31 août 2011

Enfin Chambly!

Notre temps d’attente pour la Fête Bières et Saveurs de Chambly tire à sa fin. Finalement ! Ne manquez pas cette édition qui marque le dixième anniversaire de cette grande fête de la bière, du terroir et de l’extérieur. Espérons que Dame Nature sera de notre côté comme elle l’a si bien été pour la majeure partie de l’été.

Du côté des Coureurs des Boires, nous avons sollicité les brasseurs afin qu’ils nous révèlent les produits qu’ils allaient offrir aux pompes. Pour votre plus grand plaisir, nous avons développé un répertoire de nos offrandes préférées, celles qui méritent notre accolade « Grand Cru ». Des bières foncées comme pâles, acides, sucrées comme amères, pour tous les goûts bref, ont été sélectionnées. En tout, il y aura une cinquantaine de tels Grands Crus servis au courant de la longue fin de semaine. Si vous souhaitez participer avec nous à cette chasse aux trésors, il n’y aura qu’à repérer les affichettes rigides de format 4 X 6 qui décoreront les pompes de nos bières favorites.

Pour faciliter votre quête, voici un aperçu d’une affichette type :



Veuillez noter que nous serons aussi présents au kiosque numéro 3, celui des bières importées, situé à proximité de l’entrée principale. À ce kiosque, nous gérerons un tableau où nous proposerons « Les Grands Crus du moment », en rotation constante durant le festival. Passez donc nous voir fréquemment pour des recommandations. Ce sera aussi l’occasion de faire dédicacer votre exemplaire de La Route des Grands Crus de la Bière si ce n’est déjà fait, ou de s’en procurer une copie pour le neveu qui ne l’a pas encore.

À vendredi !... ou samedi… ou dimanche… ou lundi, enfin, au plaisir de vous y croiser !

29 août 2011

Les bières de la brasserie Djaevlebryg disponible chez Importations Privées Bièropholie

Djaevlebryg… Cette brasserie au nom imprononçable jusqu’à ce qu’on comprenne qu’il se traduit par brasserie du Diable (DjaevelDevil) a été l’une des plus agréables découvertes lors de notre visite en festival de Copenhague en 2007. Il faut préciser que le festival de la capitale danoise présente l’une des sélections les plus importantes de la planète, la sélection étant potentiellement devancée uniquement par celle du Great American Beer Festival. L’exploit n’est donc pas peu mince. Ce sont particulièrement leurs bières noires, les Nekron et Son of Nekron qui nous avaient séduites. Il est donc fort plaisant qu’Importations Privées Bièropholie continue de nous offrir la chance de découvrir les nouvelles créations de ces talentueux amateurs du péché.

Son of Nekron
Un Imperial Dry Stout? Cette ténébreuse noire regorge de malts bien acides, bien amers et de houblon terreux efficace. Les amateurs de St-Ambroise Noire… et de chocolat noir y trouveront leur compte. Gudelos
Difficile d’imaginer un Stout plus appétissant que ce noir absolu couronné d’une merveilleusement dense et crémeuse coiffure beige. Dès l’approche, on plonge dans un univers de malts d’une profondeur à tout rompre, tant dans le rayon du rôti que dans ceux des fruits liquoreux et des céréales. À la fois intense et digeste. Pour les amateurs de Dieu du Ciel Grande Noirceur et d’Impériale Express du Siboire.



Old Mephisto
Des confitures de fruits variés nappent les céréales caramélisées de ce vin d'orge raffiné, alors qu'une chaleur d'alcool et des houblons poivrés saisissent la finale. En voilà un qui fait dans le moule anglais plutôt que dans le moule américain focalisant davantage sur l’amertume. Pour les amateurs d’orgies de malt.




La commande comporte aussi quelques bières que nous n’avons jamais eu la chance de goûter. Il s’agit des :

OriginAle






Une Imperial IPA qui porte bien son nom en ce sens où elle mise sur trois houblons anglais plutôt que les houblons américains citriques et résineux habituels.




Mareridt



Une originalité encore plus étonnante ! Imaginez le topo : une saisonnière d’été, bière pâle aux malts fumés et dont la fermentation a été complétée par des levures Brettanomyces !




Hjul & Stelje



Et oui, une autre création des plus inhabituelles. L’eussiez-vous cru ? Cette Pale Ale relativement légère (5%) comporte une bonne proportion de seigle malté, lequel apporte habituellement une touche épicée et encore une fois, des brettanomyces viennent complémenter la fermentation… conférant sans doute des notes épicées supplémentaires.








