31 août 2010

Thé à la menthe à la marocaine


Le vendeur de menthe fraîche aurait rajouté du caractère à la photo, mais sa foi l’a forcé à s’excuser.

Puisque nous abordons sûrement les dernières chaleurs de l’été, il ne nous reste que quelques occasions pour se rafraîchir avec un thé à la menthe. Chaud ou froid, cette infusion, que les habitants du désert appellent le whisky berbère, saura sans doute vous relaxer, vous octroyant peut-être même quelques-unes de ses vertus thérapeutiques contrant les problèmes de digestion, l'anxiété, etc.

Au cas où vous ne le saviez pas, ce thé à la menthe accompagne aussi très bien les joues et les cervelles de mouton...

Si vous n’avez pas le goût de dénicher un salon de thé pour en déguster, voici une petite recette que j’ai apprise d’une citoyenne de Marrakech le printemps dernier. Les quantités sont approximatives, mais le résultat était plus que convaincant :

Pour 4 tasses :
Prenez 5 poignées de thé vert Gunpowder (en billes) et versez-y la moitié d’une théière d’eau bouillante. Infusez quelques instants. Versez un verre et réservez-le. Versez trois autres verres, mais jetez leur contenu (ce qui fit sourire notre professeure marrakchie). Ensuite, remplissez de nouveau la théière d’eau bouillante. Mettez-y le verre que vous aviez réservé. Ajoutez une énorme quantité de feuilles de menthe, puis une énorme quantité de sucre; au moins un poing (nous montra-t-elle en brandissant fièrement le sien). Infusez. Versez les trois premiers verres et remettez-les dans la théière. Attendez quelques instants et... servez-vous!

 Allez-y, le thé vous attend à la table du fond…

29 août 2010

Décrire la bière | Orval (partie 2)


Nostalgique : Superbe apparat ambré surmonté d’une montagneuse coiffe blanche comme la lune ! Elle me rappelle ces voyages en France où je gambadais dans les champs de lilas. Ah ! l’air pur des quelques endroits résistant à l’urbanisation. Émouvantes saveurs parfumées, sèches. Ode au houblon et au savoir-faire trappiste ! Elle est si charmante ! Chaque Orval que j’ai bue possédait son identité distinctive !

Poétique : D’augustes présages houblonnés. Des bactéries bien incorporées. Tel un gant tout lui sied. Des miasmes dignes des prairies les plus replètes se trémoussent dans l’opulence des houblons procréant cent savanes de sécheresse sans chanceler. L’idéalisme des levures extraordinaires, qui tombent sur les hécatombes des sucres résiduels, poursuivant leur besogne, poursuivant leur anti-conformisme exacerbé. L’Orval, or liquide s’il en fût, plaisir oral s’il en est, compagne proverbiale s’il en sera.

Narcissique : J’envisageai l’idée de la partager, mais la réflexion ne dura guère. Après tout, c’était de l’Orval dont on parlait. Elle est pour moi, toute.

Technique : La bonne tenue de mousse témoigne de la qualité des ingrédients et du procédé de brassage. Saturation étonnamment élevée. Malts de couleur pâle en abondance, avec une quantité non négligeable de malt caramels. Possiblement ajout de sucre candi pour éviter la lourdeur. Présence considérable de brettanomyces bruxellensis. Levure WLP510. Styrian Goldings et Hallertau en amertume, Styrian Goldings pour les arômes et à froid. Acétaldéhyde notable. Atténuation extrêmement haute, donc très peu de sucres résiduels et effervescence très vive. Sans défaut, les bactéries volontaires la rendant très complexe.



Culinaire : L’Orval est une bière typée, sèche et impressionnante. Elle saura ainsi rehausser maints plats à table autant par ses capacités de contraste que par son profil épicé ne demandant qu’à accompagner des mets asiatiques ou mexicains relevés. En parallèle, la noblesse des ses houblons lui confère une versatilité gastronomique effarante, complétant des grillades de volailles par la pâleur de ses malts et ses fruits rehaussant le gingembre de votre sauce. Son amertume franche tout comme sa carbonatation vive contribueront au nettoyage fréquent du palais, remettant le curseur des saveurs à zéro.

