume. Le meilleur endroit pour (re)faire connaissance avec ces bières toutes aussi arrogantes que savoureuses est au World Bistro and Gardens, adjacent à la brasserie. C'est un endroit qu'il faut voir pour y croire. Du tunnel feuillu à la gigantesque porte boisée de la brasserie, des murailles de la salle à manger sculptées dans le roc à la cour arrière aux allures de parc provincial, en passant par le menu cuisine aussi étoffé que la sélection des bières maison et invitées, tout ici impressionne.



Pizza Port, à Carlsbad
Chaque succursale de cette coquette chaîne de restaurants familiaux aux délicieuses pizzas possède un équipement de brassage. Qui plus est, les propriétaires sont assez ouverts d'esprits pour laisser les maîtres-brasseurs de chaque Pizza Port créer des bières de leurs propres crus, faisant de chaque succursale un brouepub unique. Jeff Bagby, brasseur du Pizza Port de Carlsbad, épate même s'il ne cherche jamais à être dans la mire des réflecteurs. Ses bières sont inspirées, impeccables et très parfumées. Comme si la dizaine de bières-maison ne suffisaient pas, le Pizza Port fait aussi figure d'excellent bar à bières puisqu'une vingtaine de bières invitées sont aussi disponibles en fût. Le choix en est absolument déchirant, surtout lorsqu'on aperçoit les noms de Russian River, Ballast Point, Lost Abbey, Alpine, The Bruery et autres californiennes de grande qualité jalonnant les bières du Pizza Port sur l'ardoise. Imaginez les menus de votre brouepub préféré et de votre bar à bières préféré fusionnés. La proximité de la gare de train de Carlsbad devient merveilleusement salutaire.

Pizza Port, à Solana Beach
La façade plutôt anodine de cet autre succursale de Pizza Port renferme, croyez-le ou non, un autre brouepub de haut niveau. Il y a quelques années, Tomme Arthur, vedette du monde brassicole américain, maintenant propriétaire et maître-brasseur de la brasserie Lost Abbey, y évoluait. C'est ici qu'il a peaufiné son art, développant plusieurs des recettes qui font encore sa renommée aujourd'hui (Cuvée de Tomme, Judgment Day, Old Viscosity, Wipeout IPA, etc.) Aujourd'hui un jeune brasseur a pris sa place, mais, même si la quantité et la virtuosité ne sont plus au rendez-vous, la qualité des bières est toujours impeccable. De plus, le menu des bières invitées réserve toujours quelques belles surprises, même aux voyageurs les plus aguerris. D'autres brouepubs de la région, tels le Oggi's de Vista et le Breakwater d'Oceanside, exploitent peut-être un concept très similaire (décor "surf", pizzas éclectiques et bières maison) mais, sans dire qu’ils ratent leurs objectifs, ils ne réussissent pas à charmer autant que les Pizza Port de Carlsbad et Solana Beach.

Toronado, à San Diego

Ici, on ne donne pas dans le fla fla. L'éclairage est sombre, même en plein jour et le décor est peu inspiré. Les propriétaires savent de toute façon que pour attirer la majorité des amateurs de bières de dégustation, il faut tout simplement un menu de fûts et de bouteilles à couper le souffle. La petite terrasse à l’arrière est fréquentée, mais quasiment inutile. Rien ne rappelle le Stone World Bistro and Gardens... Tous les yeux des clients qui passent les portes battantes sont rivés sur le choix ahurissant de bières américaines de haut calibre et des importations variées et alléchantes visibles au-dessus et derrière le bar.

Si le nom vous dit quelque chose, c'est que vous avez déjà entendu parler du Toronado de San Francisco, là où l'aventure a commencé pour ces gens dont la mission est d'offrir, et je cite: "no crap on tap". De toute évidence, on ne vient pas au Toronado (que ce soit celui de San Diego ou de San Francisco) pour l'ambiance. On visite pour le service très bien formé, la variété hors du commun et la rotation fréquente des sélections.

