29 déc. 2011

Cigar City Brewing; un concept novateur de brasserie artisanale

 José Marti, penseur cubain et muse de la American Porter de la brasserie, avait dit qu'un seul 'grain de poésie suffisait pour assaisonner un siècle'...

Non, ils ne concoctent pas de bières aromatisées au tabac. Pourtant, si vous connaissez Cigar City Brewing, vous vous doutez comme nous que l’idée a déjà été mijotée. C’est que cette toute jeune microbrasserie de Tampa, en Floride, ne se gêne pas pour utiliser leur fourquet à toutes les sauces. Leur India Pale Ale, nommée Jai Alai, par exemple, se décline en non moins de 25 versions. Une conditionnée en fûts de cèdre (comme une boîte à cigares, a-ha!), une en barriques de chêne blanc, une à la papaye, une à la goyave, une fermentée avec des levures belges, une poussée à l’azote et aromatisée à l’orange sanguine, etc. Même le prolifique brasseur danois Mikkeller n'est pas allé si loin dans sa multiplication des brassins. 

Le même concept est utilisé pour la majorité des recettes les plus populaires de Cigar City. La Marshall Zhukov Imperial Stout revêtit presque autant de différents accoutrements, comme le vieillissement en barrique de bourbon, de whisky, de chêne, de porto, de cèdre, avec ou sans ajout de cacao, de piments forts et d’épices, etc. Si bien que Cigar City compte aujourd’hui plus de 250(!) bières à son actif et ce, après seulement 2 années d’existence. Ridicule? Étourdissant? Impressionnant?

Certains diront qu’on est en présence ici d’une équipe qui profite, à l’extrême, de l’engouement toujours croissant en Amérique du Nord pour la nouveauté dans le domaine de la bière. Ils n’auraient pas tort. Toutefois, une fois quelques bouteilles différentes dégustées (une vingtaine dans notre cas), force est d’admettre que la clé de leur succès réside, à la base, dans la main de maître du brasseur Wayne Wambles. Après tout, lorsqu’on laisse autant de variables différentes interagir avec nos bières, le quotient de difficulté augmente dangereusement à chaque opération. Il serait si facile de ruiner la chimie d’une bière lors d’un séjour prolongé sur une pâte de prunes avec une panoplie d’épices, comme Wayne le fait lorsque avec sa Brown Ale à l’avoine, la Maduro, lorsqu’il la métamorphose en Sugar Plum Brown, son offrande de Noël. Inutile de dire que cette Brown Ale est elle aussi déclinée en plus d’une douzaine d’autres façons. 

La Jai Alai IPA aux côtés de sa sublime soeur conditionnée en barriques de cèdre

Pourtant, à part les quelques inévitables déceptions personnelles, les créations de Wambles frappent très souvent dans le mille, séduisant autant la personne en quête de saveurs franches que celle recherchant les nuances. Ce succès ouvre donc la porte très grande à un agencement bières-mets. Vous voulez une IPA afin d’enjoliver votre curry Thaï? Pourquoi pas la version à la papaye? Vous cherchez une Brown Ale plus robuste qu’à l’habitude pour enrober chaque bouchée de pièce de gibier? Essayez la Bolita, version plus chaleureuse de la Maduro. Vous désirez plutôt rajouter du piquant à cette même pièce de viande? Alors laissez vous tenter par la East India Spiced Brown, une Maduro brassée avec des épices qui rappellent le chaï. Bref, quantité d’harmonies sont possibles avec le concept novateur de brasserie artisanale élaboré par Cigar City Brewing. Imaginez le malheur qu’une telle brasserie pourrait faire si elle gérait son propre restaurant…

22 déc. 2011

Guide de voyage brassicole – La Belgique : introduction


Peu de pays suscitent l’enthousiasme des amateurs de bières autant que la Belgique. C’est souvent de ce plat pays que proviennent les bières qui nous ont portés à tourner le dos aux grandes brasseries industrielles et à leurs produits homogènes. Pas mal pour une contrée d’à peine 11 millions d’habitants, 55 fois plus petite que le Québec de surcroît !


