29 août 2012

Les bières importées de la fête Bières et Saveurs 2012

Encore une fois, Bières et Saveurs nous offrira, la fin de semaine prochaine, l’un des meilleurs éventails de grands crus québécois de l’année. Jetez un coup d’oeil à notre section Fiches grands crus pour nos plus récentes suggestions.

En parallèle, Bières et Saveurs récidive avec son kiosque de bières importées, piloté par des bénévoles d’Importations Privées Bièropholie qui sont toujours à même de prodiguer des conseils de qualité. Vous vous demandez ce qu’ils offriront cette année ? Eh bien voici !

Cantillon St-Lamvinus Sans conteste, voici LA bière que vous devez faire essayer à vos accompagnateurs qui n’en ont que pour le vin. Ils y retrouveront les flaveurs de raisins et tannins afférents qu’ils adorent, cette Cantillon ayant vieillie en unissons avec des cépages de Bordeaux à l’intérieur d’un fût de chêne provenant d’un vigneron de Bordeaux. L’acidité tant malique que lactique rejoindra tant l’amateur de Gueuze que celui de vin rouge. Non seulement elle est excellente en soi, cette bière constituera aussi une merveilleuse option pour régénérer les papilles fatiguées du festivalier moyen.


Brooklyn Local One Une nouveauté au kiosque des importations cette année, cette Triple du Nouveau Monde s’avère très bien réussie, plus en houblon que la norme, mais plus qu’honnête dans ses craquants malts pâles et son caractère fermentaire intelligemment fruité. Heureusement que le festival ne nous offre que des échantillons parce qu’il serait facile de se laisser emporter et d’en consommer beaucoup sans tenir compte de son contenu d’alcool élevé.


Amager Galanthus Nivalis Seules 1600 bouteilles de ce Barley Wine danois exclusif, ayant été vieilli dans des fûts ayant préalablement contenu du porto, ont été produites. Imaginez la chance de pouvoir y goûter à Chambly. Sans surprise, c’est dans le registre des fruits foncés, du chêne, du caramel et de l’alcool que cette rareté fait ses marques. Les amateurs de porto et de bières digestives auront avantage à ne pas manquer. Notez qu’il s’agit ici de restants de l’an dernier. Heureusement, cette bière possède tous les attributs (alcool et sucres résiduels abondants, effervescence peu importante, fraîcheur minimale, robe plutôt foncée, etc.) pour résister au test des années. Faites vite, il ne reste, nous dit-on, moins de 10 bouteilles !

Traquair Jacobite Un grand classique que cette Écossaise à l’arôme d’une complexité monumentale. Véritable dessert liquide (pouding, gâteau au chocolat, fruits confits…) parfumé d’une touche de coriandre qui y trouve son compte. Sensuelle et fruitée, un deuxième échantillon s’avérera sans doute nécessaire pour y percer ne serait-ce que la moitié de ses mystères. Il existe bien peu de comparables, mais si le mariage inusité entre une Dieu du Ciel Solstice d’Hiver, une Dominus Vobiscum Hibernus de Charlevoix et une coupe de chocolat grand cru de Juliette et Chocolat représente pour vous un fantasme, visez ici l’orgasme.

Brooklyn Monster Ale Le grand digestif de la maison Brooklyn regorge de profondes flaveurs sucrées : source inépuisable de caramel aux intonations bien biscuitées, il s’appuie sur une charpente bien huileuse, mais sans être excessivement épaisse ni collante. Un panier de fruits s’échappe de ses soubassements tout en malt et même si les houblons sont bien présents, ils demeurent humblement à l’arrière-plan. Peut-être pas la bière idéale pour commencer la journée, mais si le début de soirée s’avère le moindrement frisquet, voilà une complice qui saura vous réchauffer l’âme.

Uerige Doppel Sticke
Vous connaissez probablement la Doppelbock, cette bock plus grande que nature ? Sachez que la même remouture existe aussi chez l’Altbier, la réponse de l’Allemagne à la Pale Ale anglaise, dont la Sticke est déjà une version légèrement plus forte. En somme, d’une Doppel Sticke, il faut s’attendre plus ou moins au barley wine de l’Allemagne – la grâce des céréales et houblons d’Allemagne, mais avec une levure sachant se faire discrète et laissant les ingrédients de base prendre un maximum de place plutôt que de les substituer par un caractère fermentaire exagérément fruité ou épicé. Et comme il est ici question de la brasserie Uerige, le houblon est utilisé généreusement, pour notre plus grand plaisir considérant son héritage noble.