O’Brien’s, à San Diego
Un peu comme le Toronado, ce bar à bières ne cherche pas à plaire par son esthétisme léché. On se vante ici d'être, tout simplement, l'endroit le plus houblonné sur la planète bière. Assez approprié pour une région dont la fierté passe par ses India Pale Ales et Double India Pale Ales très aromatiques et amères. Plus souvent qu'autrement, le menu du O'Brien's comprend une douzaine d'IPA de toutes sortes; plus de la moitié du menu est donc consacrée à ces bombes parfumées endémiques à la côte ouest. Bien qu'il soit peu pratique de visiter le O'Brien's parce qu’il faut s’y rendre en voiture - le transport en commun en Californie n’est pas vraiment plus développé qu’ailleurs au pays, malheureusement - on y retourne constamment pour y découvrir des ales d'une fraîcheur remarquable.

Afin de continuer votre lecture de ce guide brassicole, veuillez cliquer sur ce lien. Il vous mènera à notre page répertoriant tous les guides brassicoles que nous avons écrits à ce jour.

12 janv. 2011

Brasserie Mikkeller - disponible en importation privée


Ce brasseur danois des plus prolifiques nous propose encore une fois une panoplie de bières captivantes, quoique surtout pour amateurs de sensations fortes. Voici une appréciation des bières auxquelles nous avons accès grâce à Importations Privées Bièropholie cette fois-ci.

Green Gold
Des houblons très vivants développent des résines et des saveurs de conifère, en plus de s’allonger dans des territoires herbacés, citronnés et parfumés. Voici une IPA à l’américaine facile à boire et très aromatique.  7% d’alcool.


1000 IBU – Whisky Barrel Aged
Voici une Double IPA abrasive aux houblons verts dominants, saturant le palais avant même que le malt caramel puisse prendre place. L’amertume poignante est un concentré feuillu, épicé et résineux. Rajoutez une touche de boisé et de whisky et vous vous retrouvez avec une bière forte pour ceux qui veulent tester les limites de leurs papilles. 9,6% d’alcool.

Mikkeller 10
La IPA phare de Mikkeller. Des houblons pleins d’agrumes et de résines enveloppent de doux malts caramélisés, créant un monde de saveurs approchant celui de l’abricot, tout juste avant l’arrivée d’une amertume très feuillue, verte. 6,9% d’alcool.

Texas Ranger – Bourbon Barrel Edition
Une des recettes créatives les plus accomplies de Mikkel, ce Porter aux piments Chipotle juxtapose chocolat et fumée, rôti et caramel à une chaleur de piment fort qui prend doucement de l’ampleur en finale aux côtés d’une amertume de houblon rappelant le conifère. Reste à voir si cette version vieillie en fûts mouillés de bourbon est aussi harmonieuse que la version régulière. 6,6% d’alcool.


The American Dream
Une lager blonde houblonnée comme une Pale Ale américaine. Sertie d’agrumes et de résines, son corps désaltérant et effervescent de bière de soif nous transporte vers une amertume ferme. Parfaite pour une journée de sueurs, peu importe la saison. 4,6% d’alcool.

Black Hole et Black Hole Red Wine Barrel Edition
Cet Imperial Stout au café, au miel et à la vanille est une démonstration musclée de complexité. Une vanille importante rassemble mélasse et torréfié dans un corps gras mais souple se concluant en une amertume résineuse de longue durée. Nous avons cette fois-ci la version originale ainsi qu’une version vieillie en barriques ayant servi à un vin rouge. 13,1% d’alcool.

Big Worse et Big Worst Bourbon Edition
Un houblonnage terreux magnétique attire les malts caramelisés fruités de ce Barley Wine adolescent et les amènent vers une chaleur d’alcool piquant. Une amertume de houblon résineux prend alors le contrôle. Ceci est une description de la Big Worse. La Big Worst est encore plus intense. Nous vous laissons imaginer la version vieillie en fûts ayant contenus du bourbon. Les amateurs de sensations fortes seront aux anges. Ou est-ce aux démons? 12% d’alcool et 19,2% d’alcool respectivement.

Black, Black Whisky Edition, Black Islay Edition et Black Cognac Edition
Cette Méga Stout Impériale demeure tout de même une bière de degustation élégante malgré sa puissance, alignant amplement de chocolat noir et de caramel avant d’être visitée par une amertume rôtie langoureuse. La chaleur d’alcool est évidemment très présente aussi. Nous avons quatre versions de cette bière ultra-forte; la régulière, une vieillie en barriques de whisky, une en barriques de Islay (très tourbée, fumée) et une en fûts de Cognac. Toutes titrent  17,5% d’alcool.