Joyeuses importations!


27 août 2011

Bamberg, ville brassicole à couper le souffle





Au nord de la Bavière se trouve une région fièrement indépendante où l'on brasse, et l'on parle, d'une manière bien distincte. La Franconie (Franken, en allemand) représente aujourd'hui un de ces paradis brassicoles qui se veut un musée à ciel ouvert de ce que l'Allemagne avait l'air bien avant la destruction des guerres mondiales. Bamberg, ville protégée par l'UNESCO grâce à son centre historique miraculeusement intact, est le centre de cette région brassicole parmi les plus riches au monde.




Ceux qui se dirigent vers Bamberg pour la première fois, ayant lu sur les traditions brassicoles de la ville, arrivent souvent avec des attentes quant à ses bières fumées, appelées Rauchbier. En fait, plusieurs croient que la majorité des dix(!) brasseries de la ville ont une Rauchbier à l'ardoise. Par surcroît, quantité de voyageurs croient que ces lagers fumées auront autant d'impact gustatif que la remarquable Schlenkerla Märzen, porte-étendard de ce style sur la planète brassicole. Il suffit pourtant d'un court séjour à Bamberg - et en Franconie - afin de pouvoir démentir ces deux croyances. Premièrement, seulement 3 brasseries sur 10 à Bamberg produisent une ou plusieurs Rauchbiers. Deux d'entre elles figurent d'ailleurs dans cet article. Finalement, aucune Rauchbier en Franconie n'est aussi intense que la célèbre Schlenkerla Märzen. Celle de Brauerei Rittmayer à Hallerndorf la lorgne, mais ne possède tout de même pas la même longueur boisée que la Schlenkerla...



À chaque visite, que vous aimiez ces lagers fumées ou non, Bamberg impressionne. Que ce soit par sa beauté incommensurable ou par la qualité de ses nombreuses brasseries, kellers ou bars à bières, il est difficile d'y revenir sans être atteint d'une profonde nostalgie d'un temps où presque chaque village et chaque quartier urbain possédait une brasserie. Ici, le temps s'est arrêté, au grand plaisir de tout amateur de bière de qualité. Voici donc la première partie de nos établissements brassicoles préférés à Bamberg. Suivront 4 autres billets, tous détaillant certaines des plus savoureuses expériences pouvant être obtenues dans cette région rurale.



Schlenkerla Ausschank, au 6 Dominikanerstrasse





Si vous n’avez jamais entendu parler de la brasserie Heller-Trum, producteurs de la marque Schlenkerla, dirigez-vous immédiatement vers votre SAQ pour aller y chercher une bouteille de leur Rauchbier Märzen. L’expérience de ses saveurs rappelant le bois et le gibier ultra fumés n’a d’égal dans le monde de la bière. Chose faite, vous comprendrez à quel point il est ahurissant pour toute personne non franconienne que ce pub, en plein centre de la vieille ville touristique de Bamberg, est bondé de gens de tous âges qui tous (tous!) boivent sans retenue cette lager intensément fumée. Il faut déambuler à travers chaque pièce aux boiseries peintes de sang de taureau(!) afin d’y croire. Peu d'endroits au monde copient ce bar de la brasserie Heller-Trum. C'est beaucoup trop risqué.



Brauerei Spezial, au 10 Obere Königstrasse





Malheureusement, certains désignent Spezial comme étant « l’autre » brasserie de Bamberg se spécialisant en bières fumées. Pourtant, Christian Merz fait un travail aussi impressionnant que Matthias Trum de Schlenkerla. Ses bières ont peut-être un impact gustatif moindre que la gamme Schlenkerla, mais elles sont tout aussi irréprochables. Sa « Lager » propose des flaveurs de bois fumant dans un corps longiligne, presque sec, propice aux grandes gorgées. Si vous êtes chanceux, vous pourrez aussi prendre une de leurs bières saisonnières; leur Märzen, leur Bock et leur Festbier sont tout aussi élégantes, possédant des malts caramélisés superbement sculptés, toujours empreints d'une légère touche fumée. Arrivez vers 17h pour les accompagner d'un pretzel maison fraîchement sorti du four et vous vous approcherez de plus en plus de la quintessence de l'expérience bambergoise.



