30 sept. 2010

Nos commentaires sur la brasserie Moylan's - disponible en importation privée sur bieropholie.com

Au terme de plusieurs mois de négociation (bon, un gros deux minutes...), Les Coureurs des Boires sont parvenus à une entente officielle avec Importations Privées Bièropholie pour devenir le fournisseur officiel de commentaires sur les bières que le club d’importation a dans sa mire.
Notre intérêt dans l’aventure est moins de faire la publicité d’Importations Privées Bièropholie (quoique c’est un club que nous affectionnons beaucoup; nous lui devons de belles découvertes) que de partager avec nos lecteurs les opportunités qui s’offrent à eux. Nous n’endossons pas nécessairement la qualité des bières en commande, mais nous vous aidons à déterminer si un produit est susceptible de vous plaire.

La première mission qui nous a été confiée porte sur la brasserie Moylan’s située dans la banlieue nord de San Francisco. Comme plusieurs broue-pubs américains, le grand pub sert surtout de restaurant, mais offre plusieurs exclusivités en pompe. Lors de ma visite, il y avait entre autres une Hopsickle IPA vieillie en fût de chêne ayant contenu du chardonnay. Difficile de faire plus expérimental. Et Moylan’s rime habituellement avec rapport qualité/prix. Voici donc mon aperçu des produits goûtés.

MOYLAN’S


Tipperary Pale: American Pale Ale exemplaire dont les malts miellés et biscuités reçoivent bien l’attaque d’agrume des houblons américains. À commander si vous aimez : Trois Mousquetaires American Pale Ale, Benelux Yakima,

Pomegranate Wheat Ale: Une bière de blé à la pomme-grenade? Pourquoi pas. Voilà un fruit particulièrement aromatique dont l’équilibre entre le sucré et l’acide promet un mariage intéressant avec le blé rafraîchissant. L’ensemble est léger, presque tropical, mais surprend par une agréable qualité tannique en finale.

Ryan Sullivan's Imperial Stout: Un Imperial Stout peut-être plus accessible que la moyenne, jouant moins sur l’intensité du rôti que sur un étalement de fruits foncés d’une belle complexité. Des houblons terreux atténuent légèrement l’importance du côté sucré. À essayer si vous aimez : Benelux Dreadlux, imperial stouts vineux et fruités.
Old Blarney Barley Wine: Un vin d’orge purement américain avec son puissant parfum de pamplemousse en provenance de ses houblons on ne peut plus expressifs. Bien qu’une pointe de caramel supporte le tout, le houblon nous mène rapidement vers une longue finale, toute en amertume et en sécheresse. À essayer si vous aimez : Le Cheval Blanc Barley Wine ou autres barley wines principalement portés sur le houblon.

Hopsickle Imperial IPA: Amateurs de houblon, voice l’une des IPA les plus intenses du monde. Un char de houblon dans chaque bouteille. Des arômes spectaculaires. Une colline de sucre anéantie sous une montagne d’amertume. Ce n’est pas pour tout le monde, mais tout le monde devrait l’essayer. La fraîcheur revêt une certaine importance par contre. À essayer si vous aimez : Le Cheval Blanc Imperial IPA, mais encore plus intense.

Kilt Lifter Scotch Ale : Le temps des sucres dans une bouteille. Un bonbon de sucre d’orge équilibré par des notes de noisettes et de terre dont les 8% d’alcool ne paraissent presque pas. En revanche, Le contrôle de la qualité ne semble pas toujours optimal sur cette offrande. À essayer si vous aimez : Simple Malt Vin d’orge, Simple Malt Scotch Ale, Mcauslan Scotch Ale.

White Christmas Spiced Winter Lager : Rares sont les lagers épicées et celle-ci n’est pas parvenue à me convaincre qu’il devrait y en avoir davantage. Les épices de Noël y déferlent les unes après les autres. Ne recherchez pas l’équilibre, mais les amateurs d’épices y trouveront leur compte. À essayer si vous aimez : Hopfenstark Yule sans la rondeur.

Dragoons Dry Irish Stout : Une agréable surprise que ce dry stout dont l’extraction des malts est exemplaire. Bien rôti et offrant un savoureux déploiement de subtilités chocolatées, voilà un stout facile à boire et qui semble plus grand que la somme de ses composantes. À essayer si vous aimez : St-Ambroise Stout à l’avoine, Le Naufrageur St-Barnabé, Bedondaine Bedon.