26 août 2010

Les houblons du nouveau monde, au parfum du jour (2e partie)

Alors, comment pouvons-nous, bièrophoux québécois, profiter de ces arômes envoûtants provenant de ces houblons de la côte ouest américaine et de la Nouvelle-Zélande? La chasse s’avère ardue, mais une personne bien informée saura où s’abreuver. Voici quelques premières pistes :

Tout récemment, le Dieu du Ciel! de Montréal enfûtait son deuxième brassin de l’Herbe à Détourne, une Tripel belge aromatisée au houblon Citra. Ce houblon, développé entres autres grâce à l’aval de la brasserie Sierra Nevada de Chico dans le nord de la Californie, propose un bouquet étonnant d’agrumes de toutes sortes. Une salade de fruits tropicaux, quoi. Dans cette Herbe à Détourne, les températures de fermentation relativement élevées typiques à la levure belge utilisée se marient au Citra et amènent même son fruité vers celui du dourian, tout en étant ramenée sur terre par des flaveurs d’écorces d’arbre. De la magie, franchement. En passant, la brasserie Sierra Nevada teste présentement un houblon qui propulse des arômes supposément étonnants de bleuets…

Verra-t-on un jour l'Herbe à Détourne rejoindre les autres superbes bières phares de Dieu du Ciel! en bouteille?

La Ripaille du Siboire à Sherbrooke (ou rIPAille, comme c’est indiqué au tableau) est un autre bel exemple de l’utilisation d’un houblon du nouveau monde au Québec. Cette IPA fait festoyer tout amateur du houblon Simcoe à l’aide de ses arômes d’ananas et de mangues, le tout dans un corps croustillant (donc relativement sec) et effervescent. Jonathan Gaudreault, maître-brasseur de l’endroit, nous prépare aussi une Pilsener au Citra. Un concept novateur d’allier ce houblon si expressif à un style si doux comme celui d’une pils, mais nous faisons entièrement confiance à Jonathan. À déguster cet automne au pub sherbrookois.



Depuis quelques mois, la Microbrasserie Charlevoix nous permet aussi de voyager davantage dans diverses contrées houblonnées avec sa série de Vache Folle Double IPA concoctée avec un houblon différent par brassin. À ce jour, ils ont mis en vedette le Amarillo, le Columbus, le Herkules (allemand, celui-ci!), le Simcoe et le Bravo. À quand le Nelson Sauvin et le Citra, Messieurs de Baie-Saint-Paul? Fait notable, cette série de Double IPA représente une des rares chances de goûter à l’apport de ces houblons dans une bière embouteillée au Québec. Les autres adoptent presque toutes le fût, à ce jour.


D'autres indices dans quelques jours...

23 août 2010

Bienvenue sur Les Coureurs des Boires!

Bonjour,

Le milieu de la bière artisanale, au Québec et ailleurs, évolue plus rapidement que jamais. Dans ce contexte, il est facile, pour quiconque s'intéresse à ce fascinant objet liquide, de passer à côté d'événements ou de brassins spéciaux qui méritent notre attention.

Certains sites tel bieropholie.com permettent de se tenir au courant des nouveautés et des opinions d'amateurs passionnés. D'autres publications imprimées, comme Bières et Plaisirs, offrent en plus des articles complets afin de propager la bonne nouvelle que peut représenter la bière de dégustation. De notre côté, nous tenterons de combler quelques vides en offrant des sujets en profondeur, peut-être plus pointus, qui viseront autant à rejoindre le dégustateur chevronné que celui en devenir.

Le blogue Les Coureurs des Boires vous invite donc à la découverte du monde de la bière et de quelques univers complémentaires et tout aussi savoureux. Joignez-vous à nous alors que nous franchissons de multiples frontières afin de parfaire nos propres connaissances.

Santé!

Les Coureurs des Boires
David Lévesque Gendron et Martin Thibault

20 août 2010

La Doppel Hoppe Weizen, de la Microbrasserie Le Naufrageur à Carleton-sur-mer

Cette toute nouvelle création issue du chantier naval du Naufrageur – leur série de brassins expérimentaux – vise droit dans le mille. Inspirante, différente et complexe, elle ravira ceux en quête de bouquets floraux et de corps douillets et riches.

Style : La première bière à marier les Weizen allemandes et un généreux houblonnage à l’américaine dans un taux d’alcool relativement élevé était une collaboration entre la brasserie Schneider & Sohn de Bavière et la Brooklyn Brewery de l’état de New York. Cette bière a pour nom Hopfen Weisse et se retrouve régulièrement dans les marchés spécialisés américains. Bien que la version du Naufrageur semble émuler cette superbe Hopfen Weisse sur papier, les deux demeurent bien distinctes en réalité.