Greifenklau, au 20 Laurenziplatz





Bien que Bamberg compte sur 10 brasseries artisanales pour une ville d'à peine 70000 habitants, une seule d'entre elles, selon nous, constitue l'expérience Franconienne complète: des bières non filtrées avec un caractère rustique, un biergarten sous les marronniers et un emplacement convivial rappelant les plus beaux coins de la campagne. Cette brasserie se nomme Greifenklau. Ici, on oublie qu'on est en ville. La vue sur le petit château d'Altenburg, entouré d'arbres, contribue à cette sensation. Rajoutez le verger au pied du biergarten, la vieille maison aux pièces décorées par grand-mère (nous l'espérons bien, du moins) et une lager toute douillette - emplie de notes de pain toasté équilibré par un houblon herbacé doucement amer - et puis vous comprenez tout de suite ce que la campagne Franconienne a à offrir; sans même y avoir encore mis pied. Le bien-être et la relaxation y sont inévitables.



La semaine prochaine, la suite de nos coups de coeur brassicoles à Bamberg... ensuite, cap sur la campagne!

23 août 2011

Les bières importées disponibles au festival de Chambly

La bonne nouvelle avec la fin de l'été, c'est qu'elle rime avec l'arrivée du Bières et Saveurs de Chambly, maintenant dans une dizaine de jours à peine. Comme l'année dernière, un des kiosques susceptibles de nous faire faire de belles découvertes est celui des bières importées, piloté par Hughes Gauthier, PDG d'Importations Privées Bièropholie. Nous avons eu la chance de mettre la main sur la carte des bières qui seront offertes. Les voici en exclusivité:

Amager Galanthus Nivalis
Seules 1600 bouteilles de ce Barley Wine danois exclusif, ayant été vieilli dans des fûts ayant préalablement contenu du porto, ont été produites. Imaginez la chance de pouvoir y goûter à Chambly. Sans surprise, c’est dans le registre des fruits foncés, du chêne, du caramel et de l’alcool que cette rareté fait ses marques. Les amateurs de porto et de bières digestives auront avantage à ne pas manquer.

Mikkeller Green Gold
Délicieusement ronde India Pale Ale débordant de caractère de houblon américain aux tonalités de fleurs, de fruits tropicaux et d’orange sur une charpente de malts bien biscuités. Les touches levurées rehaussent l’ensemble d’une rare complexité pour une IPA. Pour les amateurs de Corne du Diable et de Simple Malt IPA…. mais en plus intense, levuré et rond.

Traquair Jacobite
Un grand classique que cette Écossaise à l’arôme d’une complexité monumentale. Véritable dessert liquide (pouding, gâteau au chocolat, fruits confits…) parfumé d’une touche de coriandre qui y trouve son compte. Sensuelle et fruitée, un deuxième échantillon s’avérera sans doute nécessaire pour y percer ne serait-ce que la moitié de ses mystères. Il existe bien peu de comparables, mais si le mariage inusité entre une Dieu du Ciel Solstice d’Hiver, une Dominus Vobiscum Hibernus de Charlevoix et une coupe de chocolat grand cru de Juliette et Chocolat représente pour vous un fantasme, visez ici l’orgasme.




Traquair House Ale
Un festival de malts tout écossais vous attend chez cette spécialité de la maison vaquant entre le plum pudding et le massepain sans nous écoeurer de ses sucres, peut-être à cause de ses soupçons d’acidité et de tourbe. Fruitée et chocolatée à souhait, son alcool demeure mitigé. Les amoureux de Scotch Ale, Barley Wine anglais et autres Old Ale y découvriront une nouvelle flamme.

Het Anker Gouden Carolus Grand Cru de l’Empereur
Bien que peu subtile, cette ale belge cochonne comme on les aime nous étouffe de sa décadente complexité. C’est simple, pensez à un fruit ou une nuance maltée, concentrez-vous et vous avez toutes les chances de l’y retrouver dans cette bière digestive. Une proie de choix pour les fervents de Trois-Pistoles et Rigor Mortis ABT.

St-Bernardus Blanche
Une de nos blanches préférées, celle de St-Bernardus affiche une extraction du blé particulièrement crémeuse et céréalière en plus des notes d’agrumes et de coriandre habituelles. Son effervescence vigoureuse attire rapidement l’intérêt d’une prochaine gorgée.

Slaapmutske Tripel
Cette Triple méconnue se cache dans l’ombre des Westmalle et autres jumelles plus visibles. La Slaapmustke se montre comparativement épicée, fortement gazéifiée et peu houblonnée malgré ses impressions d’orange.

