19 août 2010

Décrire la bière | Orval (partie 1)

Lorsque vient le temps de décrire une bière, son effet sur le dégustateur que nous sommes, plusieurs se montrent inconfortables et hésitants. En effet, un labyrinthe de possibilités s’offre à nous, chacune jouissant de ses moments propices. En général, nous assisterons chez les protagonistes à l’usage d’un style littéraire qui leur convient, le mathématicien penchant pour un style précis et concis, le poète se baladant d’envolées lyriques à gradations emphatiques.

Je me propose ici d’explorer quelques-uns des modes discursifs s’offrant à l’amateur francophone par l’entremise de l’outil de prédilection et sujet de recherche qu’est l’Orval, vraisemblablement connue de la plusieur de nos lecteurs, les autres écopant d’un devoir de recherche à son sujet d’ici la prochaine parution. (indice : elle est disponible à la SAQ)


Analytique : Couleur orangée, voilée. Mousse très dense qui laisse des traces sur les parois et reste en place longtemps. Arômes légèrement maltés (noisette), très houblonnés (fleurs, agrumes) très levurés (épices – sauge, moisissure, ananas, boîte à pain). Goût peu sucré, légèrement salé. Finale très amère, très sèche. Effervescence très forte, rondeur moyenne.

Prosaïque : S’affublant d’une légendaire dentelle ivoire, ce nectar arbore une robe sable affichant un immanquable désir de liberté par une activité gazeuse soutenue. Délicatesse et fermeté s’allient dans un tango de complexités. D’étonnantes ramifications florales et fruitées trahissent un houblonnage à cru chirurgical dans sa précision, alors que les sauvagesses, brettanomyces, attaquent l’imaginaire d’intonations de fromage bleu moisi, de foin frâichement taillé, de pain déconfi. Étalement de flaveurs d’une unité nous laissant en pâmoison, d’une délirante difficulté. Son décryptage reste une tâche interminable qu’il fait bon entreprendre en ces matins où le cran nous tient en tutelle.

1 commentaire:

Mario D'Eer a dit…

Merveilleux comme chronique. J'adore ça. «chirurgical dans sa précision». YES!

Mario