Beer Geek Breakfast et Beer Geek Breakfast Bourbon Edition
Des grains de café rôtis et des malts chocolatés sont habilement agencés à des houblons citronnés, le tout dans un corps soyeux, riche. Une amertume de houblon résineux et boisé fait surface, ajoutant à la complexité de cette création savoureuse. Nous avons affaire ici à plus qu’un Stout au café classique. C’est un Stout à l’avoine d’une complexité  et d’un confort inouïs, disponible en version “régulière” et vieillie en fûts de bourbon. 7,5% d’alcool et 10,7% d’alcool respectivement.

Beer Geek Brunch Weasel – Bourbon Edition
Raisins noirs et vanille (le bourbon) explosent des fondations très rôties de cette Stout Impériale à l’avoine. Les grains de café, bien que d’une variété rare, sont assez faciles à percevoir dans le profil de saveurs, évoluant dans un corps riche et presque visqueux. 12,7% d’alcool.

It’s Alive!, It’s Alive White Wine Edition et U.S.Alive!
Des malts biscuités et toastés fournissent un support souple sur lequel les levures sauvages peuvent s’exprimer, créant une ale sèche et très satisfaisante. Nous l’avons en trois versions, l’originale, une vieillie en fûts de vin blanc et une houblonnée à l’aide de cultivars américains, soit le Tomahawk, le Cascade et l’Amarillo. 8% d’alcool.


Funk E Star
Oranges et pommes caramélisées sont sertis de levure sauvage poussiéreuse pour une ale Belge douillette scellée d’amertume herbacée. 9,39% d’alcool.

Devine Rebel 2010
Un alcool brûlant projette des fruits confits tout juste avant qu’un caractère tourbé abrasif s’empare des papilles et de l’œsophage. Très sucré, mais à l’effervescence bien présente, voici un Barley Wine parfait pour ceux qui désirent se désinfecter les parois buccales. 13,8% d’alcool. On dirait pourtant au moins 18%!

Nous n’avons pas goûté, mais sommes bien curieux des nouvelles bières suivantes :

Burger & Bun L.A. Lager
Lager blonde 100% malt qui est brassée pour un restaurant à Copenhague se spécialisant en hambourgeois à l’américaine. Connaissant les goûts bien houblonnés de Mikkel, le maitre-brasseur, nous avons ici assurément une lager plus goûteuse que la moyenne américaine de cette famille de bières. 5% d’alcool.


Czechet Pilsener
Un superbe style rafraichissant brassé par un des manieurs de fourquet les plus inventifs du globe. Reste à voir s’il a visé l’authenticité tchèque ou s’il a préféré une approche plus personnelle. 4,6% d’alcool.

Koppi IPA
Une IPA à l’américaine, mais avec une touche de café. Habituellement, nous serions très sceptiques de cet accord peu harmonieux, mais Mikkel nous a surpris maintes et maintes fois dans le passé, alors… 6,9% d’alcool.

Black Tie
Une Imperial Stout vieillie en fûts de whisky, brassée avec quelques malts fumés et une touche de miel.  11,5% d’alcool.

Cream Ale, collaboration avec Revelation Cat, d’Italie
Une bière inspirée des bières américaines pré-Prohibition. 5% d’alcool.

Beer Geek Bacon
Version fumée de la somptueuse Beer Geek Breakfast. 7,5% d’alcool.


George! et George! Bourbon Edition
Une autre immense Stout Impériale de Mikkeller. 11,11% d’alcool et 12,2% d’alcool respectivement.

Spontanale
Un lambic de fermentation spontanée, brassé en Belgique. 5% d’alcool.

Stella 0
Une ale forte houblonnée à l’américaine, en format festif de 1,5 litres. 10% d’alcool.


En espérant vous avoir aidé dans votre choix!