La Choulette Sans Culottes
Plutôt variable d’une bouteille à l’autre, cette Bière de Garde risque bien de vous déculotter si vous tombez sur un bon brassin. Florale, sèche et rustique, elle sent pratiquement le champ de blé ou encore le foin estival agrémentée de notes de vin blanc sec et de citron. Une bonne initiation à la bière à offrir à l’amateur de vin blanc et une Bière de Garde somme toute proche d’une Saison.




De Dolle Stille Nacht
Cette bière de Noël belge des De Dolle Brouwers, les brasseurs fous, ne recherche pas non plus la subtilité. Sa ribambelle de fruits, son alcool assumé et sa complexité indéniable nous font immanquablement penser à un Barley Wine anglais sertie d’une puissante levure caractérielle. Il faut disposer d’une bonne tolérance au sucre toutefois, surtout si vous enchaînez avec la Gouden Carolus ci-dessus.

Malheur Bière Brut Réserve
Imaginez une Saison extra forte dont la levure sait se comporter en public. Une effervescence champagnesque soutient les malts aux notes de foin et un fruité tant posé que complexe. Florale et abondamment amère, elle évolue rapidement vers une sécheresse presque rafraîchissante. Les chanceux ayant goûté à la Brut de Charlevoix resteront béats devant cette spectaculaire offrande de De Landtsheer. Les amateurs d’Avec les Bons Vœux de Dupont seront aussi en mesure de collecter leur moment de bonheur.




Port Brewing Old Viscosity
Cette inclassable flirte avec le Barley Wine et l’Imperial Stout, si bien que ses malts sont d’une redoutable complexité, jouant dans le royaume du rôti/chocolat ainsi que dans les douceurs caramélisées. La vaste gamme de nuances fruitées apporte une profondeur captivante alors que les houblons américains abondants laissent toutefois la vedette aux céréales.



Lost Abbey Devotion
Nous vous pardonnerions facilement de méprendre cette ale américaine comme sortie tout droit de Belgique. Rafraîchissante blonde délicatement levurée et élégamment houblonnée, l’épice de la bière lui procurant de charmants tannins en accompagnement à ces notes florales et terreuses. Tout zélateur des blondes de Charlevoix saura s’y plaire.

Cantillon Kriek
Une autre qui ne fait pas de quartier, la Kriek de Cantillon se distingue par son acidité décapante, sciant pratiquement la langue en deux. Franche et directe, elle se montre tannique, d’une sécheresse remarquable et généreuses de ses notes de griottes, de bois et d’acide lactique. Pour les sourheads.

Cantillon Vigneronne
Plus delicate que la Kriek, la Vigneronne met le raisin Muscat en tête d’affiche, ce dernier prêtant des notes de poire et d’orange. C’est toutefois le caractère rustique, chevalin, citronné, de cuir poussiéreux de la flore microbienne de la brasserie bruxelloise qui définit le caractère. La sécheresse est encore au rendez-vous, mais sans astringence démesurée. Du grand Druiven Lambic.




Rochefort 10
Encore un grand classique! La bière la plus forte de la gamme Rochefort trône tout en haut de la liste des favorites de plusieurs amateurs. Cette brune belge presque noire se montre étonnamment rôtie, rappelant le cacao en plus de toutes sortes de nuances vanillées, boisées, fruitées. Le haut degré d’alcool s’intègre agréablement à l’ensemble et la texture est incomparablement ronde, soyeuse, sensuelle dont l’effervescence vigoureuse allége les sucres tout en donnant l’impression trompeuse de caresser la langue. Laissez tomber les comparables et commandez-vous un verre !


Pas mal, non? Maintenant, n'allez surtout pas imaginer que nous n'aurons pas d'autres billets en relation avec le Bières et Saveurs de Chambly au cours des prochains jours. À suivre..

21 août 2011

En quête de grandes bières à Berlin



Depuis la chute du mur, quantité de monuments hyper-modernes poussent derrière les quelques bâtiments historiques ayant survécu aux multiples métamorphoses de la ville. Côté bière, le changement le plus important que l'on puisse remarquer d'emblée est la quasi-disparition de la Berliner Weisse, style endémique à Berlin ayant vécu des périodes de grande popularité; Napoléon et ses troupes l'avaient même surnommée le "Champagne du Nord". Ces bières de blé très effervescentes, légères en alcool et acides, ont été victimes de l'appétit vorace de certaines brasseries voulant prendre de l'expansion. De sorte qu'aujourd'hui, tristement, une seule brasserie berlinoise produit une Berliner Weisse: Berliner Kindl. De plus, cette brasserie mise davantage sur sa Pilsener pour faire sa renommée; la Berliner Weisse est presque reléguée aux oubliettes, toujours servie avec un sirop sucré. Il faut être muni d'une patience exemplaire afin de réussir à se faire servir un verre sans ajout sucré...

