22 janv. 2011

Qu'est-ce qu'un ticker?



Parmi ses nombreuses conséquences, le phénomène de la prolifération des bières de qualité dans plusieurs pays a engendré une multitude de phénomènes gravitant autour du monde brassicole. À n’en point douter, sociologues et psychologues y trouveraient des manifestations sociales dignes d’études de longue haleine. Par exemple, nous pourrions avoir des heures de plaisir(!) à catégoriser les buveurs de bière selon leurs objectifs.

Une des catégories qui soulèveraient les commentaires les plus piquants serait sans doute celle des tickers. D’ailleurs, tant qu’à disposer de votre attention, allons-y donc de quelques commentaires sur les tickers! Les quoi? Les tickers. Prononcez TÉ-KAH avec votre plus bel accent British. Qu’est-ce qui les définit? L’esprit du collectionneur, un peu, la manie des listes, beaucoup, le sentiment viscéral que « plus, c’est mieux », passionnément et l’esprit de compétition, à la folie.

Le ticker, aussi surnommé scooper, cherche à goûter le plus grand nombre de bières possible. Le phénomène tire son origine de cette chère Grande-Bretagne où plusieurs brasseries tendent à produire des bières très similaires d’un brassin à l’autre, mais portant toujours un nouveau nom. Théoriquement, il s’agit là d’une nouvelle bière et la Grande-Bretagne voit ainsi défiler des milliers de nouvelle ales différentes sur les pompes de son territoire et ce, à chaque année. Vous comprendrez que lorsqu’on exerce le métier depuis plusieurs années, on compte des dizaines de milliers de ticks à notre actif. Oh oui, un tick est une bière que vous avez essayée… quoiqu’il serait peut-être plus approprié de dire que vous l’avez conquise. À cet effet, il semble d’ailleurs qu’un certain Brian Moore, vétéran ticker approche dangereusement des 50 000 ticks. Performance honorable, surtout en tenant compte du fait que parmi les règles que Brian s’impose lui-même afin de préserver ses précieux honneur et amour-propre, il y a celle de ne pas compter un tick pour toute bière dont il consomme moins d’une demi-pinte. En pintes impériales, bien entendu!


Il s’agit là d’un exemple extrême, mais plusieurs amateurs, moi le premier, sont des tickers modérés. Bien qu’ils visitent fréquemment certains classiques, ils perçoivent la nouveauté comme une qualité supplémentaire dont une bière peut bénéficier. Après tout, l’inconnu représente une opportunité d’élargissement de nos horizons, de découvrir de nouvelles saveurs. L’inconnu, c’est la possibilité d’apprendre. Et la volonté d’apprendre, c’est l’ouverture d’esprit qui distingue le buveur fidèle et fermé à sa Budweiser du consommateur curieux, avide lecteur des Coureurs des Boires.


L’éternel allié du ticker? Son calepin de notes afin de consigner ses conquêtes.

Le lieu de prédilection du ticker? Le festival de bières, où, avec un peu de chance, il peut trouver quelques dizaines de produits qu’il n’a encore jamais croisés.
Le meilleur collègue de travail du ticker? Celui qui pense systématiquement à ramener quelques bières d’outre-mer lors de ses déplacements d’affaires!

Le pire défaut chez les amis du ticker? Être dédaigneux. Alors ça non! Il faut lui offrir au moins une gorgée de cette opportunité qui se trouve dans votre verre afin que vous puissiez rapidement faire le tour de la carte des bières et passer au prochain établissement abritant quelques nouveautés.

Le péché du ticker? Puisque l’alcool enivre, embouteiller les bières qu’il n’a pas été en mesure de consommer et les revisiter plus tard, dans le confort de la maison.

Les brasseries québécoises favorites du ticker? Au Maître Brasseur lors des belles années (ex ante 2010), Brasseurs du Hameau, Multi-Brasses; ironiquement, les brasseries pour lesquelles Photoshop recèle encore le plus de secrets.

Plus d’infos : http://www.scoopergen.co.uk/Main_Page_again.htm

3 commentaires:

David P. a dit…

Excellent billet.

Nicolas a dit…

Je suis en train de regarder le documentaire Beer ticker beyond the ale. Je suis surpris de voir qu'ils "embouteillent" certaines bières dans des bouteilles de plastique. Ça leur permet de les boire à la maison.

On se demande à quel point cette bière "embouteillée" est fraîche!

Martin Thibault a dit…

Si tu fais référence à la pratique appelée "hand-bottling", qui consiste à embouteiller une bière qui a été tirée du fût, ouais, il faut vraiment se demander si c'est respectueux envers le brasseur et son produit. Nous connaissons des brasseurs-maison qui sont capables de le faire sans dénaturer complètement le produit, mais cela demeure tout de même une manipulation de la bière qui n'a pas été désirée par le brasseur. Selon nous, ce genre de comportement n'amène que rarement à quelque chose de bon...