10 janv. 2011

Winter Warmer 2011 : un concept promis à un bel avenir

photos de Johann Schlager




Avez-vous assisté au Winter Warmer la fin de semaine dernière? L’événement en était à sa première édition, mais il n’en paraissait rien. Les commentaires élogieux fusaient de toutes parts samedi dernier. La nourriture aux passages fréquents: spécialement généreuse et délicieuse. Tartare judicieusement relevé, arancini dodus et tendres, ailes de canard habilement fumées et autres côtes levées doucereuses ont soulevé les Oh! et les Ah! d’une foule de papilles amoureuses. Le samedi, du moins, après avoir traîné quelques heures au Théâtre Plaza, l’exigence stomacale traditionnelle de souper s’était volatilisée miraculeusement. La musique de Dan Livingstone et ses acolytes: exquise compagne décontractée, bien dosée et fort appropriée. Les bières : corpulentes à souhait. Le verre de dégustation : format de dégustation optimal pour allier la capture des arômes et la possibilité de multiplier les conquêtes sans perdre le fil de ses gorgées.





Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance. Certains sceptiques, dont un des auteurs de ce blogue (son identité demeurera secrète), exprimaient en cachette des réserves sur la sélection des 7 et 8 janvier pour la tenue du festival. Après tout, c’est la fin de semaine qui suit les abus du Nouvel An; les mondes de la restauration et de l’événement tournent alors au ralenti. Nonobstant cet obstacle ainsi que les difficultés inhérentes à l’attraction d’un public important lors d’une première édition, les organisateurs peuvent sortir de cette première expérience la tête haute.





Pour les prochaines éditions, il est permis de rêver. Le Québec se débrouille bien en la matière, mais ses brasseurs ne sont pas les seuls à produire des saisonnières bien racées pour les longs mois d’hiver. Imaginez un peu un Winter Warmer avec une poignée de bières d’outre-mer sélectionnées au mérite… Imaginez que les frais d’entrée demeurent aussi abordables… Imaginez que nos brasseurs québécois, disposant d’un peu plus de temps pour s’y préparer, laissent aller leurs fourquets à la création de brassins exclusifs au Winter Warmer… Décidément, cet événement sera à surveiller et à rêver au cours des prochaines années.



5 janv. 2011

Winter Warmer Montréal 2011


Depuis quelques années, les festivals impliquant les microbrasseries québécoises se multiplient durant la saison estivale. Aussitôt le mois d’octobre arrivé, ces événements festifs prennent congé jusqu’au prochain mois de juin; la saison est alors lancée par le pionnier qu’est le Mondial de la Bière.

Devant cette vacuité, des acteurs bien connus du milieu, une association du Broue Pub Brouhaha, du bistro Vices & Versa et du détaillant Les Délires du terroir, ont voulu offrir aux amateurs un festival complémentaire à l’offre estivale. Copropriétaire et maître-brasseur du Broue Pub Brouhaha, Marc Bélanger admet volontiers que l’idée a germé à la suite du succès retentissant de l’anti-festival « La soirée des Brasseurs » organisé par l’équipe du Trou du Diable : une fête de la bière organisée par les brasseurs, pour les brasseurs où l’objectif est davantage la camaraderie autour de la bonne bière que la profitabilité. Marc Bélanger a alors usé de ses talents de stratège pour développer le concept du premier Winter Warmer Montréal 2011. Ce nouvel événement à marquer à vos calendriers combinera les aspects conviviaux de la soirée des Brasseurs au caractère particulier des bières saisonnières hivernales.

Les festivals de bières d’hiver existent déjà dans plusieurs autres contrées du monde, notamment en Belgique avec le Kerstbierfestival, au Royaume-Uni avec le National Winter Ales Fest et dans plusieurs États américains dont le Michigan avec son Winter Beer Festival , l’Alaska avec son Great Alaska Beer & Barley Wine fest, le Massachusetts avec son Extreme Beer Fest et la Caroline-du-Nord avec son Asheville Winter Warmer. Tous ces événements partagent avec le Winter Warmer Montréal le désir de mettre en valeur la polyvalence et la grande variété des offrandes des brasseries artisanales.