Ceci dit, malgré tous ces chocs, il est toujours possible de trouver quelques brasseries ou bars à bières de grand calibre afin de se rafraichir entre chaque galerie d'art berlinoise. Voici, comme à l'habitude, nos coups de coeur. Commencez par ces établissements si vous êtes en quête de grands crus!


Weihenstephaner am Hackeschen Markt, au 5, Neue Promenade

Ceux qui connaissent cette institution brassicole qu’est Weihenstephaner se demandent peut-être pourquoi nous l’incluons dans notre page sur Berlin. Bon point. En fait, cette brasserie, la plus vieille sur la planète en production continue, siège à Freising, en banlieue de Munich. Loin de Berlin donc. Cependant, la capitale bavaroise est étrangement dépourvue d’établissements de haut calibre servant l’exquise gamme de Weihenstephan. Ce sympathique restaurant de Berlin Mitte, à quelques pas de la station Hackeschen Markt, sert presque tous  les produits de la brasserie quasi-millénaire, des exemplaires bières de blé (Hefe Weissbier, Hefeweissbier Dunkel, Kristall Weissbier et Vitus Weizenbock) aux plus rares, mais toutes aussi accomplies Pils et Original (une Helles). Si vous ne voulez pas aller à Freising même, il vous sera difficile de trouver un meilleur établissement en Allemagne où boire les chefs d’œuvres de cette brasserie.

Hops & Barley, au 22-23 Wuhlischstrasse

L’atmosphère de Friedrichshain est palpable dès le premier pas hors de la gare. C’est ici d’ailleurs que le plus grand vestige du mur de Berlin, le East Side Gallery, nous nargue, aujourd’hui flamboyant et multicolore grâce aux efforts d’artistes de par le monde qui l’ont peint chacun à leur façon. À une vingtaine de minutes de marche du mur, vous vous retrouverez dans ce minuscule brouepub desservant la jeune clientèle éclectique de ce quartier aux murs, et aux habitants, tatoués de contestation. Un énorme chien boitant vous souhaitera la bienvenue de ses yeux vitreux, protégeant un minuscule système de brassage sis à côté du bar. La Pils non filtrée de la maison est très herbacée et amère pour le style et la Weizen possède autant de personnalité. On ne s’attend à rien de moins d’une brasserie artisanale implantée dans Friedrichshain.

Brewbaker, au 2-4 Arminiusstrasse

Notre dernière visite remonte à quelques années et il semble que l’établissement soit déménagé dans un vieux marché. Auparavant situé directement sous une voie ferrée(!), le Brewbaker est un brouepub où la gamme se montre plus étendue que dans une brasserie allemande moyenne. Un stout figure souvent à la carte. Leur Pils, seule bière toujours en service, s’est révélée être notre interprétation favorite de ce style dans la capitale, croustillante à souhait malgré ses malts plutôt potelés. Mention honorable au menu de nourriture, s’écartant courageusement des standards peu colorés et gras du pub allemand typique. Quelques bouteilles d’autres brasseries sont aussi disponibles.

Eschenbräu, au 67, Triftstrasse

photo

Ce brouepub du nord de la ville est peut-être hors des sentiers touristiques battus, mais l’expérience et la clientèle authentique du quartier, en sus de la bière, justifie le détour qui n’en est pas vraiment un, tellement la station de U-Bahn est proche. La décoration minimaliste, les bagels surdimensionnés qui pendent aux quatre coins du bar (unique aliment disponible) et l’éclairage tamisé de ce sous-sol (oui, un sous-sol, ne vous l’avait-on pas dit?) nous rappellent davantage le cellier que le répertoire du jet set aux vêtements griffés. Néanmoins, le service bilingue est accueillant et la carte propose jusqu’à quatre bières bien concoctées, une variété supérieure à la moyenne allemande.



La semaine prochaine, on s'établit à Bamberg afin de vous faire visiter un des paradis du monde brassicole: la Franconie!




PS. Cet article fait partie d'un guide de voyage brassicole que vous retrouverez sur cette page.