Disponibilité : Puisque nous parlons ici du premier brassin de Doppel Hoppe Weizen à être commercialisé, nous ne pouvons vous dire quand cette bière sera disponible de nouveau. Nous espérons bien évidemment que ces bons mots motiveront l’équipe du Naufrageur à l’offrir dans leurs toutes nouvelles bouteilles de 500ml cet automne. On se croise les doigts!

Le coup d’œil : Une épaisse couche de mousse blanche garnit la robe orangée aux reflets dorés voilés.

Le parfum : Les houblons imitent feuilles et fleurs, reposant sagement sur un lit de blé craquant. Cet arôme est plus doux et moins évocateur que le profil de saveurs qui suit.

En bouche : L’arrangement floral propose lavande et eau de rose avant de se métamorphoser en houblons épicés. Les malts miellés et le blé réussissent à enrober le tout, aidés par une chaleur d’alcool (cette bière titre quand même 8,1%).

La finale : Moins sucrée que ce que suggère le corps luxueux, ce sont l’amertume résineuse des houblons, la sècheresse du blé et de surprenantes impressions salées qui scellent chaque gorgée.

Accords : Un après-midi à se faire masser la peau par le soleil et le vent de la Baie des Chaleurs. Avec peut-être un bout de pain enduit de miel de fleurs sauvages. :P

Pourquoi est-ce un grand cru? : Le caractère floral est des plus avenants tout en demeurant équilibré aux céréales miellées. Au lieu de sombrer dans une intensité démesurée, cette ale forte sait se retenir juste assez afin que toutes ses composantes puissent s’exprimer à l’unisson.

Si vous avez aimé, essayez aussi : Ergot du Benelux (QC), Weizen Impériale des Trois Mousquetaires (QC), Blanche Neige de Dieu du Ciel! (QC).

 Une tulipe bien florale de Doppelweizenhoppe (ainsi appelée au Brouhaha, à Montréal).

19 août 2010

Un jus de griottes iraniennes

Si comme nous vous adorez les authentiques lambics aux cerises des brasseries Cantillon, Drie Fonteinen et Hanssens, vous savez sûrement que ces bières acides sont concoctées avec des griottes et non des cerises comme celles que nous retrouvons plus aisément au supermarché. Ces griottes, que les anglophones appellent "sour cherries", sont en effet une variété plus acidulée de la cerise que l'on connaît. Elles se prêtent donc merveilleusement bien aux brassins de lambics et leur rafraîchissante acidité qui provient surtout de levures sauvages et d'une flore bactérienne avoisinante.

Que vous vénériez ces lambics ou non, il est impératif que vous goûtiez à un excellent jus de griottes, disponible à Montréal, au marché Adonis. Un grand cru des jus de fruits, nul doute. Faites-nous signe si vous l'apercevez ailleurs, en passant. Fabriqué par la compagnie Cedar, il est composé de griottes différentes de celles de Scharbeek utilisées pour les lambics, mais le résultat en est beaucoup plus qu'éducatif. En bouche et en arôme, le fruit se livre à nos papilles sans retenue, se prolongeant en une acidité longue et sèche. Vous découvrirez rapidement qu'il est parfois plaisant de se lécher les gencives... À votre prochaine dégustation de Kriek (ces lambics aux griottes), vous pourrez donc épater la galerie de vos juteuses démonstrations!

Les houblons du nouveau monde, au parfum du jour (partie 1)

À l’extrémité sud-est de la Californie, aux abords de Death Valley, là ou les températures désertiques atteignent les 50 degrés Celsius régulièrement en été, une toute petite brasserie aux allures de saloon remodelé brasse une India Pale Ale (IPA) aux arômes époustouflants d’agrumes, de litchis et de mangues.



Dans le nord de l’état, à près de 600 kilomètres de là, dans une ville entourée de vignobles, de feuillus et de conifères, un autre brasseur utilise des cultivars de houblon des plus aromatiques pour donner à sa Double India Pale Ale un parfum et des saveurs de citron, d’ananas et d’aiguilles de pin. On dit même que c’est lui, Vinnie Cilurzo, qui a lancé la mode des Double IPA :