Double IPA : Il s’agit de la Moylander Double IPA, une Imperial IPA classique. C’est donc une belle bombe de houblon supporté par des malts vigoureux sans être imposants. Celle-ci a d’ailleurs bien performé dans une récente dégustation à l’aveugle menée par Les Coureurs des Boires. Elle cadre parfaitement dans le domaine d’excellence de Moylan’s. À essayer si vous aimez : Dieu du Ciel Chaman, Brasseurs du Temps Diable au Corps.

Voilà. De façon générale, Moylan's est une brasserie offrant un excellent rapport qualité/prix, particulièrement douée pour les bières fortement houblonnées, mais qui n'affiche peut-être pas la plus grande stabilité d'une bouteille à l'autre sur certains produits.

28 sept. 2010

Le jus de pommes brut de l'Abbaye Notre-Dame-de-Nazareth, à Rougemont

Brunâtre, opaque, non filtré, non pasteurisé. Exactement le type de présentation peu photogénique évitée à tout prix par les fabricants de jus. Pourtant, c'est ce à quoi un vrai jus de pommes simplement broyées devrait ressembler. Son manque d'esthétisme rebute peut-être certains, mais une seule gorgée suffit afin d'accrocher toute personne en quête de saveurs honnêtes. Si seulement nous avions la chance d'oser goûter à ces produits plus souvent...


Heureusement pour les amateurs de jus de fruits véritables, l'Abbaye Notre-Dame-de-Nazareth de Rougemont produit à chaque année, en plus d'un excellent cidre mousseux, un jus de pommes brut. En plus des arômes et des saveurs de pommes bien franches, le dégustateur peut même s'aventurer, si ses papilles le désirent, dans les vergers terreux où sont poussés, et tombés, ces fruits automnaux. On ne se vautre jamais dans le sucre. On visite l'essence même de la pomme. Que c'est rafraîchissant!

Ce jus est disponible seulement quelques semaines par année au magasin de l'Abbaye (de la fin août au 20 octobre, pour ce qui est de 2010). Amateurs d'authenticité, ce nectar est pour vous!

Dégustation d'IPA américaines à l'aveugle


C’est ce bon vieux Socrate qui passait son temps à radoter « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ». Pour démontrer que Socrate n’a pas le monopole de ce savoir ancestral qu’il
ne sait finalement pas grand-chose, la meilleure méthode reste encore d’organiser une dégustation à l’aveugle.

À la base, une bonne façon d’améliorer nos capacités de dégustateur est de partager quelques bouteilles avec des amis. Ça tombe bien, car cette méthode, en plus d’être pédagogique, est aussi la plus agréable. Mais à l’aveugle, ça sert aussi à nous ramener sur terre. C’est immanquablement
une leçon d’humilité pour les experts autoproclamés. Plus important encore, c’est l’unique véhicule qui permet de nous départir de nos (nombreuses) idées préconçues. Au début, on s’attend à ce que telle bière soit facilement identifiable ou à ce que telle autre soit totalement déclassée. On a souvent de belles surprises.


Une dizaine de mes convives se sont prêtés à l’exercice, samedi dernier. Nous avons débouché 8 IPA américaines dont les dégustateurs n’ont connu l’identité qu’une fois que j’avais recueilli leurs commentaires. Catherine, en tant qu’organisatrice en chef, avait voulu faciliter la tâche des dégustateurs en leur fournissant toutes les bières en même temps. « Comme ça, ils pourront les comparer en même temps ». De l’aveu de ces mêmes dégustateurs, cette possibilité s’est avérée encore plus confondante, les forçant à rehumer et regoûter chaque produit à de nombreuses reprises pour finalement se rendre compte qu’il était presque impossible de les identifier. Tant pis pour leurs volumineux orgueils, ce qui m’importait était surtout d’obtenir de leur part un classement des produits selon leur appréciation aveuglément honnête.

À noter que malgré l’impartialité de l’exercice, le classement doit être pris avec un grain de sel pour plusieurs raisons. D’abord, les IPA constituent un style mettant l’accent sur le houblon. C’est le caractère qui ressort le plus et son amertume prononcée a pour effet d’amoindrir les capacités des dégustateurs. Ceux-ci avaient accès à de l’eau et du pain pour rétablir leur palais de ces chocs amers, mais il est impossible que leurs perceptions soient demeurées identiques de la première à la dernière offrande.