15 août 2011

Une soirée bien arrosée


La journée de la bière organisée par les amis du Bières et Plaisirs offrait des activités d’intérêt à travers la province samedi le 13 août dernier. Son centre névralgique se trouvait toutefois à Shawinigan, comme en témoigne la présence de Philippe Wouters. La puissance brassicole de Shawinigan, qui abrite rien de moins que le Broadway Pub et le Trou du Diable, accueillait en effet la deuxième édition de la Soirée des Brasseurs. Cette fête de la convivialité reproduit tout ce que nous aimons des festivals de bière (les brassins spéciaux, l’accès aux brasseurs, les amateurs souriants et occasionnellement barbus) tout en excluant ce que nous aimons moins (les prix abusifs, le dernier rap du cousin à tue-tête, les policiers devant les toilettes, les files interminables).

Le concept est franchement gagnant et rejoint le point que nous avions soulevé dans notre billet précédemment publié sur le nouvel emplacement du Mondial de la Bière. Les gros événements croissent et remplissent à merveille leurs fonctions d’exposition d’un vaste public à un éventail très varié de produits. En parallèle, de plus petits festivals régionaux doivent prendre la relève pour combler le manque de proximité et d’intimité avec les brasseurs qui manque aux événements à grand déploiement truffés de bénévoles indépendants de la brasserie. À la soirée des brasseurs, 15 secondes d’attente suffisaient habituellement pour avoir droit à une discussion avec le maître-brasseur de la plupart des brasseries présentes. L’opportunité est unique. Ces gens sont les Jérôme Ferrer, les Normand Laprise et les Daniel Vézina de la bière, mais ils vous servent eux-mêmes et vous expliqueront les intentions derrière leur plus récente création.

Pour en revenir à l’édition 2011, les amateurs s’étant déplacés s’attendaient sans doute à une soirée arrosée. Les cinq ou six heures de pluie battante qu’une Dame Nature sarcastique leur a fait subir ne correspondaient sans doute pas à leurs espoirs. « J’ai passé exactement la moitié de la bière que je m’attendais à passer » dixit Jonathan Gaudreault, du Siboire. Dans les circonstances, nous préférons voir le verre comme étant à moitié plein. Des hordes de braves gens ont choisi de vérifier qu’ils n’étaient pas faits en chocolat et ont fait le plein de beaux moments de dégustation.

Quelques coups de cœur (n’ayant évidemment goûté qu’à une portion des bières offertes sur le site, tolérance limitée à l’alcool oblige) :
- Une Cheval Blanc Bauwimpin bien sèche, agréablement mariée avec un baril de Chardonnay aux saillantes notes de beurre de noisettes.
- Une Broadway Pub Vent d’Anges, vieillie dans un fût ayant contenu un vin du vignoble Isle de Bacchus, sertie de tannins doux, de levures sauvages équilibrées et de fruits expressifs.
- Une Brasseurs du Temps La Corne et la Muse vieillie en fût de chêne, véritable ode à la complexité caramélisée des malts
- Une Siboire InsPirAtion 100% houblonnée au Sorachi Ace, décoiffante de notes de fruits tropicaux tout en demeurant des plus diplomatiques au chapitre de l’amertume
- Une Hopfenstark Berlin Alexanderplatz au sommet de sa forme, d’une sécheresse exemplaire, à l’effervescence piquante et grisante et tranchante d’acidité

Non, mais quel bel été 2011 ! Le rendez-vous de clôture aura évidemment lieu au Bassin de Chambly pour la Fête Bières et Saveurs. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet abondamment au cours des prochaines semaines.


9 août 2011

Les Altbiers de Düsseldorf, des bières rousses bien plus que "douces"


Tout comme les brasseurs de Cologne, les manieurs de fourquet de Düsseldorf (guidés par leur fidèle clientèle) ont décidé il y a plus d’un siècle de ne pas suivre la vague des « nouvelles » bières de fermentation basse qui était en train de conquérir l’Allemagne. Ils ont donc décidé de continuer à brasser des bières « à l’ancienne » en utilisation des températures de fermentation haute. C’est pourquoi le style endémique à Düsseldorf se nomme aujourd’hui Altbier, « alt » signifiant « vieux », ou « à l’ancienne ».

Ces bières ne sont surtout pas "vieillies" comme certaines bières fortes le sont aujourd'hui. Cependant, une fois la fermentation complétée, elles entrent dans une période de repos froid, comme les lagers omniprésentes en Allemagne. Ce sont donc des bières de conception hybride, comme la Kölsch. Les versions authentiques sont généralement plus sèches que les versions brassées en Amérique du Nord et se veulent des bières de soif; leur taux d’alcool ne dépasse que rarement les 5%. Elles sont aussi généralement servies par gravité à partir de petits barils de bois.