Andechs Doppelbock Dunkel Une des plus merveilleuses odes au malt munich au monde, cette délicieuse Doppelbock presque introuvable en Amérique du Nord déploie un caractère de pain grillé incomparable. Des houblons feuillus subtils assèchent timidement ce toast à peine caramélisé, mais abondamment pourvu de nuances de noisettes et de céréales. Les amateurs de malt doivent impérativement se laisser tenter par cette superbe opportunité.

Rogue Double Dead Guy Vous connaissez peut-être la Dead Guy de Rogue que nous avons eu la chance de croiser sur les tablettes de la SAQ ? Voici une version survoltée de cet hybride entre une Maibock et une India Pale Ale américaine – plus intense à tout point de vue. C’est donc dire qu’elle est plus miellée, plus biscuitée, plus florale et plus amère.

Rogue Mom Hefeweizen La toujours très créative brasserie Rogue récidive dans le domaine de l’hybride avec cette blanche aux levures de Weizen, mais épicée telle une Witbier. Les amateurs de bière de blé bien ronde et céréalière feraient probablement mieux de chercher ailleurs, nous avons ici affaire à une bière croustillante, plutôt mince et d’une facilité déconcertante à boire, des traits de personnalité amplifiés par un houblon Saaz épicé à souhait et de rafraîchissantes notes de gingembre.

Traquair House Ale Un festival de malts tout écossais vous attend chez cette spécialité de la maison vaquant entre le plum pudding et le massepain sans nous écoeurer de ses sucres, peut-être à cause de ses soupçons d’acidité et de tourbe. Fruitée et chocolatée à souhait, son alcool demeure mitigé. Les amoureux de Scotch Ale, Barley Wine anglais et autres Old Ale y découvriront une nouvelle flamme.

Het Anker Gouden Carolus Grand Cru de l’Empereur Bien que peu subtile, cette ale belge cochonne comme on les aime nous étouffe de sa décadente complexité. C’est simple, pensez à un fruit ou une nuance maltée, concentrez-vous et vous avez toutes les chances de l’y retrouver dans cette bière digestive. Une proie de choix pour les fervents de Trois-Pistoles et Rigor Mortis ABT.

De Dolle Stille Nacht Cette bière de Noël belge des De Dolle Brouwers, les brasseurs fous, ne recherche pas non plus la subtilité. Sa ribambelle de fruits, son alcool assumé et sa complexité indéniable nous font immanquablement penser à un Barley Wine anglais sertie d’une puissante levure caractérielle. Il faut disposer d’une bonne tolérance au sucre toutefois, surtout si vous enchaînez avec la Gouden Carolus ci-dessus.

Malheur Bière Brut Réserve Imaginez une Saison extra forte dont la levure sait se comporter en public. Une effervescence champagnesque soutient les malts aux notes de foin et un fruité tant posé que complexe. Florale et abondamment amère, elle évolue rapidement vers une sécheresse presque rafraîchissante. Les chanceux ayant goûté à la Brut de Charlevoix resteront béats devant cette spectaculaire offrande de De Landtsheer. Les amateurs d’Avec les Bons Vœux de Dupont seront aussi en mesure de collecter leur moment de bonheur.

Port Brewing Old Viscosity Cette inclassable flirte avec le Barley Wine et l’Imperial Stout, si bien que ses malts sont d’une redoutable complexité, jouant dans le royaume du rôti/chocolat ainsi que dans les douceurs caramélisées. La vaste gamme de nuances fruitées apporte une profondeur captivante alors que les houblons américains abondants laissent toutefois la vedette aux céréales.

Lost Abbey Devotion Nous vous pardonnerions facilement de méprendre cette ale américaine comme sortie tout droit de Belgique. Rafraîchissante blonde délicatement levurée et élégamment houblonnée, l’épice de la bière lui procurant de charmants tannins en accompagnement à ces notes florales et terreuses. Tout zélateur des blondes de Charlevoix saura s’y plaire.

Cantillon Kriek Une autre qui ne fait pas de quartier, la Kriek de Cantillon se distingue par son acidité décapante, sciant pratiquement la langue en deux. Franche et directe, elle se montre tannique, d’une sécheresse remarquable et généreuses de ses notes de griottes, de bois et d’acide lactique. Pour les sourheads.