Par ailleurs, ce même caractère houblonné des IPA rend leur fraîcheur primordiale, surtout au niveau des arômes qui sont très volatils. Or, à moins de tomber sur un des rares brasseurs qui indique la date d’embouteillage sur ses bouteilles, le mieux que nous puissions faire à cet égard est d’acheter les produits dans les quelques semaines ou mois qui précèdent la dégustation.
Finalement, la principale faiblesse des dégustations à l’aveugle est la tendance des bières ayant plus d’impact à se démarquer du lot. Les framboises du haut ne sont pas nécessairement meilleures, mais on tend à les apercevoir d’abord. Voici donc les résultats de cette première dégustation à l’aveugle :

Classement:
1. Stone Ruination IPA
2. Moylans Moylander Double IPA
3. Captain Lawrence Captain's Reserve Imperial IPA
4. Valley Brew Uberhoppy
5. Lagunitas Hop Stoopid
6. Stone India Pale Ale
7. Southern Tier Unearthly
8. Pike IPA

Détail du classement:



Performance impressionnante donc pour la Stone Ruination IPA qui a été achetée en même temps que la Stone IPA régulière, laquelle a été clairement moins appréciée. Bonne dernière, la Pike IPA souffrait des facteurs décrits ci-dessus. Elle était non seulement la moins forte, elle était aussi la plus vieille du lot.


Autre élément notable, les écarts entre les moyennes des rangs des positions 2, 3, 4 et 5 sont relativement faibles. Ceci concorde avec l’observation de plusieurs participants comme quoi il était aisé de déterminer l’ordre des favorites et des moins bonnes, mais que celles du noyau central leur paraissaient toutes équivalentes.


Nous nous promettons de vous soumettre les résultats d’autres dégustations du genre assez régulièrement. Entre autres, je caresse l’idée (caresser des idées est une déformation professionnelle) de faire le même exercice avec des cidres de glace.


N.B. : Photos gracieuseté de Marc Demeule

26 sept. 2010

Concours

Voici enfin venu le moment charnière d’un premier concours pour Les Coureurs des Boires. À gagner, un exemplaire gratuit du livre La Route des Grands Crus de la Bière, avec dédicace personnalisée!


Pourquoi? Simplement, nous voulons générer du trafic sur notre blogue qui est encore trop peu connu, mais représente une source d’information gratuite et complémentaire aux babillards, journaux et sites webs variés. Il n’y a aucune raison pour qu’un amateur de bière ou de boires ne l’ajoute pas à sa liste de sites favoris pour consultation régulière.

Comment gagner? En nous attirant du trafic. Pour mesurer les retombées de vos efforts, nous n’avons pas encore de meilleure technologie que notre page Facebook dont le lien est à droite de cette page. Recommandez à vos amis susceptibles de s’intéresser à notre blogue de devenir des « fans » de notre page et la personne qui nous attirera le plus de nouveaux fans recevra un exemplaire signé du livre par la poste.

Nous vous laissons jusqu’au lundi 4 octobre pour solliciter vos prospects. D’ici au 4 octobre, envoyez un message à David Lévesque Gendron via Facebook qui contient la liste des nouveaux fans qui vous sont attribuables. Des vérifications seront effectuées au besoin et les tricheurs seront évidemment éliminés =P

Pour que ce ne soit pas uniquement un concours de « qui a le plus grande liste d’amis Facebook, deux prix de participation seront aussi tirés au hasard parmi tous ceux qui nous auront attirés au moins 3 nouveaux fans. Ces prix seront deux bouteilles d’une bière sélectionnée parmi le top 50 de ratebeer.com accessible à l’adresse suivante :
http://www.ratebeer.com/beer/top-50/

Nous ferons toutefois la livraison de ces deux bouteilles uniquement dans la région de Montréal puisqu’il nous est interdit de les envoyer par la poste.

22 sept. 2010

Le délectable cidre mousseux avec soupçon de cidre de glace du Domaine Lafrance


Quand on se lèche les gencives quelques minutes après avoir terminé son verre dans l’espoir d’y retrouver quelques surprises gustatives, c’est que c’était exquis. Délectable. Savoureux! Plus précisément, les petites poignées d’amour sucrées de ce cidre mousseux de St-Joseph-du-Lac s’amourachent des notes minérales du perlé puissant, se propulsant lentement mais sûrement vers une finale mi-sèche, mi-sucrée. Une touche rustique, quasi-sauvage, s’empare ensuite du palais lors du post-goût. Une évolution de flaveurs délicieusement fignolée de l’arôme à l’arrière-goût. Et le tout se prélasse sur les gencives après chaque déglutition. Je vous le jure!