Düsseldorf étant tout près de Cologne, nous vous recommandons de visiter les deux villes lors du même voyage (voir les articles ici pour nos suggestions à Cologne). Plusieurs brasseries offrent la bière traditionnelle à leur ville, alors mieux vaut prévoir quelques nuits dans la région question de bien absorber le tout sans déguster à la sauvette. Pour ce qui est de Düsseldorf, nous vous suggérons de vous imprégner des bières suivantes avant toutes autres :

Uerige Obergäriges Hausbrauerei, sur Berger Strasse

Sans aucun doute la plus médiatisée des brasseries d’Altbier chez les chasseurs de grands crus, Uerige a su rejoindre le marché nord-américain il y a quelques années en y exportant sa merveilleuse Altbier, mais aussi en créant une bière spécifiquement pour ce marché, la Doppelsticke, qui se veut presqu’un vin d’orge brassé avec des ingrédients et des méthodes allemandes.

Le pub d’Uerige est on ne peut plus charmant avec son dédale de multiples pièces boisées. Sa terrasse domine les deux côtés de la rue Berger et elle se remplit très rapidement. Peu importe où on s'installe, la Alt de la maison est d'un équilibre parfait, alliant malts légèrement caramélisés à des houblons herbacés francs s'allongeant en une longue amertume terreuse. Un des chefs d'oeuvres de ce coin de pays.

Hausbrauerei zum Schlüssel, sur Bolkerstrasse

À quelques rues d'Uerige, Zum Schlüssel propage la bonne nouvelle qu'est la Altbier avec aplomb. La clé de cette bière (un jeu de mots pour nos lecteurs allemands, tiens!) réside dans sa sécheresse et dans son amertume herbacée. Elle se prête donc peut-être mieux aux longues soirées bien arrosées, mais elle ne fait aucun compromis côté saveur. Les petites tables devant la façade sont presque toujours pleines en soirée, faisant déborder une joie de vivre contagieuse un peu partout sur la rue Bolker.

Brauerei Im Füchschen, sur Ratinger Strasse


Servie dans un établissement sobre et presque chic pour un pub allemand grace à ses charmants vitraux, la Alt de Füchschen est agréablement équilibrée et probablement la plus croustillante en ville. Ses malts toastés aux légers accents de noix se montrent relativement secs, laissant à peine poindre de subtiles notes fruitées. Vivement effervescente et fraîche, elle finit sur une trame gazonneuse, presque mentholée grâce à ses houblons nobles. Difficile de s'en tenir à un seul des coutumiers verres de 250ml...

Brauerei Ferdinand Schumacher, sur Oststrasse

Pour le voyageur, il est très pratique que cette Alt soit servie à partir de deux établissements distincts dont l’un se trouve à quelques pas du temple de la Schlüssel. La Alt est ici nantie d’une mousse riche comme si elle était azotée (n'ayez crainte, elle ne l'est pas vraiment). Son malt est typiquement toasté, mais comporte plus de sucres résiduels que la moyenne, étant tout juste compensé par un robuste houblon feuillu en finale. Plus douce, mais certains risquent de la préférer à certains des membres du Düsseldorf Big Three.

En guise de conclusion, nous désirons vous informer qu’une toute nouvelle brasserie fait pignon sur rue dans la vieille ville de Düsseldorf : Brauerei Kürzer. Elle concocte aussi uniquement une Altbier, qu’elle soutire d’un étrange baril transparent posé sur le comptoir à la manière des traditionnelles barriques de bois présentés dans une photo précédente. Sa Altbier n’atteint pas les sommets des brasseurs de grands crus décrits ci-dessus, mais puisque vous la croiserez sans doute lors de vos marches dans la altstadt, nous souhaitons vous dire qu’elle vaut peut-être un petit verre, question de les encourager à faire perdurer la tradition de Düsseldorf.


La semaine prochaine, on se dirige vers Berlin question de vous faire découvrir les meilleures galeries d'arts... liquides!

