Le raffinement des divers malts de Weyermann, à Bamberg, ne suscite aucun débat
Ses supporteurs aiment bien son caractère franc. Ses saveurs fraiches, vertes, croquantes. Certains de ses détracteurs cependant disent qu’il sent la gourgane. D’autres, le jus de raisins fait d’essences artificielles. Peu importe de quel côté du débat ils se retrouvent, tous peuvent s’accorder sur un point : aucun malt commercialisé au monde n’y ressemble.
De discussion en discussion, avec professionnels et amateurs, nous avons remarqué qu’un ton vif est emprunté par la majorité des interlocuteurs lorsque le terme « Frontenac » est utilisé. Cette malterie de Thetford-Mines semble porter le fardeau de tout ce qui peut être perçu comme bon ou mauvais du malt d’orge québécois. Certains amateurs de bières semblent même vouer un culte de hantise envers le malt Frontenac. Plusieurs brasseurs, d’excellents même, refusent de l’utiliser après avoir eu des résultats décevants lors d’un brassin. Mais à qui la faute ? Le brasseur ? La malterie ? Et si c’était l’orge en soi…
De l'orge de brassage 2-rangs
Récemment la malterie Canada Malting, dont la réputation n'est plus à faire, a acheté un lot d’orge de brassage issu du terroir québécois. Leur but : créer un malt québécois, un peu comme la malterie Frontenac réussi à le faire. Le résultat de cette expérience porte le nom « La Québécoise ». Ce malt 2-rangs est disponible depuis quelques temps aux brasseurs qui veulent bien l’essayer.
Il vous sera difficile de trouver des brasseurs ou des dégustateurs qui doutent de la capacité de Canada Malting à produire un malt de qualité. Pourtant, en bouche, certains ont fait un constat gustatif semblable à ceux énumérés ci-dessus… « La Québécoise » porterait l’insigne d’un terroir bien particulier. Si on se fit à ses perceptions, et au fait que Canada Malting produit habituellement des malts techniquement irréprochables, la personnalité distinctive verte et fruitée du malt québécois ne viendrait pas nécessairement, ou entièrement, de la malterie Frontenac à proprement dit.
Or, nous sommes forcés d'admettre qu'il est fort difficile de débattre de façon constructive un sujet aux fondations si subjectives. Après tout, nous oeuvrons dans le domaine du goût, n'est-ce pas? Et les goûts ne se discutent pas, apparemment.
Question de se rebeller immédiatement contre ce dicton ennuyant, nous aimerions vous poser une question goûteuse: aimez-vous l’apport du malt Frontenac, euh… du malt d’orge québécois dans une bière? Pourquoi?
La semaine prochaine : notre prise de position sur le sujet, une analogie et des recommandations…
5 commentaires:
Sujet épineux!
Est-ce que j'ai détecté le goût de raisin dans les bières utilisant le Frontenac? Oui, et j'avoue que je ne suis pas un grand fan.
Cela étant dit, c'est probablement dû au fait que le style de bière n'était pas approprié pour ce malt. C'est comme du malt fumé pour une IPA. Ca peut être intéressant, mais c'est anormal.
Suffit donc de trouver un style approprié pour ce malt, un "marriage parfait" qui donnerait du sens aux saveurs générées par le malt Québecois.
Je seconde Goldorak. J'ai également souvent détecté le Frontenac dans certaines bières québecoises et oui, moi aussi, ça m'a plusieurs fois dérangé, je ne suis pas une grande fan non plus. D'autres fois je l'ai détecté mais j'ai trouvé que ça s'harmonisait correctement avec le reste de la bière.
Je crois que le type de bière dans lequel il sera utilisé, la quantité et les autres malts présents dans la bière en feront un mélange intéressant ou non.
Je ne l'ai jamais utilisé moi-même, mais je l'imagine bien en quantité *contrôlée* dans une double ou une quadrupel, quelque chose ou les fruits foncés sont les bienvenue. Peut-être une genre de bière de Noel épicée également...bref...à essayer.