Si jamais vous êtes à la recherche d’un monde de saveurs entre le cidre de glace et le traditionnel cidre mousseux sec et bien fruité, ce cidre du Domaine Lafrance représente un valeureux compromis. Encore mieux, si vous êtes de ceux qui aimez les saveurs d’un cidre de glace mais qui hésitez à vous en servir régulièrement à cause de sa lourdeur, vous serez ravis par cette scintillante bouteille.

http://www.lesvergerslafrance.com/cidrerie/produit_mousseux1.php

Ceci dit, je dois vous laisser; une petite goutte vient de se matérialiser dans le fond de ma coupe vidée, sûrement le résultat de quelques dentelles qui se sont écoulées lentement jusqu’au fond du verre. Mmmmmhhh…

Lorsqu’on monte l’échelle lors d’une cueillette dans les Vergers Lafrance…


on atteint des sphères à nous faire tomber dans les pommes!

Gelato: ce qu'il ne faut pas faire

Bien que Les Coureurs des Boires vise davantage à encourager l'excellence qu'à sermonner la médiocrité, certains abus méritent d'être dénoncés. C'est particulièrement vrai lorsque l'auteur de ces lignes a l'impression de n'avoir jamais nuancé son enthousiasme face au gelato. Rectifions le tir.

J'ai vécu une amère déception lors de mon passage chez Pagliacci, rue Prince-Arthur à Montréal. Soit dit en passant, l'amertume, qualité louable chez moult bières, est inexcusable dans un sorbet au cassis. Que les fruits soient tanniques passe encore, mais qu'ils manquent de fraîcheur, de jus et dégagent des tonalités de cuir? Non merci.

Le vulgaire verre de plastique servant au service laissait présager l'arnaque, mais la portion plus que généreuse qu'on finit par y entasser s'avère finalement une bien mauvaise nouvelle.

La glace à la pistache, l'habituel métronome d'une gelateria, laissait indifférent avec ses noix défraîchies, molles comme des céréales mouillées.

La palme de l'inacceptabilité revient toutefois à l'abominable parfum noix de Grenoble. Comble de malchance, j'ai commandé cette saveur en dernier et l'avais donc au-dessus. Cette boule beigeâtre me narguait de n'avoir point profité du dernier spécial sur la Québon. C'est tout dire. Un goût de plastique brûlé transcende cette créature de fréquentation peu recommandable. Les défauts de congélation abîment la texture qui oscille ainsi entre la crème commerciale et le ramassis de glaçons broyés. C'est simple, quand on a les goûts dans un tel désordre, c'est à l'hôpital qu'il faut aller afin de se faire soigner. On nous retire de la circulation, le temps de constater ce qui a mal été. Se débarrasser de nos problèmes en les vendant 6 dollars le petit pot? Voilà une belle opportunité d'affaires pour nos bons amis les psychologues.



Pour finir sur une note plus positive, à quelques pas de Pagliacci, délectez-vous des desserts de Juliette & Chocolat, rue St-Laurent ou des miraculeux gelati de Léo le glacier à l'intersection Duluth/St-André.

20 sept. 2010

Top 7 québécois des pubs d’ambiance

Puisqu’au-delà de la bière, il y a aussi l’environnement dans lequel on s’en délecte, je vous présente mon top 7 des endroits où déguster une bonne bière au Québec. Ce palmarès ne se limite pas nécessairement aux broue-pubs, mais un bar à bières sera exclu s’il n’offre pas une sélection digne d’un broue-pub.

Définissons d’abord les paramètres à partir desquels est établi mon classement:
1. Présence de quelques bières de qualité – Parce que vous êtes sur Les Coureurs des Boires, oubliez les bars-billard ou les broue-pubs magnifiques où l’on vend des bières dont le nom contient Kamouraska.
2. Beauté des lieux – comme pour votre âme sœur, la beauté n’est pas essentielle, mais permet évidemment de se distinguer du lot.
3. Le désir de rester quelques heures quand on s’y trouve – le bon vieux critère du « Y passeriez-vous une soirée à boire et discuter avec vos amis » ou mieux encore « Y resteriez-vous seul quelques heures en espérant vous y faire des amis? ». Il s’agit sans doute du critère le plus important, qui peut être influencé par des éléments comme la présence de nourriture de qualité, l’achalandage, le confort, la musique.

Alors, sans plus tarder :

# 7 Brouhaha, Montréal
Pour ses soirées-concept douteuses, sa clientèle décontractée, la pertinence de ses serveurs, sa carte des bières dont on ne se lasse point, le Brouhaha nous empêchait de limiter cette liste à un top 5!


# 6 Bedondaine et Bedons Ronds, Chambly
Pour sa décoration on ne peut plus riche, mais jamais encombrante, le service irréprochable qu’on y reçoit, la jovialité de son propriétaire et l’amour de la bière qui transpire les lieux, Bedondaine et Bedons Ronds est l’un des grands.





