26 janv. 2011

Les méfaits de l'explosion brassicole

Dans un monde idéal, je serais excellent dans tous les domaines. Malheureusement, je suis d’une médiocrité toute banale dans l’immense majorité des domaines. Question de malchance? Nah… l’excuse serait trop facile. Surtout une question de rareté. À commencer par la rareté du temps. Comment trouver le temps de maîtriser la pensée de Georg Wilhelm Friedrich Hegel ou de mémoriser tous les poèmes de Nelligan alors que nous devons aussi gagner nos vies, bien manger, entretenir des rapports sociaux harmonieux et dormir un peu? La mission n’est pas impossible, mais alors, il ne resterait plus de temps pour Les Coureurs des Boires et encore moins de temps pour le petit jogging de fin de soirée.

(alerte à la phrase dont l’auteur est fier) Il n’y a donc plus de choix : il faut faire des choix! Or, votre blogueur a choisi il y a plusieurs années qu’entre la conservation d’une silhouette dépourvue d’excès de reliefs et la pérennité de ses indéniables qualités d’amant, il accorderait une importance particulière à la vigie de la planète bière. Il engrangerait temps, effort et argent de façon à être au courant des dernières évolutions, de la dernière recette créative, de la dernière brasserie qui vient d’ouvrir en Italie, du dernier cultivar de Houblon développé en Nouvelle-Zélande. Évidemment, c’était un combat perdu d’avance, mais peut-être serait-il possible d’au moins, être en mesure de suivre le marché québécois? De goûter toutes les bières qui naissent dans les laboratoires artistiques que sont les brasseries québécoises? Autre échec lamentable. Notons au passage que cet échec est partagé par 100% des citoyens québécois. Personne n’arrive à suivre le tempo infernal du tourbillon créatif des brasseurs québécois, lequel engloutit tout espoir pour le conquistador de la cervoise fleurdelisée.

Source photo: smh.com.au

Pis encore, les brasseurs en rajoutent et accélèrent constamment le rythme de la nouveauté. Ils s’éparpillent dans les régions pour échapper à leurs poursuivants, supportés par un gouvernement qui facture davantage pour le permis de brasseur industriel permettant de vendre à l’extérieur des lieux de fabrication. L’espoir n’a plus raison d’être. La mission était vouée à l’échec. Que faire? Faire de notre mieux et mener notre vigie au meilleur de nos capacités, comme nos aïeuls nous l’ont enseigné? Cette philosophie ne semble pas les avoir aidés outre mesure : ils sont morts! Abandonner la quête et se recentrer sur les produits coups de cœur qui ont illuminé nos printemps de quête inachevée? Certes non! Avez-vous pensé au vide dépressif qu’occasionnerait pareille démission? Que faire alors?

La solution retenue? Se vautrer dans notre cynisme, sourire et encourager les brasseurs à enfoncer le clou dans notre propre cercueil!

3 commentaires:

Mario D'Eer a dit…

Où puis-je me procurer la bière qui a inspirée un telle prose ? Je veux, moi aussi, boire à cette chope du dé-lire inspiré ;-)

Nicolas a dit…

Ça prendrait un "expert" en bière qui travaillent à temps plein sur la bière. Un Michael Jackson qu'on pourrait lire et contenterait notre soif de connaissance.

David Lévesque Gendron a dit…

Mario: nos pires délires sont ceux qu'on commet à jeun; on n'a même pas d'excuse!

Nicolas: encore faudrait-il des lecteurs qui sont prêts à le payer pour ce travail à temps plein!