Rochefort 10 Encore un grand classique! La bière la plus forte de la gamme Rochefort trône tout en haut de la liste des favorites de plusieurs amateurs. Cette brune belge presque noire se montre étonnamment rôtie, rappelant le cacao en plus de toutes sortes de nuances vanillées, boisées, fruitées. Le haut degré d’alcool s’intègre agréablement à l’ensemble et la texture est incomparablement ronde, soyeuse, sensuelle dont l’effervescence vigoureuse allége les sucres tout en donnant l’impression trompeuse de caresser la langue. Laissez tomber les comparables et commandez-vous un verre !

20 août 2012

Mieux déguster les boires


On nous demande souvent si nous avons des trucs afin de parfaire nos talents de dégustateur. Nous pourrions tergiverser longtemps à ce sujet, en faisant appel notamment à des qualités comme la curiosité intellectuelle, l’humilité et l’ouverture d’esprit. Ces considérations philosophiques paraîtront toutefois insuffisantes à nos lecteurs qui apprécient davantage une bonne dose de pragmatisme et qui ne demandent qu’à mettre les mains à la pâte… ou dans ce cas-ci, le nez dans le verre. Depuis quelque temps déjà, Siebel Institute of Technology offre au grand public un ensemble de fioles permettant de reproduire certains des arômes les plus caractéristiques du monde brassicole. Précisons que Siebel est une organisation qui, entre autres activités, a formé nombre de brasseurs du Québec et d’ailleurs. Pensons à Alexandre Groulx (Trèfle Noir) ou à Dominic Charbonneau (Brasseurs du Monde). Cette vénérable institution permet donc maintenant aux amateurs de s’entraîner à identifier moult arômes agréables ou non et ainsi de se transformer en véritables professionnels le temps d’une session de dégustation.


Vingt-quatre fioles offrant des molécules aromatiques responsables d’arômes comme l’acétaldéhyde (pomme verte), le diacétyle (beurre, caramel écossais) ou encore l’acide acétique (vinaigre) sont disponibles. Simplement, on mélange le contenu d’une fiole à l’intérieur de trois bières de format standard et relativement neutres. Profitez-en, nous ne vous recommanderons pas souvent de vous acheter de la bière légère à la caisse de 24! Heureusement peut-être, l’intérêt de l’exercice se trouve davantage au niveau olfactif que dans la bouche. Lorsque ces flaveurs se retrouvent dans une bière, on devrait effectivement les percevoir avant même que le liquide ne franchisse nos lèvres. Se pratiquer à déguster est ainsi surtout se pratiquer à sentir. Malheureusement, les fioles ne sont pas gratuites à 190$ pour le kit de 24, mais puisque chaque fiole est plutôt concentrée, le coût peut facilement être amorti parmi une dizaine d’amis pourvus d’une bonne dose d’ouverture d’esprit.


Pour plus d’information sur le Sensory Training Kit de Siebel, suivez le lien : http://www.siebelinstitute.com/products-a-books/sensory-training-kits?page=shop.product_details&flypage=flypage.tpl&product_id=18&category_id=6

Alternativement, ceux qui préfèrent expérimenter sans dépenser une somme significative peuvent quand même obtenir des arômes de base en utilisant un peu d’imagination. Ainsi, on pourrait insuffler à une bière relativement neutre un grand trait d’oxydation en la laissant croupir dans le coffre d’une voiture exposée au soleil plusieurs jours en plein été. On pourrait encore ouvrir une bouteille et y insérer quelques morceaux de pomme Granny Smith durant quelques heures, refermer le goulot et patienter quelques heures avant de découvrir l’acétaldéhyde. Laisser une bouteille verte ou claire sous les rayons du soleil ne serait-ce que quelques heures suffira amplement à nous faire découvrir l’odeur de mouffette. Qui sait, votre beau-frère découvrira peut-être sa Heineken sous un autre jour?

13 août 2012

Les pâturages brassicoles de la Lituanie - Biržai et les environs



Le restaurant de la brasserie Rinkuškiai, 
bien plus en moyens que les autres brasseurs de la région de Biržai 


Avertissement de difficulté: cette portion du guide de voyage n'est pas pour le voyageur exigeant la spontanéité à tout coup. Sans préparation, vous risquez fort bien de vous buter à des portes closes et à des regards peu invitants. Ce que nous avons vécu à Pasvalys d'ailleurs même si nous avions deux guides et profitions d'une période de recherche de plusieurs mois. Cependant, avec un peu de chance et de préparation, vous pourrez peut-être visiter des manoirs centenaires autrefois utilisés par les Soviets pour festoyer, ou même vous faire inviter dans un sauna forestier! Qui a dit les Lituaniens n'étaient pas accueillants...