# 5 Brasseurs du Temps, Gatineau
Pour ses proportions gargantuesques qui n’intimident guère, la somptuosité des lieux historiques, sa terrasse parmi les plus belles du Québec et la possibilité d’y manger un savoureux repas complet, les Brasseurs du Temps nous font abîmer la 417 beaucoup plus souvent qu’auparavant.

# 4 Vices et Versa, Montréal
Avec son côté grano assumé, sa complicité avec les artistes locaux, sa clientèle allumée, son plafond de toute beauté et ses agréables coupe-faim, le Vices sait recevoir.


# 3 Le Cheval Blanc, Montréal
Pour son décor rétro exquis, sa proximité avec les artistes, sa clientèle hétéroclite et divertissante, ses anniversaires déjantés, son absence de prétention et les découvertes musicales que nous y faisons, le Cheval habite ce palmarès depuis plus longtemps qu’aucun autre.

# 2 Siboire, Sherbrooke
Pour ses irrésistibles slogans, sa collaboration avec l’université de Sherbrooke, son aménagement aéré l’harmonie de ses spectaculaires lieux (à quand un spectacle éclairage et briques par Robert Lepage?) et ses irrésistibles sofas, le Siboire est toujours difficile à quitter.


# 1 Trou du Diable, Shawinigan
Pour son éblouissante attention aux détails, la créativité de sa cuisine, son éclairage recherché, l’implication des membres de sa coopérative, ses soirées thématiques, le Trou du Diable est le seul endroit de la liste où nous envisagerions un bon jeu de société.

Et vous, quels sont les endroits où vous préférez passer votre temps?

N.B. : cet article a été rédigé par David et ne reflète pas nécessairement l’opinion de Martin

15 sept. 2010

Au 12e anniversaire de Dieu du Ciel!



À son anniversaire, Dieu du Ciel! nous présentait quantité de leurs classiques de divers millésimes samedi dernier. Comme toujours, plusieurs amateurs s’étaient déplacés de loin pour assister aux pyrotechnies buccales tant attendues. Avec un record de 25 fûts, il serait laborieux non seulement de décrire toutes les étincelles qui ont stimulé nos palais emballés, mais encore plus d’avoir tout goûté, de tout décrire. Les habitués de Dieu du Ciel! ont toutefois été gâtés par une quantité particulièrement élevée de nouvelles étoiles liquides. Focalisons donc sur ces perles qui deviendront peut-être nos classiques de demain. En d’autres mots, nous sommes le 1er janvier, vous ouvrez votre fidèle journal (blogue) favori et il contient aujourd’hui un cahier spécial des naissances de l’année qui se lit comme suit :

Sont nées le 11 septembre 2010 :

Sieben Hügel : Nommée sans doute en l’honneur des sept collines de Bamberg, cette lager fumée d’inspiration franconienne est toute en légèreté, mais déploie néanmoins un bouquet puissant du malt caractéristique de Bamberg, fumé au bois de hêtre. Sa vive effervescence la fait paraître encore plus légère, plus sèche, plus acide même que ses comparses allemandes qui penchent généralement plus vers le caramel et les fruits. On opte ici plutôt pour une focalisation sur la fumée et sur des houblons nobles à la fois épicés, feuillus et floraux. Difficile d’en vouloir moins d’une pinte.


Équinoxe du Printemps vieillie en fût de chêne : L’Équinoxe du Printemps de base se veut un alliage annuel entre les scotch ales, ces ales rondes, chaleureuses et caramélisées ainsi que le sirop d’érable. On complexifie l’alliage ici en amenant l’Équinoxe à séjourner dans un baril de bourbon. Le résultat est des plus riches, liquoreux et fortement vanillé tout en portant fièrement ses 9,5% d’alcool.




Noce de Soie : Une saison aux ingrédients asiatiques originaux que sont l’écorce de yuzu, un agrume et le poivre sancho, une variété légèrement anisée. À la base, il s’agit possiblement de la plus accomplie des quelques interprétations du style saison produites par Dieu du Ciel! lors des 12 dernières années. Au-delà de sa présentation irréprochable (mousse d’ivoire tenace et corps doré opaque et scintillant), la bière est bien sèche en finale, témoignant d’une bonne atténuation. Les ingrédients spéciaux prennent beaucoup de place, mais s’intègrent à merveille aux croustillants malts pilsener et aux délicats houblons floraux qui supportent l’ensemble.

