Dans cette série de billets sur le vocabulaire utilisé par une majorité d'amateurs de bière de dégustation, nous tenterons d'explorer des tendances langagières récentes nées soit d'un isolement virtuel (communication par internet: premier article), soit d'un environnement de plus en plus "spécialisé" faisant fi du sens transmis auprès d'une population néophyte. Peu importe la question abordée, il se peut fort bien que nous méritions de visiter le bûcher autant que vous...
Question #2:
Est-ce que l'amateur de bière de dégustation
devrait faire attention à son langage lorsqu'il sait qu'il sera entendu par des gens qui ne sont pas des initiés du milieu?
Dans un contexte familial, comme c'est souvent le cas dans le temps des
Fêtes, lorsqu'en présence de gens non amateurs de bière, il arrive souvent qu'un amateur de bière de dégustation décide d'étaler sa passion pour le divin breuvage dans son verre. Normal. Et lorsque le beau-frère lui demande si la bière X de microbrasserie qu'il a vu au supermarché vaut le prix, le dit amateur chevronné maintient le cap: il fera preuve de sens critique et dira ce qu'il pense franchement de cette bière 'correcte, mais sans plus'. Après tout, pourquoi changer son langage lorsqu'on parle d'un produit que l'on connait mieux que tous à la table, n'est-ce pas?
Cependant, est-ce que le manque d'enthousiasme de cette
réponse ('correcte, mais sans plus') pourrait être interprété par un néophyte comme étant la description
d'un produit moins qu'ordinaire alors que, objectivement, la bière en question ne possède aucun défaut, même qu'elle est décrite comme étant 'délicieuse' par d'autres bièrophiles? En d'autres mots, est-il plus important de s'affirmer comme amateur de bière de
dégustation avec des opinions, même lors de situations conviviales comme les soirées du Temps des Fêtes, que de partager son engouement pour le type de produit en général?
8 commentaires:
Moi j'essaie de convertir le plus de monde possible ! Si mononcle, buveur invétéré de Labatt Bleue me demande ce que je pense de la Belle Gueule ou de la Tuborg, je vous garantie qu'il va retourner s'en acheter....et s'il se montre intéressé, il se dirigera vers notre magasin spécialisé local. En famille, dans le Temps des Fêtes c'est pas le temps de péter de la broue...;-)))
Je travailles dans une épicerie mais parfois, c'est dure de franchir la barrière du "correcte sans plus" car on ne connait pas nécessairement les goûts et références des autres personnes. Il faut parfois partir du début, de ce que je crois (humblement) être la base dans les goûts expérimentés au fil des dégustation de bières pour comprendre où est rendue la personne dans son "cheminement" et son ouverture au monde de la bière. Je n'écrit pas cela par mépris envers les néophytes, mais je crois que goûter aux bières c'est d'enrichir notre banque du goût pis que parfois c'est dure de parler de notre banque s'il n'y a pas de références communes.
Et c'est encore plus dure quand tu pense que chaque bière peut avoir son "moment", que de boire de la Blonde de Chambly me semble moins intéressant à -20 degrés qu'une Trois Pistoles alors que certains préféreront surement une Coors Light. L'expérience que découle de la consommation d'une bière varie grandement entre les individus et les situations.
À la question #2, je répondrais oui.
En effet, il faut plutôt faire preuve de parcimonie et démontrer que ce produit "correct, sans plus" - pour reprendre les mots de Christian Bégin à TLMEP par rapport à Stéphane Rousseau dans le film Les Invasions Barbares - est un BON produit.
Prenons la Pale Ale de St-Ambroise, par exemple. Plusieurs pseudo épicuriens y verraient un produit "ordinaire" alors que c'est une très bonne bière, bien balancée et distribuée presque partout maintenant.
D'ailleurs, ces produits "corrects" ne sont-ils pas une belle porte d'entrée pour le beau-frère qui s'intéresse à la bière mais n'est peut-être pas prêt à la Pale Ale Américaine de Dunham?
Personnellement, j'aime bien retourner aux sources.
Prêt POUR la
Comme dit Satan (je ne m'habitue toujours pas à ce nom ;P), une des clés semble être de connaître la personne à qui on parle. Et ensuite d'adopter un ton approprié pour cette personne.
Belles réflexions, les gars!
J'avoue que ça peut être assez ordinaire de «planter» un produit juste pour montrer aux autres qu'on est ferré et qu'on a un sens critique... mais dans mon travail, je ne me donne pas le droit de recommander une bière que je n'aime pas si la personne me demande mon avis.
J'utilise donc assez souvent l'expression «correct, sans plus» pour ne pas avoir à subir des retours de clients qui me disent «ouin, tu m'as conseillé une bière et je n'ai pas trippé». En même temps, je ne peux pas être tenu responsable des goûts – toujours très différents – de tous et chacun.
C'est clair que j'ai de la misère à parler avec enthousiasme d'une bière qui ne m'a pas plu outre mesure. C'est dur la vie!
Je comprends ce que tu veux dire Bière-Luc mais je crois qu'il faut essayer de persuader les gens de sortir de leur zone de confort puisque s'ils n'essaient pas, ils ne sauront jamais ce que le produit goûte même si ce client ne l'aime pas au bout du compte.
C'est important de goûter et de réessayer les produits plus tard et ce même si on ne les a pas aimés car nos perspectives, notre manière de comparer les saveurs entres-elles, changent au fil de nos dégustations.
Et c'est important (à mon humble avis) d'être capable de passer outre ses préférences pour essayer de combler, de s'arrimer aux goûts des autres (ce qui est justement le truc le plus difficile à accomplir). C'est sur qu'il y a moins de passion mais c'est bon de pouvoir trouver des qualités aux différentes bières qui nous plaisent moins.
Oui, mais jusqu'où faut-il se rendre dans la nuance des propos? Dois-je dire du bien d'une bière que je n'ai vraiment pas aimé (lire détesté) en me disant qu'elle trouvera probablement un palais à ravir et que les goûts sont dans la nature? Je pense que même en demeurant objectif, ce ne sont pas toutes les bières qui méritent un sursis.
Aussi, comme ça a été précédemment abordé dans cette discussion, il faut être à même de saisir notre interlocuteur et son niveau de connaissances. S'il connaît la moitié des bières du Québec, il me demande probablement mon avis pour avoir l'heure juste. S'il commence à découvrir les bières de dégustation, il cherche probablement à savoir si LUI risque d'y trouver son compte. C'est là qu'il faut essayer de se mettre dans la peau des autres, ce qui n'est pas toujours facile je le reconnais...
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