Cette petitesse du territoire est un des facteurs qui fait d’un périple en Belgique une initiation logique au tourisme brassicole. On traverse le pays d’un sens comme de l’autre en deux heures de route. Pour convaincre votre tendre moitié d’entreprendre pareille épopée, utilisez des arguments éprouvés comme le charme romantique de Bruges, dite la Venise du Nord, le réconfortant accent wallon, le dynamisme de la capitale européenne Bruxelles, l’excellence des chocolatiers, la chaleureuse hospitalité des Belges une fois les introductions faites et une culture gastronomique donnant droit à des festins répétés même dans les endroits où l’on s’y attend le moins.


Un autre facteur rendant la Belgique idéale pour un voyage brassicole est évidemment l’immense variété de produits offerts. Les quelques 150 brasseries belges produisent plus d’un millier de bières différentes à l’année. Mieux encore, la culture de la bière est si bien implantée que le moindre bistro campagnard risque d’avoir une dizaine d’offrandes en bouteille à moins de 5$ pièce. Le plus petit dépanneur de Belgique propose probablement au moins de la Chimay et de la Duvel pour moins de 3$ l’unité. N’empêche, ce n’est pas nécessairement ce que le Belge moyen boit. Ici comme ailleurs, des brasseries inscrites en bourse dominent le marché de leurs lagers dorées qui n’ont rien d’artisanal. Les Jupiler et Maes Pils jouissent d’une ubiquité similaire à celle de nos Molson Ex et Labatt Bleue. Ça tombe bien que vous n’ayez pas besoin de chercher ces bières en Belgique puisque nous n’avions pas l’intention de vous en parler. Ce qui nous intéresse en Belgique, ce sont surtout les milliers de bières artisanales qui jouent le rôle du vin à table plus que n’importe où ailleurs sur la planète.


Pour résumer la planète bière belge en un mot, plusieurs seraient tentés d’utiliser «créativité». Les brasseurs belges font toutefois des bières différentes depuis plusieurs générations et se montrent majoritairement conservateurs dans leur créativité, produisant une variété de bières qui était plus étonnante comparativement au reste du monde il y a 20 ans qu’elle ne l’est aujourd’hui. De nos jours, on recense une variété tout aussi impressionnante au Québec, en Italie, au Danemark ou aux États-Unis, où les brasseurs subissent davantage les influences internationales. D’ailleurs, les brasseries les plus créatives de Belgique destinent surtout leurs produits à l’exportation. Ce qui fascine tant leurs clients d’outre-mer se résume tout entier dans le mot « levure ».

La levure est l’arme secrète (ou l’âme secrète?) des bières belges. Plusieurs brasseries possèdent leur propre souche bien distinctive, laquelle se traduit par un caractère maison unique. En quelque sorte, la levure belge est une expression du terroir dans la bière. Chaque établissement la protège scrupuleusement et bien que plusieurs brasseries belges semblent bien rustiques comparativement aux systèmes immaculés de maints broue-pubs nord-américains, elles n’accordent pas moins un soin obsessif à la santé de leur levure.

Les levures belges ont une telle importance sur la scène brassicole internationale que le terme « belge » est un descripteur généralement accepté pour décrire le caractère d’une bière, peu importe son origine, aux arômes fermentaires rappelant ceux typiques de Belgique. Quel est-il, ce caractère ? On pourrait le décrire comme fruité et épicé. Les souches de levure belges tendent à produire beaucoup d’esters fruités, notamment parce que les bières sont souvent fermentées à des températures particulièrement élevées. Cependant, les levures anglaises produisent aussi des notes fruitées, alors ce n’est pas spécifique aux levures belges. Les levures belges sont toutefois plus généreuses en notes phénoliques que les levures anglaises. Les notes phénoliques sont principalement responsables des soupçons d’épices qui distinguent les bières belges. Le seul autre type de levure qui a un impact aussi marqué sur le produit fini est celui qui est utilisé pour les Weizen, ces bières de blé allemandes. Ce type est toutefois assez facilement identifiable par ses effluves dominants de clou de girofle et de banane. Ces arômes sont aussi souvent perçus dans les bières belges, mais généralement plus étalés à travers des ramifications de poire, de fruits jaunes, de raisin, de poivre… Les levures belges produisent plusieurs des bières les plus complexes de la planète et grâce à diverses techniques, celles-ci ne sont pas lourdes pour autant. C’est cet univers fascinant que nous explorerons au fil des prochaines semaines. Le prochain article commencera par l’opération délicate de définir ce qui se fait en Belgique. Vous noterez que nous évitons volontairement de parler des styles de bière belge ; nous vous expliquerons pourquoi sous peu !