MJ
À la sortie du malt La Québécoise, j'ai eu la chance d'essayer ce malt dans une bière blonde légère. Personne (incluant moi-même) n'a remarqué une différence entre le malt 2 rangs régulier de Canada Maltage et le malt la Québécoise. D'ailleurs, c'est la rpemière fois que j'enntend la réflexion sur les similarités avec le malt pale Frontenac.
Pour le Frontenac, nous en avons utilisé des tonnes dans nos bières et jamais nous n'avons eu de réflexion concernant des arômes "verts" ou de raisins. Si aujourd'hui, nous n'en utilisons plus, c'est uniquement à cause des difficultés spéciales dans l'approvisionnement.
@Goldorak et MJGG: nous abondons dans le même sens. C'est d'ailleurs l'angle principal de notre prochaine intervention: l'harmonie. Étant donné la forte personnalité de ce malt d'orge, il est difficile, à nos papilles, de justifier son inclusion sans retenue dans n'importe quel style.
@RH: Intéressant, merci de partager! Il m'est arrivé deux fois dans la dernière année de boire une bière faite avec La Québécoise. Une de ces fois, c'était avec un brasseur qui oeuvre chez toi à l'occasion. J'étais en train de boire la dite bière et il est venu me saluer. Lorsqu'est venu le temps de lui parler de sa nouvelle bière, je lui ai dit qqch comme: "eh bien, toi aussi tu te lances dans le Frontenac?". Il m'a regardé tout surpris et m'a dit que non, c'était La Québécoise de Canada Malting.
Pour ce qui est de ton deuxième point (aucune trace de verdure ou de raisins dans tes bières faites de Frontenac), cela aussi me fascine. Comment se fait-il que certaines bières surtout faites de malts d'orge québécois ne possèdent pas ces caractéristiques? Penses-tu que tu fais qqch différemment dans ta brasserie? Est-ce que ce sont les lots d'orge que reçoit la malterie qui sont différents à chaque fois?
Bon, suite aux problèmes de Blogger, les commentaires enregistrés ont été effacés. Si je peux me permettre, je vais répondre aux commentaires sommairement et si les gens qui ont commenté aimeraient rajouter qqch que je n'ai pas soulevé, veuillez le faire svp.
Goldorak et MJGG: Nous abondons dans le même sens. C'est dans l'harmonie des saveurs que nous allons trouver une entente gustative entre les saveurs bien caractéristiques du malt d'orge québécois. Certains styles semblent bien s'y prêter, d'autres moins. Cet angle de discussion sera d'ailleurs une des idées principales de notre deuxième article sur le sujet.
RH: Merci d'avoir partagé tes expériences avec le Frontenac et La Québécoise de Canada Malting. Tu disais que tu avais fait un test avec le pale malt régulier de Canada Malting et La Québécoise, ne trouvant pas vraiment de différence entre les deux. Nous n'avons pas eu la chance de faire ce test nous-mêmes, alors difficile de commenter. Cependant, il y a quelques mois, j'ai (Martin) pu goûter à une nouvelle bière faite par un brasseur avec qui tu travailles à l'occasion. Je ne savais pas quel malt de base avait été utilisé, mais lorsque le dit brasseur m'a approché pour jaser et avoir mes impressions, je lui ai dis qqch du genre: "eh bien, toi aussi tu te lances dans l'aventure Frontenac?". Il m'a regardé, surpris, puis je lui ai fait part de mes perceptions quant aux arômes distinctifs de son malt de base qui me faisait penser au Frontenac. La bière était fait de La Québécoise de Canada Malting.,. J'ai vécu une expérience avec un autre brasseur québécois quelques semaines auparavant. D'où l'hypothèse que l'orge québécois serait une des sources de ces saveurs qui ne font pas l'unanimité.
Enregistrer un commentaire