20 avr. 2011

Des grands crus et des grands accords



Lors de la soirée des grands crus du 16 avril, rappelons qu’il y avait aussi un volet cocktail dînatoire. Ne se contentant jamais de faire appel à des collaborateurs de second ordre (exception faite des Coureurs des Boires), les cerveaux derrière le Siboire ont cru bon d’inviter le chef Danny St-Pierre, chevalier émérite de l’ordre des Bons Vivants depuis 1927, date qui, selon nos recherchistes, précède sa naissance.

Muni de la carte des bières, St-Pierre a concocté six bouchées ayant pour objectif de rendre une bonne bière et une bonne bouchée supérieures à la somme de leurs composantes, grâce à une harmonie digne des plus beaux couples de ce monde : une osmose Brangelinesque.

Parcourons ensemble les sentiers gustatifs qu’a élaborés pour nous le chef.

1er service : Bière – La Capricieuse, une bière de blé du Siboire | Bouchée – Sandwich « pas d’croûte » à la truite marinée




Les élégantes présentations du Siboire servaient d'aide-mémoire tout au long de la soirée

D’emblée, on sent le désir d’entamer la soirée sous le thème de la fraîcheur. La Capricieuse, citronnée et fraîche justement, dont le malt rappelle le pain, répond aux pulsions aussi citronnées de la truite servie façon tartare et du simplissime pain blanc. La table est mise.

2e service : Bière – Galaxy, une IPA de Hill Farmstead | Bouchée – Homard façon Marie-Louise





Cette bière monohoublon jouit d’un arôme explosif de fruits tropicaux et d’agrumes. Comment assurer l’équilibre ? En intégrant la chaleur du wasabi de même que l’amertume et l’acidité de véritables pamplemousses au homard. Original et bougrement efficace au point où nous aurions été curieux d'essayer différents dosages de wasabi.

3e service : Trip d’Automne III – une Triple du Siboire | Bouchée – Ailes de poulet glacées au miel avec ranch au bleu





À table, la Triple représente une bière presque passe-partout, capable d’accompagner plaisamment la plupart des plats. Peu de danger ici donc, mais la connexion s’établit principalement via l’aspect miellé commun aux deux participants. Le lien étant fait, la bière emprunte son propre chemin de levure fruitée et de malts rappelant le pain frais alors que l’exquise sauce au bleu apporte le penchant salé à l’approche sucrée initiale.

4e service : IABA – une Brown Ale forte et très houblonnée du Siboire | Bouchée – Tartelette à l’oignon et cheddar vieilli





Le houblon et le cheddar se rejoignent par leurs aspects épicés, voire salés alors que les malts toastés s’amourachent du soupçon caramélisé des oignons. Un impeccable accord multidimensionnel où aucun élément ne domine les autres.

5e service : Impériale Express – un Imperial Stout du Siboire | Bouchée – Rouleau de tartare de bœuf et purée de betterave et café





Le Stout représente toujours un choix gagnant avec un bœuf bien cuit pour relever le rôti des deux parties, mais avec un tartare ? C’est néanmoins concluant puisque l’Imperial Stout dégage de convaincants arômes de café, lesquels sont réfléchis par l’étonnante purée. Auriez-vous eu l'idée de combiner café et betteraves, vous? Sans doute existe-il un lien moléculaire entre ces deux aliments. Le sel du tartare vient encore enquiquiner les houblons du Stout.

6e service : McEis – Scotch ale du Siboire, version gelée | Bouchée – Rice Crispies au chocolat et sucre à la crème





Cette fois, c’étaient deux bouchées auxquelles les convives avaient droit. Bien que très sucrée, la McEis, comme aucune autre bière d’ailleurs, ne peut simplement pas rivaliser avec le sucre à la crème. En revanche, la douce effervescence atténue l’impact du sucre à la crème tandis que des envolées caramélisées et d’érable surgissent de part et d’autre . La Scotch Ale étant complexe, elle aborde aussi le thème du chocolat, à l’image des Rice Crispies. Peut-être si on essayait les 3 en même temps ? Ou serait-ce de la gourmandise ? Sans doute, raison de plus d’essayer !





Globalement, l’événement a été mené avec grand professionnalisme, tant au niveau des délais du service et du support visuel qu’au niveau de l’abondance des bouchées dont plusieurs convives ont profité à de multiples reprises.

Danny St-Pierre s’est avéré performant dans l’exécution et créatif dans la conception. Avant tout, il tente de produire des bouchées de grande qualité, dont les ingrédients sont irréprochables. Les bouchées, tout comme les bières, seraient toutes parfaitement agréables prises seules. Une fois cette fondation solide bien établie, son approche pour l’agencement semble être basée sur le modèle d’un système nerveux. Il établit d’abord certains points de connexion, des liens qui uniront le liquide au solide. Ensuite, il laisse la magie opérer, chaque embranchement suivant son propre chemin, les échos des saveurs communes tissant le tout ensemble et s’établissent comme le point central d’un système solaire autour duquel gravite des échappées de différences, la différence étant, comme on le sait, la source des plus grands bonheurs.

Vivement une prochaine édition !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Nous y étions et tous ces commentaires sont vrais et encore plus. Une très belle soirée !

Dyane R.