Et nous pourrions continuer ainsi longtemps sur la côte ouest des États-Unis. Villes et villages, aux abords du Pacifique comme dans les terres et les montagnes, abritent des brasseries qui savent tirer profit des champs de houblon de l’Oregon, de l’état de Washington et de la Nouvelle-Zélande afin de donner à leurs bières, pas seulement leurs IPA, des parfums des plus envoûtants, créés par les cultivars Simcoe, Amarillo, Nelson Sauvin, Pacific Gem, Citra, etc. Ces houblons sont non seulement avenants, ils sont plein de personnalité, devenant aisément identifiables lorsqu’utilisés généreusement pour aromatiser toute bière. Est-ce que l’amateur de bières du Québec peut facilement s’abreuver de nectars houblonnés avec ces variétés idiosyncrasiques? Oui, et non. Il faut vraiment être à l’affût des nouvelles créations, et se retrouver au bon endroit au bon moment, pour découvrir ces super-cultivars. Quelques pistes la semaine prochaine…

Décrire la bière | Orval (partie 1)

Lorsque vient le temps de décrire une bière, son effet sur le dégustateur que nous sommes, plusieurs se montrent inconfortables et hésitants. En effet, un labyrinthe de possibilités s’offre à nous, chacune jouissant de ses moments propices. En général, nous assisterons chez les protagonistes à l’usage d’un style littéraire qui leur convient, le mathématicien penchant pour un style précis et concis, le poète se baladant d’envolées lyriques à gradations emphatiques.

Je me propose ici d’explorer quelques-uns des modes discursifs s’offrant à l’amateur francophone par l’entremise de l’outil de prédilection et sujet de recherche qu’est l’Orval, vraisemblablement connue de la plusieur de nos lecteurs, les autres écopant d’un devoir de recherche à son sujet d’ici la prochaine parution. (indice : elle est disponible à la SAQ)


Analytique : Couleur orangée, voilée. Mousse très dense qui laisse des traces sur les parois et reste en place longtemps. Arômes légèrement maltés (noisette), très houblonnés (fleurs, agrumes) très levurés (épices – sauge, moisissure, ananas, boîte à pain). Goût peu sucré, légèrement salé. Finale très amère, très sèche. Effervescence très forte, rondeur moyenne.

Prosaïque : S’affublant d’une légendaire dentelle ivoire, ce nectar arbore une robe sable affichant un immanquable désir de liberté par une activité gazeuse soutenue. Délicatesse et fermeté s’allient dans un tango de complexités. D’étonnantes ramifications florales et fruitées trahissent un houblonnage à cru chirurgical dans sa précision, alors que les sauvagesses, brettanomyces, attaquent l’imaginaire d’intonations de fromage bleu moisi, de foin frâichement taillé, de pain déconfi. Étalement de flaveurs d’une unité nous laissant en pâmoison, d’une délirante difficulté. Son décryptage reste une tâche interminable qu’il fait bon entreprendre en ces matins où le cran nous tient en tutelle.

18 août 2010

Passion versus Snobisme

Nous connaissons tous des gens qui semblent se contenter d’exister alors qu’ils ont l’opportunité de vivre. De l’extérieur, leur vie semble équilibrée. De l’intérieur, il y manque un je-ne-sais-quoi.

Peut-on dire que leur vie est équilibrée alors qu’il y manque la passion, ne serait-ce qu’une seule passion? Peut-être, mais la passion n’en constitue pas moins un sport dangereux. Facile pour les passionnés de se croire au-dessus de la masse. Facile de se croire supérieurs puisque nous avons grimper telle montagne, goûter tel grand cru exclusif, lu l’intégral de Dostoïevski, fait un doctorat en biochimie... Cette liste pourrait s’éterniser, mais peu importe nos accomplissement spécialisés, il n’en demeure pas moins qu’ils ne sont qu’exploits que dans la mesure où peu de personnes les ont réalisés avant. Ultimement, ce qui nous rend si uniques demeure basé sur une comparaison avec les autres dont nous tentons de nous distinguer. N’est-ce pas là une ode à l’ouverture d’esprit?


Pour en revenir au domaine de la bière, comment concilier notre passion avec le manque de passion des autres? J’adore la Saison Dupont sur laquelle crache mononcle Molson. J’ai beau le trouver ridicule, il ne m’en trouvera pas moins ridicule pour oser cracher sur la Honda Civic montée qui le passionne tant.

Où est-ce que je veux en venir? Nulle part si ce n’est qu’il est bien irrationnel de tenter de hiérarchiser les passions et qu’ultimement, à moins d’être particulièrement asocial, il y a tout à gagner à tenter d’intéresser les gens à nos passions plutôt qu’à les en repousser en les traitant comme des ignorants. Ce n’est pas parce qu’un buveur de bière ignore ce que sont les brettanomyces aujourd’hui qu’il ne constituera pas un fidèle ambassadeur des microbrasseries demain. À long terme, l’ouverture d’esprit ne peut que renforcer une passion.