Les Hérétiques : Il s’agit en fait de deux hérétiques, l’hérétique de base si l’on veut et l’hérétique aux mûres. Les deux sont des aventures au royaume des brettanomyces, ces souches de levures sauvages ayant une capacité spectaculaire pour consommer des sucres résiduels que les levures traditionnelles ne parviennent pas à convertir. Ceci survient toutefois au prix d’une patience accrue, car ce travail s’étire sur plusieurs mois voire même plusieurs années. Et le résultat alors? La première affiche un caractère sauvage modéré, ayant encore une bonne épaisseur provenant de ses sucres résiduels encore affirmés. L’influence du vieillissement en fût de chêne demeure subtile. Des tentacules de fruits tropicaux, de cuir et de foin mouillé complète le portrait. À la fois discrète et profonde. Sa sœur aux mûres se montre peut-être moins riche en salade de fruits, mais se distingue d’une délicieuse acidité où la mûre, le blé et les terreaux humides ravigotent et rafraîchissent.



Quelle conclusion aux étés montréalais de plus en plus relevés quant à la qualité de l’offre brassicole. D'ailleurs, à voir ce qui se trouve dans les fermenteurs, l'automne ne risque pas de décevoir!

12 sept. 2010

En coulisses au 12e anniversaire de Dieu du Ciel!


Samedi dernier, à l’occasion du douzième anniversaire d’une des plus réputées brasseries artisanales au pays, nous avons pu profiter d’un des menus de bières les plus décadents offert dans l’enceinte d’une seule brasserie. Voici donc une infime partie du travail qui a été nécessaire d’effectuer afin de tout mettre en place le matin du grand jour.

Comme toujours, Dieu du Ciel! désirait avoir un menu de bières en fût décadent. Il a donc fallu rentrer un deuxième bar, celui-ci muni de 7 pompes. Il y aurait alors 25 bières maison en fût au même moment!

Parmi cette sélection délirante, on retrouvait une quantité impressionnante de bières corpulentes vieillies en fût; la plus âgée avait 4½ ans. Ci-dessus, on voit le branchement des fûts de ces bières vieillies, dans la chambre froide du sous-sol.


Le petit bar est maintenant en place!


25 fûts et plus de 400 bouteilles de millésimés variés ne suffisaient pas. Il fallait aussi installer deux casks, ces fûts éventés contenant de la bière gazéifiée de façon naturelle, c’est-à-dire non poussée par une bonbonne de gaz carbonique. Celui ci-dessus contenait de la Isseki Nicho qui avait préalablement vieilli dans un fût de chêne ayant contenu du Pinot Noir. Il a été servi par gravité sur le comptoir même; aucune pompe ne soutirait la bière, comme c’est normalement le cas pour les casks à l’anglaise.

Une fois toutes ces bières branchées, il faut bien contrôler leur qualité. Après tout, les bières du jour représentaient souvent des expériences de vieillissement. Bien que les brasseurs de Dieu du Ciel! ait fait un suivi sur chacun des brassins en service, il demeurait impossible de prévoir à 100% comment chaque bière avait évolué dans la dernière année. Résultat du contrôle de qualité : à part une bière qui démontrait quelques signes de fatigue (houblon moins aromatique, madérisation trop importante, sucres résiduels moins cohésifs avec le tout), le tout vibrait de complexité. Les bières les plus charnues démontraient souvent une madérisation subtile accrochée aux sucres résiduels encore fermes et les ales plus épicées et houblonnées bondissaient toujours de vivacité.

25 fûts, c’est long à tester. Il fallait bien quelques âmes charitables pour donner leurs papilles à la science… Parmi les nouvelles bières à goûter, il y en avait deux bien particulières. Le duo faisait d’ailleurs sa rentrée commerciale après avoir passé plus d’un an et demi en fûts de chêne. Une des bières dans cet étalement de verres provenait de:


...l’assemblage de deux de ces barils de chêne au sous-sol. Un de ceux-ci contenait une blonde de blé fermentée avec du brettanomyces lambicus. L’autre contenait une blonde de blé fermentée avec du brettanomyces bruxellensis. Deux levures sauvages belges, bref. L’assemblage des deux créa l’Hérétique. Un second assemblage de ces deux barils et d’un fût de chêne contenant la Solstice d’Été aux Mûres engendra l’Hérétique aux Mûres.

