29 août 2010

Décrire la bière | Orval (partie 2)


Nostalgique : Superbe apparat ambré surmonté d’une montagneuse coiffe blanche comme la lune ! Elle me rappelle ces voyages en France où je gambadais dans les champs de lilas. Ah ! l’air pur des quelques endroits résistant à l’urbanisation. Émouvantes saveurs parfumées, sèches. Ode au houblon et au savoir-faire trappiste ! Elle est si charmante ! Chaque Orval que j’ai bue possédait son identité distinctive !

Poétique : D’augustes présages houblonnés. Des bactéries bien incorporées. Tel un gant tout lui sied. Des miasmes dignes des prairies les plus replètes se trémoussent dans l’opulence des houblons procréant cent savanes de sécheresse sans chanceler. L’idéalisme des levures extraordinaires, qui tombent sur les hécatombes des sucres résiduels, poursuivant leur besogne, poursuivant leur anti-conformisme exacerbé. L’Orval, or liquide s’il en fût, plaisir oral s’il en est, compagne proverbiale s’il en sera.

Narcissique : J’envisageai l’idée de la partager, mais la réflexion ne dura guère. Après tout, c’était de l’Orval dont on parlait. Elle est pour moi, toute.

Technique : La bonne tenue de mousse témoigne de la qualité des ingrédients et du procédé de brassage. Saturation étonnamment élevée. Malts de couleur pâle en abondance, avec une quantité non négligeable de malt caramels. Possiblement ajout de sucre candi pour éviter la lourdeur. Présence considérable de brettanomyces bruxellensis. Levure WLP510. Styrian Goldings et Hallertau en amertume, Styrian Goldings pour les arômes et à froid. Acétaldéhyde notable. Atténuation extrêmement haute, donc très peu de sucres résiduels et effervescence très vive. Sans défaut, les bactéries volontaires la rendant très complexe.



Culinaire : L’Orval est une bière typée, sèche et impressionnante. Elle saura ainsi rehausser maints plats à table autant par ses capacités de contraste que par son profil épicé ne demandant qu’à accompagner des mets asiatiques ou mexicains relevés. En parallèle, la noblesse des ses houblons lui confère une versatilité gastronomique effarante, complétant des grillades de volailles par la pâleur de ses malts et ses fruits rehaussant le gingembre de votre sauce. Son amertume franche tout comme sa carbonatation vive contribueront au nettoyage fréquent du palais, remettant le curseur des saveurs à zéro.

4 commentaires:

Goldorak a dit…

Bon, vous m'avez eu, je vais aller m'en déboucher une. Comme ils disent a la radio: félicitations pour votre beau programme!

Mario D'Eer a dit…

Avec tous les profils que cette bière nous offre d'une bouteille à l'autre, d'un mois à l'autre, d'une année à l'autre... enfin, j'ai l'impression que vous posterez un feuilleton en plusieurs centaines de chapitre (est-ce le thème de votre deuxième ouvrage ? :-)

Aussi, je me questionne sur la passage « des bactéries bien incorporées ». J'ai des doutes. Des brettanomyces: ah ça oui, trois souches de levures sauvages différentes incorporées dans la cuve de fermentation secondaire. Bactéries ? Peut-être lors de la fermentation quaternaire, celle qui se produit lorsque le divin liquide rencontre la flore qui grouille sous notre palais... et qui nous font communier avec les êtres supérieurs après avoir avalé...

David Lévesque Gendron a dit…

Goldorak: faites faites!

D'Eer: nous aimerions parler davantage du 2e ouvrage, mais c'est qu'on nous a fait signer des papiers...

Quant aux bactéries, touché! J'ai sûrement occasionnellement contaminé certaines Orval de la flore bactérienne qui m'habite, mais les bactéries ne font certainement pas partie de la recette. Le poste de réviseur de notre entreprise en croissance est à combler. Intéressé?

Mario D'Eer a dit…

Aider des auteurs de grand talents avec la langue (au sens propre et au sens figuré) YES! ;-) N'importe quand!