La Fleur Noire, du Trèfle Noir à Rouyn



Au menu du Trèfle Noir présentement, vous trouverez cette sublime création d'Alexandre Groulx, maitre-brasseur et co-propriétaire de l'endroit. Lors de l'écriture de notre livre, Le Trèfle Noir venait tout juste d'enfûter ses premiers brassins. C'est avec très grand plaisir que nous désirons l'inclure à notre palmarès de bières grand cru dès sa première année d'existence. Le Trèfle Noir: le secret le mieux gardé du Québéc brassicole?


Style: Stout à l'avoine à laquelle a été rajoutée quelques gousses de vanille en fermentation secondaire.

Disponibilité: En fût seulement, à ce pub de Rouyn.

Le coup d'oeil: Une tuile de mousse de couleur café au lait recouvre la noirceur opaque.

Le parfum: Les flocons d'avoine séduisent tôt et ce, pour la durée de la pinte. Leur arôme est enduit de mélasse, de vanille et de grains torréfiés.

En bouche: Le corps est soyeux et facile à boire malgré les céréales riches. L'avoine et l'orge torréfiée s'en donnent à coeur joie, s'unissant afin de développer des saveurs de mélasse, de chocolat noir et de gruau, relevées par de subtils esters de mûres.

La finale: Un coulis de chocolat noir précède les céréales rôties qui ajoutent un peu d'amertume au filet de vanille qui décore le tout.

Accords : Le jerky de boeuf de la boucherie Aux Côtes Croisées, à Rouyn. Quoique les pretzels maison de la maman d'Alexandre ne laissent pas leur place...

Pourquoi est-ce un grand cru? : Il est rare que les céréales (dans ce cas-ci l'avoine et l'orge) s'expriment si clairement en arôme autant qu'en saveur. Qui plus est, la vanille est intégrée au tout de façon irréprochable, rajoutant complexité et décadence.

Si vous avez aimé, essayez aussi : Maisouna du Loup Rouge (QC), Aphrodisiaque de Dieu du Ciel! (QC), Oatmeal Stout de McNeill's (VT).

17 août 2010

Meilleure glace au chocolat à Montréal?



Un des avantages de la saison du printemps est sans doute sa synchronisation parfaite avec la saison du gelato. Le Québec compte de plus en plus de bonnes adresses à ce chapitre. Je n’habite ni Québec, ni Sherbrooke, ni Gatineau, mais lorsque je me trouve dans ces villes, je retourne toujours chez Tutto Gelato à Québec, Savoroso à Sherbrooke, Piccolo Grande à Ottawa.

À Montréal, peut-être parce que j’ai plus de temps, peut-être parce que nous sommes simplement plus chanceux, le choix s’avère plus laborieux. Bien que j’apprécie davantage d’autres parfums, je ressens parfois le besoin viscéral d’une bonne glace au chocolat. Lors de ces rages, je ne recherche plus la fraîcheur bien acide d’un sorbet au citron ni la précision d’un sorbet à la framboise. Amenez-moi du gras, du cochon. Je veux une glace qui me fait l’effet d’un gâteau. Parmi les glaces plus commerciales, les Ben & Jerry’s conviennent bien à la tâche. Difficile de trouver plus bourratif. Pour plus de finesse, ne regardez pas plus loin que du côté de Ripples, un petit comptoir facile à manquer en face du ridiculement populaire Schwartz’s du boulevard Saint-Laurent à Montréal.


À mon sens, leur parfum chocolat 6X domine les glaces chocolatées montréalaises tant par sa décadence que son épatante régularité. La riche crème s’avère lisse et fondante en bouche, épaisse et riche en texture en plus d’être agrémentée de morceaux de chocolat bien croquants. On croirait volontiers que de la guimauve y est ajoutée pour raffermir la constitution. Dommage que le vulgaire verre de plastique (digne d’une Molson Dry de concert) dans lequel elle est servie n’honore point son apparence. Sinon, voilà un beau dessert dont la teneur en cacao n’en fait probablement pas la meilleure introduction à une nuit paisible.



Gelato près de l'eau chez Savoroso


Lorsque je visite une ville en été, je préfère planifier un peu. Il y a deux étapes qui dominent les autres dans la hiérarchie des éléments nécessaires à un séjour agréable. La première est évidemment l'inventaire des broue-pubs ou du moins des bars à bières où il sera possible de terminer la soirée avec une cervoise de qualité. La seconde est la trouvaille de l'endroit réputé comme produisant le meilleur gelato en ville. L'été, nulle limonade ne rafraîchit aussi efficacement qu'une boule de sorbet au citron à l'acidité pénétrante.