La ville de Biržai est connue par plusieurs comme étant la capitale brassicole de la Lituanie. Le nombre de brasseries n'y est pas plus grand que celui des autres villes et villages du nord-est, mais il faut avouer que la portée commerciale de certaines de celles-ci impressionne. Un représentant d'une de ces brasseries nous a même confié qu'ils commençaient à exporter leur bière au Soudan du Sud; disons que Madame Udriene de Jovaru Alus à Pakruojis n'a certainement jamais envisagé d'infiltrer le marché est-africain.

En plus des brasseries possédant un permis afin de vendre leurs produits, il y existe toujours une communauté de brasseurs-maison à Biržai. Un des premiers commerces que nous avons croisé en arrivant au village s'appelait 'Apyniai, Salyklas' (Houblon, Malt). Une raison sociale toute simple qui sait faire scintiller les yeux de tout brasseur passionné. Grâce à notre interprète, nous avons pu recevoir une invitation personnelle d'un des brasseurs faisant ses emplettes ce matin-là. Un homme fier de nous présenter les bières qu'il brasse depuis des décennies pour sa consommation personnelle et familiale. C'est donc dans sa cuisine que nous avons pu découvrir sa bière principale et sa Trečiokas, une bière conçue avec le troisième(!) jus de son empâtage. Cette dernière, titrant près de 1% d'alcool, étalait des saveurs terreuses et herbacées tout autant que la bière-mère. Gazéifiée naturellement, équilibrée et très agréable à boire; du même calibre que les meilleures bières fermières de la région.

Notre généreux hôte à la capacité de production quelques millions de fois 
plus petite que la brasserie ci-dessous... 

Rinkuškiai

La géante Rinkuškiai se trouve en bordure de la ville et gère un des seuls restaurants à thématique brassicole dans la région. Bien que ce restaurant mette en valeur les traditions brassicoles du nord de la Lituanie (avec vieil équipement à l'appui sur la mezzanine), les bières de la brasserie répondent plutôt aux attentes des consommateurs de bières au caractère 'international'; peu de saveurs locales, donc. Il n'en demeure pas moins que les lagers de cette macrobrasserie étanchent la soif, surtout lorsqu'on ingurgite la généreuse cuisine de l'établissement, friande d'ail. 

Širvėnos Dundulio
Bannière du Gira de la brasserie sur la façade du Snekutis Uzupio, à Vilnius

Cette jeune brasserie artisanale distribue ses bières et son Gira (version lituanienne du Kvass russe)  jusque dans les villes du sud (Vilnius, entres autres) et utilise le bois pour chauffer ses cuves. Sa Dundulio Dounkelis Tamsusis (la bière brune de la maison) démontre les mêmes prouesses toastées communes aux Tamsus du pays, sur un lit fruité rappelant de petites baies. Sa Dundulio Grynas quant à elle offre quelques résines de houblon équilibrant des malts subtilement toastés et miellés. Une autre belle bière de campagne. Nous n'avons pas pu visiter la brasserie dû à un horaire conflictuel avec celui des propriétaires mais, lorsque nous les avons croisés plus tard dans notre périple à Panevėžys, ils nous ont tout de même invités dans un sauna en forêt... 

Butautu Dvaro Bravoras

Camouflé sur une route rurale au nord de Biržai, à quelques pas de la frontière lettone, l'ancien manoir de Butautu abrite aujourd'hui une microbrasserie de grande qualité. "Confisqué" par les Soviets lors de l'occupation, le manoir était un lieu de prédilection pour des fêtes mondaines et comprenait également une brasserie au service des occupants. Aujourd'hui propriété de l'excellent groupe microbrassicole Aukštaitijos Bravorai, le manoir de Butautu concocte deux bières à l'aide de malts lituaniens et fermentées à aire ouverte. Les deux (Šviesus et Tamsus) sont d'élégantes et savoureuses interprétations du savoir-faire lituanien; plus subtiles en saveurs toastées que la moyenne campagnarde, mais toutes aussi empreintes du caractère rustique local. À noter que la brasserie n'a pas de salon de dégustation sur place, mais leurs bières sont relativement faciles à trouver lorsqu'on connait les bonnes adresses de Vilnius.