15 déc. 2011

La Valak, de l'Amère à Boire, à Montréal

Grégoire Roussel, maître-brasseur de l'Amère à Boire 
Photo signée Olivier Germain



L'Amère à Boire fête ses 15 ans! Toujours aussi modeste, ce n'est pas avec tambours et trompettes que le brouepub de la rue St-Denis festoie, mais plutôt avec une sélection de bières, lagers comme ales, d'une qualité exceptionnelle. Comme à l'habitude quoi. Nous l'avions sacrée 'brasserie d'exception' dans La Route des grands crus de la bière et nous ne douterons jamais de notre décision. Le brassin de Černá Hora aux pompes en ce moment brille de sa fraîcheur et de ses nuances, tout comme le brassin de Drak d'ailleurs. Pour continuer dans les inspirations tchèques, nous avons droit à une nouvelle venue: la Valak, lager forte titrant 8,4% d'alcool. Un nouveau membre de la famille Amère à Boire qui mérite d'être louangé dès maintenant!


Style : C'est une lager forte de couleur blonde inspirée de la République Tchèque. Là-bas, on l'appellerait Světlé Speciální. Le style est d'ailleurs cousin des Heller Bocks allemandes, un peu plus communes en Amérique du Nord. Veuillez lire notre article sur les styles tchèques pour plus d'informations sur ce type de bière très rare en Amérique du Nord. 

Disponibilité : Puisque la Valak a été conçue pour célébrer le 15e anniversaire du brouepub, difficile de dire à quelle fréquence elle réapparaîtra à l'ardoise. Ses six mois de conditionnement compliquant les choses, nous pouvons tout de même espérer qu'elle refasse surface au moins à chaque année.

Le coup d’œil : Une mousse blanche, crémeuse, dresse une dentelle séduisante sur les parois du verre, décorant admirablement la robe dorée miellée.

Le parfum : Des houblons épicés surmontent des céréales subtilement miellées. L'arôme est riche et son impact est mieux dosé que plusieurs bières fortes conçues en Amérique du Nord.

En bouche : Dans un corps des plus moelleux sont juxtaposées céréales fraîches, houblons épicés et citronnés et alcool chaleureux. Si ce n'était de la présence d'alcool dans le profil de saveurs, on aurait autant de facilité à boire cette Valak que la Drak de la maison (par exemple).

La finale : Une chaleur d'alcool accompagne les houblons amers et les malts miellés, continuant avec brio le travail équilibré présenté dès le parfum.

Accords : Du burger de lapin mariné au genièvre au fish and chips de colin, cette Valak saura se marier à plusieurs items au menu de L'Amère à Boire.

Pourquoi est-ce un grand cru? : L'équilibre des saveurs, la douceur du corps et la dentelle dessinée tout au long du verre alors que la bière disparaît sont toutes signes d'un produit peaufiné digne de l'ardoise de L'Amère à Boire. Et en plus, nous avons droit à un type de bière rarissime en Amérique du Nord. Quoi demander de plus afin de célébrer un anniversaire!

Si vous avez aimé, essayez aussi : Évidemment, la sublime Černá Hora de l'Amère à Boire, afin de goûter à une lager tchèque dans toute sa pureté. Ne manquez pas aussi la Maibock des Trois Mousquetaires (Brossard) et la Maibock de Smuttynose (New Hampshire) pour découvrir des variations sur le thème des lagers blondes fortes.


8 déc. 2011

Dégustation de gueuzes à l'aveugle!





Comme nous l’avons indiqué précédemment, le prochain guide brassicole traitera de la Belgique. Il y a fort à dire sur ce pays dont la superficie limitée n’a aucune commune mesure avec l’immense influence de son héritage brassicole sur les microbrasseries modernes. C’est particulièrement vrai au Québec où plus qu’ailleurs, des pionniers comme Unibroue et Charlevoix ont suivi davantage les sentiers battus par la Belgique que ceux des contrées britanniques et germaniques. Nous aurons l’occasion de discuter plus en profondeur de la scène brassicole de Belgique, mais un des aspects qui la distingue de presque toutes les autres est la survie de la plus naturelle des bières : le lambic. Le moût des exemples les plus authentiques est ensemencé uniquement par des ferments sauvages. Voilà un vestige d’une autre époque qui jouit présentement d’un regain d’intérêt dans la manne de la révolution microbrassicole. La variante de lambic la plus célébrée et répandue est la Gueuze, un assemblage de lambics d’âges variés qu’on désigne souvent comme champagne de la bière.