Dans l'agréable localité de Sherbrooke, c'est au marché de la gare qu'on répond à nos caprices. Aux abords venteux du Lac des Nations, ce marché offre un ersatz intéressant aux Sherbrookois qui ont connu les extravagances des marchés Atwater ou Jean-Talon dans une autre vie. Le glacier du marché, Savoroso, concocte des glaces qui tireraient bien leurs épingles du jeu même si elles étaient servies à Rome. Généralement, deux parfums principaux peuvent être visités pour juger de l'ensemble de l'œuvre d'un glacier. D'abord, le sorbet au citron se doit d'étaler une fraîcheur irréprochable, une puissante acidité, une teneur en sucres très limitée et une texture cassante, encore glacée. De son côté, le gelato à la pistache gagne des points lorsque sa texture est très lisse, bien fouettée et que ses saveurs de noix grillées confèrent une richesse qui ne se traduit pas par un excédent de gras.



Chez Savoroso, les bases sont bien couvertes et fait rare: aucun parfum essayé n’a déçu si bien qu'il est difficile d'élire un favori - fruit des champs peut-être? avec sa franchise digne d'une confiture, son étonnante fraîcheur et ses pépins craquants sous la dent- et que nous finissons par essayer des variétés différentes à chaque visite, ce qui n'est pas pour nous déplaire!



12 août 2010

Le X de 1000




Sur la planète brassicole québécoise, il y a une poignée d’événements que nous pouvons qualifier d’incontournables. Ce sont ces moments où, pour plusieurs amateurs, on retrouve la famille, recroisant ces visages connus que nous ne contemplons que quelques fois l’an. Au palmarès de ces événements immanquables, nous retrouvons bien entendu le Mondial de la Bière, un monument de la découverte depuis 17 éditions, la Fête Bières et Saveurs de Chambly avec son site enchanteur et ses agréables penchants pour le terroir, l’anniversaire de Dieu du Ciel! nous gavant d’une sélection unique d’exquises ales millésimées… Un autre joueur important au panthéon des grands événements est le plus obscur X de 1000, lequel vient de souffler sa onzième bougie le 7 août dernier.


Le concept est fondé sur la convivialité inhérente à la bière et particulièrement à la bière-maison. Dans un élan de générosité créatrice, je vous ai préparé un schéma représentant la relation « donnant-donnant » unissant les deux :



À la base, les organisateurs sont des brasseurs-maison. Depuis 10 ans, certains sont devenus professionnels, d’autres auraient très bien pu, mais se sont sans doute convaincus qu’ils auraient été beaucoup trop heureux à se briser le dos avec des poches de malt et à nettoyer des cuves 80 heures par semaine en échange d’un salaire de moitié inférieur à ce qu’ils gagnaient auparavant.

Ces brasseurs-maison se regroupent donc une fois par année pour une compétition amicale dont les ingrédients principaux sont : un grand terrain en campagne, le nécessaire à camping, quelques tables, beaucoup de bières-maison, beaucoup d’amateurs curieux de les essayer, un méchoui, un soleil . On dit souvent que les meilleures recettes dépendent surtout de la fraîcheur de leurs ingrédients. Pour le X de 1000, je puis vous assurer que tous les ingrédients, hormis les amateurs curieux, étaient d’une fraîcheur optimale. Ultimement, il est fort ardu d’y passer du mauvais temps.

Des brassins aussi exclusifs qu’une pilsner miel et amandes, une pale ale rehaussée de brettanomyces ou un clone de la célèbre Orval peuvent être dégustés selon la célèbre formule « à volonté » qui, en passant, aurait été inventée par la fédération québécoise des restaurants chinois. Les dégustateurs y trouvent une énième occasion de profiter du dur labeur des brasseurs, ces derniers semblant accepter que quelques commentaires plus ou moins constructifs constituent une juste rétribution. En tant que dégustateur, je me satisfais évidemment de cet arrangement unidimensionnel sans mot dire.

En fin de compte, ce qu’il faut retenir de cet article est qu’il existe un événement annuel combinant camping et des hordes de bières-maison. Qui plus est, l’événement est accessible au public. Les brasseurs-maison étant à l’avant-garde des modes, voilà une formidable occasion de découvrir les tendances à venir dans le monde de la bière.