Et voici le fameux menu de fûts. Notons, entre autres: une superbe bière anniversaire de style Saison, aromatisée au poivre Sancho et à l’écorce de yuzu, les deux Hérétiques mentionnées précédemment, acidulées et douillettes à souhait, deux brassins différents de Solstice d’Été en même temps (une première?), une Grande Noirceur poussée au CO² et une autre gazéifiée avec l’habituel mélange de CO² et d’azote, le nouveau brassin de Solstice d’Hiver aux côtés de celui de l’an dernier, celui-ci vieilli en fûts de chêne et une réconfortante Rigor Mortis Abt vieillie 4,5 ans. Aucune autre brasserie au Canada n’a offert un tel éventail de bières de dégustation de haut calibre lors d’un même évènement. 

Restait maintenant à faire entrer les convives. Suite du reportage jeudi matin!

9 sept. 2010

Décrire la bière | Orval (partie 3)

Conteur : C’était un bel après-midi d’automne, mon fidèle Rex me lança un de ses regards obliques dont il possède le secret et je compris. L’heure était arrivée. L’Orval m’attendait. Dès lors, je fus ébahi par sa bouteille à l’allure d’une quille miniaturisée facilitant le versage. Je la transvasai ainsi en ma fidèle coupe, laquelle reçut un liquide aux couleurs de couchers de soleil au-dessus duquel prend son pied une dentelle à l’étalement empli de relief. Ses effluves décapèrent par leur originalité toute naturelle, rappelant le cidre de pomme, les fruits tropicaux ainsi que la ferme. La première gorgée me stupéfia, emplissant mon être d’une attention particulière aux doux parfums herbals et secs, culminant dans une pointe d’acidité arborant une palette fruitée hors du commun, allant de l’abricot à la banane, de la poire au pamplemousse. Je la consommai avec ardeur, dans un temps si infime qu’il m’exaspère toujours quand je me remémore l’état de grâce qui m’habitait. Je regagnai donc ma routine avec nostalgie, mon fidèle Rex à mes côtés, me lançant des dagues des yeux, toujours aux aguets des réactions secondaires potentielles de mon initiation.

Romantique : Telle une conquête nouvellement acquise, l’Orval se love dans son monacal, mais élégant calice gracieusement, voulant s’assurer de sa mainmise sur notre cœur. Son enivrant parfum d’eau de rose contraste avec ses suintements secs et pointus rappelant le dur labeur de ses créateurs. Cette émérite séductrice offre une leçon d’humilité à quiconque s’en enflamme en fournissant moult tergiversations qui compliquent la tâche de son amadouement. Elle demeure mystérieuse même après des années de vie commune, réservant ça et là les surprises les plus inattendues, que ce soit par ses pointes poivrées ou encore ses monologues terreux.

Une infinité d’options s’offrent à nous, amateurs que nous sommes, passant parfois par les sentiers battus et efficaces de la description directe, mais tout aussi souvent par le renforcement de notre message inhérent à un texte éclaté qui corrobore la difficulté de la bière concernée. Que nous choisissions des phrases complètes ou une énumération toute bonhomme de mots pertinents, ultimement, ce qui importe demeure de ne pas se priver de ce bonheur facile d’accès qu’est le développement d’un style littéraire de dégustation favorisant tout à la fois l’érudition, la mémoire des produits dégustés et l’appréciation de ces derniers.


7 sept. 2010

La Saison du Tracteur, du Trou du Diable à Shawinigan


Nous louangeons Le Trou du Diable à l’aide de plusieurs fiches de dégustation dans notre livre, mais nous désirons tout de même en rajouter. Cette toute nouvelle bière d’André Trudel, maitre-brasseur de l’estaminet, mérite autant d’éloges que sa Buteuse Brassin Spécial (par exemple), tant ses saveurs respirent l’harmonie et la sagesse.

Style: Saison à la belge, mais houblonnée au cultivar Simcoe (américain). Ces bières de dénomination  «Saison» étaient jadis brassées dans des fermes de la campagne wallonne et consommées plusieurs mois plus tard lors de la récolte de fin d’été où les travailleurs pouvaient en boire jusqu’à cinq litres(!) par jour afin de s’hydrater. Bien que très digestes, leur taux d’alcool peut aujourd’hui atteindre près de 7% (comme cette Tracteur), ce qui n’était évidemment pas le cas autrefois.

Disponibilité: Cette bière n’a connu le fût que cet été. Il faut encore vous déplacer au brouepub de Shawinigan pour la déguster.

Le coup d’œil: Une couche compacte de mousse ivoire fige sur la robe blonde brumeuse.

Le parfum: Une aguichante salade de fruits tropicaux est propulsée par le Simcoe et est rejointe par la levure typique au style Saison.