4 août 2011

Les qualités d'une bière de canicule



46 degrés ! Nous ne parlons pas d’une défaillance de notre rapporteur d’angle, mais bien de la température à Montréal il y a quelques jours, incluant le facteur humidex. Il se trouvait probablement un sage centennaire pour dire « J’ai 100 ans de canicule dans le corps. Des journées chaudes, j’en ai vécu ma part, mais comme aujourd’hui, jamais ! ». Dans ces circonstances, une des rares activités dont la sueur déversée vaut la peine est évidemment l’épopée épique qui consiste à atteindre le réfrigérateur, à récupérer une bouteille, à l’ouvrir, la verser et regagner notre trône. Ouf ! Quant à ceux qui n’avaient plus de bière chez eux et ont dû se rendre chez le détaillant, de nombreux parents chantent encore leurs exploits à leur marmaille quant vient le temps de les coucher.

Et cette bière, durement méritée, quelles caractéristiques doit-elle exhiber ? Elle se doit évidemment d’être rafraîchissante. Notre question est donc : qu’est-ce qui rend une bière rafraîchissante ? Voici quelques pistes.

1. La sécheresse : la bière très sèche est simplement celle qui est très peu sucrée. Le sucre, ou la douceur, apporte une impression de lourdeur qui convient moins bien à la mission de rafraîchissement. La sécheresse dépend de l’atténuation, soit le niveau de conversion des sucres du moût par la levure lors de la fermentation.
2. L’amertume : une bière amère n’est pas nécessairement rafraîchissante. Cependant, l’amertume sert de contrepoids efficace au sucre, permettant à une bière douce de demeurer équilibrée. La perception d’amertume dépend principalement des quantités et variétés de houblon utilisées ainsi qu’à quels stades de l’ébullition. Alternativement, des grains rôtis peuvent aussi accentuer l’amertume.
3. L’acidité : à l’image de l’amertume, l’acidité permet d’équilibrer les produits portés vers le sucre. En revanche, l’acidité, plus que l’amertume, est rafraîchissante d’elle-même. L’acidité provient de sources très variées, notamment l’usage de bactéries acidifiantes, l’acidification volontaire du moût ou l’ajout de fruits.
4. L’effervescence : généralement, une gazéification plus active contribue au rafraîchissement. D’abord, le gaz carbonique atténue l’impression de sucre. Ensuite, ce gaz contient une forme d’acidité, l’acide carbonique.

Alors, quels types de bières nous offrent ces attributs ? Des familles particulièrement efficaces sont la Pilsener, le Lambic et la Gueuze, la Saison, la bière sure des Flandres, l’Hefeweizen, la blanche belge et l’India Pale Ale.

Au Québec, il existe plusieurs bonnes pilseners, la Cerna Hora de l’Amère à Boire par exemple, mais peu sont embouteillées. En attendant, nous nous contentons de cannettes de Bitburger.

Peu de lambics ou gueuzes authentiques sont commercialisés dans nos contrées, mais les bars spécialisés faisant de l’importation privée auront généralement quelques Cantillon, Drie Fonteinen ou Girardin.

La Saison Dupont étant disparue des tablettes de la SAQ, nous nous rabattons sur les interprétations produites dans les brouepubs Loup Rouge, Brouhaha, Cheval Blanc, Dieu du Ciel et Benelux. Dans une tonalité un peu plus lourde et fruitée, les bouteilles de Flacatoune et Dominus Vobiscum Blonde font l’affaire.

Pour les bières sures des Flandres, secteur délaissé au Québec, nous comptons maintenant sur l’excellente Hildegard du Boquébière. Sinon, il faudra rechercher la Rodenbach Grand Cru dans les bars pratiquant l’importation privée.

L’Hefeweizen est encore souvent laissée de côté au profit des interprétations belges. Brasseurs du Monde se dirige toutefois vers ce créneau, mais sa Blanche demeure en réalité plus près des Belges plus parfumées et moins levurées. Plusieurs brouepubs en produisent toutefois de bien belles interprétations.

Au niveau des blanches belges, nous sommes finalement gâtés. Les Blanche du Paradis, Blanche de Chambly et autres Dominus Vobiscum Blanche accomplissent à merveille le mandat du rafraîchissement.



Finalement, la véritable India Pale Ale du nord-ouest américain relèverait le défi avec brio, mais ces interprétations concoctées souvent uniquement avec du malt de base, plutôt qu’en y ajoutant du malt Crystal à l’empreinte de sucres caramélisés, sont bien rares par ici. Notre champion de la catégorie ? Le Benelux.

Tout compte fait, les brouepubs québécois sont encore une fois de meilleurs apôtres du rafraîchissement que leurs comparses embouteilleurs. Une rumeur veut toutefois qu’une Pilsener de qualité fasse son apparition en bouteille sous peu. Il en est grand temps !