S’il est moins attrayant, sous un soleil de juillet, de boire une ale sirupeuse titrant 12% d’alcool qu’une bière de blé sure et légère, nos âmes frigorifiées de janvier seront ravitaillées par la confiante corpulence des bières d’hiver brassées au Québec. Ainsi, le Winter Warmer Montréal mettra en scène une vingtaine de brasseries québécoises qui nous feront goûter certaines de leurs perles hivernales les plus exclusives. Pour plusieurs, ce sera une très rare occasion de se délecter de cervoises qu’on voit très rarement à Montréal, telles celles des Brasseurs du Temps, deux nouveautés de l’excellent Trou du Diable, plusieurs crus ayant exceptionnellement maturé dans des barils de chênes ainsi que quelques bières servis en cask. Plusieurs produits seront même offerts réchauffés, à la manière des glühwein des Alpes et de la classique Unibroue Quelque Chose.

Au chapitre des modalités, le Winter Warmer Montréal aura lieu les 7 et 8 janvier 2011, au Théâtre Plaza, à Montréal. Les billets peuvent être achetés en prévente à 25$ ou à la porte à 30$. Ils incluent un verre de dégustation des plus appropriés de même que l’accès à volonté aux succulentes bouchées d’Hubert Provencher. Pour acheter vos billets ou obtenir plus d’information, visitez le site de l’événement :

http://winterwarmermontreal.com/wwm2011/index.cfm

Au plaisir de vous y croiser!

3 janv. 2011

Guide de voyage brassicole: la Californie - Introduction



Une Imperial Black IPA, brassée et servie au Pizza Port de Carlsbad, près de San Diego

Grouillant ici et là parmi arbres géants, paysages désertiques, montagnes enneigées et côtes luxuriantes, une des scènes brassicoles les plus vivantes et audacieuses du nouveau monde évolue sans vergogne depuis quelques années : celle de la Californie.

Innovateurs et souvent généreux de leurs connaissances, les brasseurs de la Californie ont grandement contribué à l’avancement du monde de la bière de dégustation en Amérique du Nord lors des dernières décennies. Que ce soit Anchor Brewing et Sierra Nevada il y a une trentaine d’années, ou The Lost Abbey et Russian River Brewing aujourd’hui, pour ne nommer que celles-là, c’est souvent dans cette région des États-Unis que les nouvelles tendances émergent.

Temptation, de Russian River Brewing; une ale blonde de style belge, vieillie en barriques ayant préalablement contenu du Chardonnay et volontairement ensemencée de levures sauvages et de bactéries acidifiantes

Vous avez déjà entendu parler d’une West Coast IPA? Vous aurez compris que c’est ici que la majorité de ces bières très houblonnées sont concoctées. En fait, plus souvent qu’autrement, la fraîcheur des feuilles de houblon utilisées et la quantité effarante mise à profit à chaque brassin ont forgé une bonne partie de la personnalité des bières de la Californie.

On y conçoit aussi, aux côtés de la sempiternelle IPA, des India Red Ales, des Double India Pale Ales hyper parfumées, des Pale Ales bien plus avenantes que la moyenne américaine, et des Black IPA, que tout le monde boit à coup de pintes, peu importe le pourcentage d’alcool. Les amateurs de bières de la côte ouest vouent un culte à ces houblons explosifs aux notes franches d’agrumes, de résines et de conifères, phénomène se traduisant par le nombre impressionnant de déclinaisons du style, ainsi que le volume de vente élevé des IPA dans les brasseries artisanales.

Une infime partie des jardins extérieurs du Stone World Bistro and Gardens

Nous entreprendrons donc dans les prochaines semaines un projet aux allures ambitieuses : couvrir la scène brassicole californienne de ses étalements urbains à ses coins les plus reculés. Ce guide est le fruit de quelques voyages et de plusieurs dégustations au cours de cinq dernières années.

Nous commencerons notre exploration de ce richissime État par les environs de San Diego, à l’extrémité sud de l’état. C’est que San Diego et son comté nord foisonnent de microbrasseries exceptionnelles; cette région fertile en brasseurs de renom représente peut-être même l’agglomération brassicole la plus captivante aux États-Unis, en termes de qualité et de densité. Le débat sera donc lancé, avant que nous atteignions l’Oregon et l’État de Washington plus tard ce printemps...


Bonne dégustation!

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