En bouche: Les malts Pilsener sont douillets à souhait, un oreiller sur lequel reposent en harmonie les houblons aux allures d’agrumes, le pain frais de la levure de Saison et la touche rafraîchissante du blé.

La finale: Toutes ces saveurs mènent à une habile amertume de houblon herbacé et épicé. Son intensité moyenne est nivelée à celle des houblons en arôme et en bouche.

Accords: La cuisine de Franck (chef au Trou du Diable) étant aussi inspirée que les brassins d’André, laissez-vous guider par l’ardoise du moment. Visez la fraîcheur plutôt que la richesse; les fruits de mer, les salades, etc.

Pourquoi est-ce un grand cru?: Les Saisons houblonnées à l’américaine se vautrent souvent dans l’intensité du cultivar choisi, mais la Tracteur n’oublie jamais ses racines; le caractère rustique de ce style belge valse avec les houblons du nouveau monde dans un tout des plus élégants.

Si vous avez aimé, essayez aussi: Éponyme du Benelux (QC), Saison du Repos de Hopfenstark (QC), Jack d’Or de Pretty Things (MA).

 Ma tulipe du Trou du Diable est ici remplie d'une sublime Buteuse Brassin Spécial. 
Pourrais-je la combler d'une Saison du Tracteur dans les mois à venir, messires de Shawinigan?

5 sept. 2010

Fête Bières et Saveurs: quelques recommandations

Cette année, je dois admettre que le temps (OK… la capacité aussi) m’a manqué pour faire un tour d’horizon complet, mais voici tout de même quelques bières dont la dégustation est plus que recommandable en cette édition 2010 de la Fête Bières et Saveurs.


Bières rafraîchissantes

Unibroue Blonde de Chambly: Cette nouveauté relativement légère d’Unibroue offre un équilibre remarquable entre acidité et épices

Importations privées Bieropholie Birrificio del Ducato New Morning: Cette rare Italienne réussit magistralement à allier complexité, aromates originaux et fraîcheur.


Pour les inconditionnels du houblon

Benelux Cuda: Un brassin frais et explosif de cette IPA valeur sûre.

Broadway Pub Wescot: Une IPA sèche et franche


Pour les amateurs de torréfaction

Bedondaine et bedons ronds Dernière Brosse: Un stout riche, rond et doux qui joue dans des plates-bandes vanillées et chocolatées rappelant le moka.



Une bière expérimentale

Benelux Alter Novis: Le mûrissement de 5 mois en fût de chêne sied parfaitement la Novis qui devient boisée et sauvage, gagnant en profondeur par rapport à la rafraîchissante Novis régulière


Amusez-vous bien, n’abusez pas et traînez votre petite laine, car les températures chutent rapidement et la brise du bassin est soutenue.

1 sept. 2010

Fin de semaine du travail = Bières et Saveurs


En ce mercredi, nos chers météorologues semblent encore indécis quant aux conditions qui règneront à Chambly lors de la fin de semaine du travail. Il semble toutefois que la chaleur accablante nous quittera pour de bon vendredi. Les températures devraient être confortables pour assister à l’événement brassicole québécois le plus convivial de l’année.

La Fête Bières et Saveurs fait encore une fois le pont entre les plaisirs gastronomiques du terroir québécois et les créations liquides qui savent si bien les accompagner. L’événement est couronné de succès année après année, notamment grâce à son site enchanteur aux abords du Fort-Chambly. Fait rare pour un festival - tous genres confondus - nous en sortons généralement apaisés plutôt que fatigués.




Ce sont plus de 25 exposants qui offriront des bières artisanales dans ce contexte jovial, alors il y en aura pour tous les goûts. Profitez-en pour découvrir les artisans qui vous sont moins familiers et encourager l’un des bastions de la bonne bière chamblyenne qu’est Bedondaine. Ses bières sont souvent originales, mais surtout remarquablement équilibrées et rondes.

Pour ma part (David), vous pourrez me croiser au kiosque des importations privées Bièropholie le samedi, entre midi et 16h. L’ami Hughes Gauthier, pilote de ce kiosque, nous réserve une impressionnante palette d’une dizaine de grands crus dont plusieurs n’ont jamais été vendus au Québec. Entre autres, la Grand Cru de l’Empereur d’Het Anker saura ravir les amateurs de belges brunes riches en fruits et en complexité comme la Chimay Bleue. Presque à l’opposé, la Jandrain-Jandrenouille Saison rafraîchira par son agréable sécheresse poursuivie par une délicate amertume citronnée rappelant la Saison Dupont.

En fonction du retour à la maison, je proposerai quelques coups de cœur samedi soir ou dimanche.

Bon festival!