Les Coureurs des Boires ont récemment invité quelques amis pour prendre part à une dégustation de Gueuzes et produits semblables à l’aveugle. Lors de ce longuet après-midi, nos papilles ont vécu les hauts et les bas de l’acidité à travers 18 produits, presque tous belges. Pour plus de variété et surtout de surprise, nous avons aussi intégré des intrus sauvages du Danemark, des États-Unis et même une bière-maison d’un des participants.
Pour les curieux, le service a été effectué par un des participants. Ce dernier séparait les bouteilles de 750 ml (ou 2X 375 ml) en 9, soit le nombre de victimes. Tout ce beau monde buvait dans un verre de format INAO et devait remplir une fiche de dégustation semblable à la fiche des résultats ci-dessous. Inutile de le préciser, la dégustation s’est étirée sur plusieurs heures.

Voici les résultats :

Ordre de service IdentitéArôme (/10) Apparence (/5) Goût (/10) Texture (/5) Appréciation (/20) Total (/50) Équilibre (/10) Intensité (/10) Authenticité (/10) Écart-type du total (/10)
12 Girardin Black Label 2009 9 5 9 5 18 45 9 8 9 2,4
7 Russian River Temptation 9 5 8 4 17 43 9 7 6 1,7
5 Cantillon St-Gilloise 8 5 8 4 17 42 8 8 5 2,0
2 Tilquin Oude Gueuze 8 4 8 4 17 42 8 8 9 1,8
11 Boon Oude Geuze 7 4 8 4 16 39 8 7 8 3,3
3 Cantillon Lou Pepe Gueuze 2006 7 4 8 4 16 38 8 7 8 3,3
16 De Cam Oude Lambiek 7 4 7 4 16 38 8 7 8 2,8
10 3 Fonteinen Oude Gueuze 7 4 8 4 16 38 8 7 8 2,5
1 Horal’s Mega Blend 7 4 7 3 15 36 7 7 7 2,8
4 Girardin Black Label 2004 7 4 7 3 15 36 7 7 6 1,9
15 Bière sure maison 7 4 7 3 14 35 7 7 6 2,0
17 Mikkeller Spontanale 7 5 7 3 14 35 7 6 6 2,8
13 Boon Mariage Parfait Geuze 7 3 7 3 14 34 6 7 7 2,3
18 Cantillon Bruocsella 6 3 7 3 13 32 6 6 7 3,5
14 Timmermans Oude Gueuze 6 3 6 3 12 30 4 10 5 4,5
6 Hanssens 2004 5 3 5 3 11 27 4 9 4 3,7
9 Vandenstocke 1981 5 2 5 2 9 23 4 5 3 4,2
8 3 Fonteinen Straffe Winter 4 2 4 2 7 18 4 5 3 4,8


Au niveau de l’interprétation, il y a certes un je ne sais quoi de réconfortant à voir que la Girardin Black Label ait triomphé alors que nous la vous recommandions chaudement il y a quelques jours ! Elle l’emporte au total, mais aussi dans toutes les catégories, quoique la course soit fort serrée dans le peloton de tête. Fait intéressant, la même Girardin, dans sa version six ans plus vieille (conservée dans un cellier) a fait figure beaucoup moins honorable, finissant en milieu de classe. Ce constat en a surpris plus d’un. En effet, la Gueuze jouit d’une réputation inégalée quant à son potentiel de vieillissement. Un échantillon ne suffit toutefois pas à tirer des conclusions générales.





Une agréable surprise est la Russian River Temptation qui termine en deuxième position. Ce classique moderne se démarquait des Gueuzes traditionnelles par son accent plus marqué sur les Brettanomyces de même que son caractère céréalier plus défini et peut-être surtout par son corps à la fois plus arrondi et plus aérien, ses grosses bulles s’approchant de la rusticité d’une Saison plus que de la finesse d’une Gueuze. Dans la colonne de l’authenticité, qui n’était pas considérée dans l’établissement du score total, cette Russian River a moins bien performé, plusieurs participants l’ayant même identifiée.