Biržų Alus 

Un vieil équipement rouillé, rapiécé à l'extérieur à l'aide de rubans adhésifs, souillé d'odeurs prenantes de poubelles humides: cela résume la salle de brassage de cette microbrasserie d'envergure qui semble toujours prise dans l'ère soviétique. Malgré tout, Biržų Alus conçoit des bières impeccables au niveau technique, même si elles sont très timides au niveau gustatif. Leurs bières de base sous les 5% d'alcool sont 100% malt, puis le reste de la gamme est créée en rajoutant de plus en plus de sucre afin de faire augmenter le taux d'alcool tel que désiré. Un chouette salon de dégustation est disponible sur réservation dans les voûtes de la brasserie (exempt d'arômes nauséabonds, heureusement) et une petite boutique à l'entrée du complexe nous permet d'acheter les bières spéciales du moment. 


Notre prochain article sur la Lituanie brassicole nous transportera vers l'est, près de la frontière biélorusse, là où deux brasseurs étonnants évoluent. Un de ceux-ci d'ailleurs était jusqu'à tout récemment le dernier brasseur sur la planète à faire une Keptinis; un style de bière n'existant autrement que dans quelques livres lituaniens!

6 août 2012

La Rye ESB, de la Brasserie Dunham, à Dunham


  Avec l'ajout tout récemment d'Éloi Déit, longtemps maître-brasseur du Cheval Blanc à Montréal, la brasserie Dunham se dote d'une corde majeure à son arc déjà bien garni. Avec les rutilantes Black IPA, Imperial Black IPA et Imperial Brown Ale qu'Éloi et Pat Roy, autre brasseur de la maison, ont conçues ensemble dans les derniers mois, nous devons admettre que le duo sera à surveiller. Et pour cause: leurs styles anglais remodelés à la façon 'nouveau monde' n'ont que rarement été si bien exécutés au Québec. Voici donc sans plus tarder la fiche Grand Cru pour cette Extra Special Bitter de seigle des plus méritoires!


Style : Une Extra Special Bitter, comme l'étiquette l'indique, mais conçue à l'aide de malts canadiens et allemands, des malteries Gambrinus et Weyermann respectivement. Les malts de seigle proviennent d'ailleurs de cette légendaire malterie de Bamberg. Le houblon également est entièrement allemand: une variété locale de Nugget. Surprenant pour une ESB, n'est-ce pas?

Disponibilité : Embouteillée pour la première fois le printemps dernier, elle vient tout juste de refaire son apparition sur les tablettes de nos marchands spécialisés. On peut également la déguster en fût à l'occasion au Vices et Versa, de Montréal.

Le coup d’œil : La mousse crémeuse laisse quelques traces de dentelle au haut de la profonde robe ambrée à peine voilée au fur et à mesure que l'on s'approche du fond du verre.

Le parfum : Une superbe effusion de malts toastés et caramélisés aux accents de noisette évoluent en parfaite harmonie avec les houblons feuillus, boisés et terreux. La richesse des saveurs à venir est presque palpable, comme la clarté avec laquelle elles s'exprimeront d'ailleurs.

En bouche : La rondeur maltée est lascive, se détaillant en caramel et miel légers, toujours rehaussée par la personnalité épicée du seigle. Le houblon prend autant de place que ces malts, mais il préfère se fondre dans un tout savoureux plutôt que de tenter de voler la vedette aux céréales. De plus, la gazéification est parfaitement calculée pour le taux modéré de sucres résiduels, rendant cette ESB facile à boire malgré ses 6% d'alcool. Très impressionnant.

La finale : Une langoureuse amertume de houblon épicé et boisé se voit accompagnée de quelques notes maltées; décidément, l'équilibre de cette bière charnue captive de l'arôme jusqu'à l'arrière-goût!

Accords : Des brochettes de poulet badigeonnées de sauce BBQ à un brie en croûte (au four avec un soupçon de sirop d'érable et garni de noisettes, afin d'aller chercher davantage d'harmonies), cette Extra Special Bitter s'amourachera de plusieurs plats riches en douceurs.

Pourquoi est-ce un grand cru? : Le seigle est élégamment intégré au reste du profil de saveurs, sans jamais ajouter de lourdeur exagérée (ce qui est souvent le cas pour cette céréale). De plus, très peu de bières de ce gabarit offrent des saveurs maltées aussi claires et généreuses sans sombrer dans des sucres résiduels lassants.

Si vous avez aimé, essayez aussi : L'Amère Veilleuse, de Bedondaine et Bedons Ronds (à Chambly), la Voyageur des Brumes, de Dieu du Ciel! (à Montréal) et la Villiers Extra Special Bitter, du American Flatbread (à Burlington, Vermont).