La troisième place sur le podium a finalement été partagée par deux grands produits : Tilquin vieille Gueuze à l’ancienne et Cantillon St-Gilloise, tous deux aux antipodes. En effet, Tilquin est le nouveau venu du monde du lambic, existant depuis moins d’un an et le premier nouvel assembleur des dernières années. Déjà, cette étoile montante livre une Gueuze capable de rivaliser avec les plus grandes. Au chapitre de l’authenticité, elle était même sur un pied d’égalité avec la grande championne qu’est la Girardin. De son côté, la Cantillon St-Gilloise faisait aussi office d’imposture. En effet, si le lambic traditionnel est conçu de manière à n’afficher aucun arôme de houblon, la St-Gilloise est au contraire houblonnée à froid (une technique maximisant l’impact aromatique) avec le cultivar allemand Hallertau. Comme la Russian River, c’est un produit que plusieurs dégustateurs ont identifié et son houblon lui a coûté de nombreux points en ce qui a trait à l’authenticité.





Vous vous demandez ce qui est advenu de la bière maison ? Elle a terminé sa course en milieu de peloton, s’étant, à la manière d’une Russian River, démarquée par son emphase accrue sur les Brettanomyces et ayant du coup perdu quelques points d’authenticité. Il s’agissait sans doute de l’aubaine du lot !

En fond de cave, nous retrouvons 3 produits qui n’étaient pas dans leur assiette ou pas à leur place dans une dégustation à l’aveugle. La grande perdante, la 3 Fonteinen Straffe Winter avait l’air d’avoir plus de 10 ans malgré son jeune âge. Sous son papier d’aluminium, le bouchon de liège était complètement en ruines, ressemblant davantage à de la terre qu’à du liège. La bière en-dessous était malheureusement hautement éventée.
Sa rivale pour la dernière place était l’étonnante Vandenstocke, une relique dénichée au Musée de la Bière Belge de Lustin, près de Namur. Vandenstocke est le nom de famille d’un producteur de lambics défunt ayant depuis été acheté pour aboutir dans le portfolio d’Inbev sous la marque Belle-Vue. Personne n’a trouvé cette Gueuze réellement bonne, mais tous l’ont trouvé fort intéressante pour une bouteille âgé d’un vénérable 30 ans !



La Hanssens 2004 avait sans doute connu de meilleurs jours. À l’âge de sept ans, elle avait développé un côté vinaigré hors style, ce que plusieurs ont peu apprécié. Au chapitre de l’intensité, elle a terminé en deuxième place, l’acide acétique étant moins doux que l’acide lactique typique de la Gueuze.

La Timmermans Oude Gueuze, une nouvelle venue relative de ce brasseur mieux connu pour ses soi-disant lambics aux fruits industriels, a étonnamment remporté la palme de l’intensité. L’effort d’authenticité de Timmermans était louable, mais le produit est axé exagérément vers l’acidité citrique et comporte peu de profondeur. On croirait boire du jus de citron.

Malheureusement, quelques absents de marque auraient pu chambarder le palmarès de cette dégustation. Des produits comme la Lindemans Cuvée René Gueuze et la Cantillon Gueuze Bio font souvent bonne impression, sans oublier les cuvées spéciales de 3 Fonteinen. N’empêche, après 18 gueuzes, tous étaient contents de prendre une pause d’acidité.

Et vous, quelle est votre gueuze favorite ?

4 déc. 2011

Munich, coeur brassicole de la Bavière


La métropole bavaroise habite l’imaginaire de plusieurs voyageurs désirant visiter cette partie du monde. Ses Hirschgarten et Englischer Garten, des parcs urbains abritant, entre autres, des biergartens gigantesques, contribuent grandement à l’atmosphère festive présente de façon permanente ici. Les magasins haut-de-gamme du centre historique relativement moderne (comparativement à Bamberg, par exemple) détonnent cependant, alors que le plus grand marché extérieur en Europe, le Viktualienmarket, confirme la passion des allemands pour le porc. On dirait bien que la moitié de ses kiosques vendent des charcuteries... À cheval entre traditions fermement ancrées et contemporanéité, Munich possède les atouts nécessaires à un séjour des plus diversifiés.  

Avant même de se lancer dans la présentation de nos coups de coeur brassicoles de la ville, nous aimerions dire un mot sur la Hofbräuhaus. Pour ceux qui ne la connaissent pas, c'est la plus grande brasserie de la ville et ses nombreuses salles peuvent contenir jusqu'à 5000(!) personnes. Tous les guides touristiques vous diront d'y aller. Eh bien... allez-y! Ça vaut la peine, le temps d'un Mass (bock d'un litre, seul format disponible). Le service peut par contre y être totalement indifférent, la nourriture caricaturale, la bière bonne, mais sans plus, et le oompah-pah continuel du band folklorique devient lourd puisque répétitif. Bref, facile de trouver mieux dans une ville si bien nantie en brasseries. Voici nos préférées :

Schneider Weisses Brauhaus,  au Tal 7

Une vieille maison typique de la région, avec plusieurs pièces, boiseries et des mets traditionnels bavarois. Parfait pour une introduction à la Bavière, tout en évitant les excès du plus commercial Hofbräuhaus, par exemple. On y sert évidemment la gamme de bières de blé de la brasserie Schneider, en plus de quelques lagers invitées pour ceux qui insistent pour boire une bière de fermentation basse. Les version en fût des bières de blé de Schneider sont convaincantes, même s'il faut s'attendre à une sensation en bouche moins effervescente. Si vous adorez les Aventinus, Hopfenweisse, Schneider Original et Wiesen Edel-Weisse que nous pouvons trouver à la SAQ, il vous faut mettre le Schneider Weisses Brauhaus sur votre liste de priorité.

Andechser am Dom, au Weinstrasse 7a

Plus élégant que la maison traditionnelle de Schneider, le pub et restaurant munichois du monastère d'Andechs (lui, situé à quelques minutes à l'ouest de Munich) ravit autant les yeux que les papilles. Les nombreuses fresques donnent des airs de grandeur au petit local orné de boiseries sanguines. La terrasse est aussi très fréquentée, faisant face au Dom. Si vous n'avez pas le temps d'aller au monastère d'Andechs même, c'est ici que vous risquez d'y trouver la motivation. Les lagers d'Andechs exhibent une telle finesse qu'elles en laissent plus d'un pantois. De l'impeccable Helles à la Doppelbock complexe et satinée, toute bière à l'ardoise excelle dans son style. De plus, les collets recouvrent généreusement les pintes mais jamais les cous des pimpantes serveuses aux décolletés plongeants. On respecte la tradition bavaroise, bien sûr.

Ayinger Speis und Trank, au Am Platzl 1a

Tout juste en face du Hofbräuhaus, ce pub et restaurant de la brasserie Ayinger rafraichit par son authenticité. Les autobus de touristes débarquent de l'autre côté de la rue, alors aucune crainte de se faire envahir de photographes en herbe lors de sa dégustation. Les bières d'Ayinger ont aussi le mérite d'être plus accomplies que celles de Hofbräu. Elles sont toutes servies au fût à ce restaurant, de la rare Kellerbier à la croustillante Pils, de l'effervescente Weiss à la toute délicate Hell. Cette dernière est aussi servie par gravité d'un baril de bois sur le comptoir à partir de 17h. Malgré toutes les options brassicoles à Munich, on prend plaisir à retourner au Ayinger Speis und Trank.


Augustiner Bierhalle und Restaurant, au Neuhauser Strasse 27 

On garde le dessert pour la fin. Non seulement notre coup de coeur à Munich, mais peut-être bien une des enceintes brassicoles les plus impressionnantes en Allemagne, le Augustiner Bierhalle und Restaurant sait plaire. Tout d'abord, l'endroit est gigantesque, alors facile de trouver un coin qui nous plait. Que ce soit du côté bar, tout en bois, là où l'on sert la Lagerbier à partir d'un baril de bois par gravité dès 16h, ou sur une des terrasses, ou même dans la somptueuse salle à manger, tout est mis en place pour épater. Du service des plus professionnels et sympathiques (oui, oui, cela existe à Munich!), aux multiples ambiances, de la qualité de la boustifaille à celle des lagers, tout ici respire la qualité. Mis à part les offrandes en fût, ne vous gênez surtout pour demander une bouteille de la Pils. C'est tout simplement une des plus grandes de son genre, à notre humble avis.

...

 Ceci conclut (pour l'instant) notre guide de voyage brassicole sur l'Allemagne. En espérant que vous y avez trouvé de quoi rêver à votre prochain périple! Le prochain guide de voyage brassicole aura comme destination... hmmm... la Belgique?


Si vous avez manqué quelques articles de ce guide de voyage brassicole, vous les retrouverez au bas de cette page.