6 sept. 2011

La Petite Côte, de La Succursale, à Montréal


Le tout nouveau brouepub La Succursale n’a que quelques mois d’existence et déjà il impressionne. Le brasseur lui, Jean-Philippe Lalonde, a aiguisé son fourquet dans diverses brasseries de par la province avant de se lancer corps et âme dans ce projet. Ce qu’il concocte maintenant à sa brasserie du Vieux Rosemont est souvent impeccable. Il faut d’ailleurs une rigueur et un savoir-faire exemplaires afin de rendre justice à une bière toute fragile comme La Petite Côte. Encore un grand cru québécois!

Style : Kölsch. Plus précisément, c’est une bière blonde endémique à la ville de Cologne, en Allemagne, qui est conçue de malts Pilseners, parfois d’une touche de blé, et houblonnée de variétés nobles telles que le Hallertau, le Tettnang ou le Spalt Select. C’est une bière qui fermente à température haute (comme les ales anglaises, par exemple) mais qui se conditionne à température basse (comme les lagers), faisant d’elle une bière dite hybride. Bien exécutée, la Kölsch est le mariage parfait de l’élégance et du rafraichissement.

Disponibilité : Elle est toujours au menu ! Impossible de la manquer donc lors d’une visite à La Succursale. Vous pouvez d’ailleurs la déguster dans de petits verres de 200ml, tel que le dicte la tradition de Cologne, ou en pinte, ce qui est plus commun en Amérique. Inutile de dire qu’un petit verre ne suffit pas à satisfaire notre soif d’une bonne Kölsch comme celle-ci. Par contre, son contenu n’a jamais le temps de trop se réchauffer exagérément puisqu’on peut le vider assez rapidement. C’est l’avantage de commander en petits verres…

Le coup d’œil : Une tuile de mousse recouvre la robe dorée limpide.

Le parfum : Les céréales sont proéminentes. Si vous ne savez pas ce que le malt Pilsener peut offrir comme arôme, cette bière vous en donnera un exemple raffiné. On imagine de belles céréales croquantes enduites d’un soupçon de miel.

En bouche : Bien que le fruité de la levure soit plus discret dans La Petite Côte que dans certains exemples Kölsch de Cologne, on ne se lasse pas moins des superbes notes de malt d’orge, parfaitement définies. De petites bulles picotent la langue, rapidement recouvertes de légers sucres résiduels approchant le miel. Des houblons herbacés et légèrement boisés apparaissent à l’horizon gustatif, équilibrant presque l’apport des malts.

La finale : Les houblons nobles chatouillent les céréales qui elles entonnent de nouveau leur douce sérénade. L’amertume est des plus délicates. Nous ne sommes pas en présence d’une bière arrache-palais, mais plutôt d’une bière de soif hautement définie.


Accords : À Cologne, la Kölsch accompagne tout, même les plats les plus riches (saucisses, pièce de viandes en sauce, etc.). Elle est facile à boire et relativement sèche, donc elle sert à désaltérer tout en adjoignant de subtiles saveurs de céréales et de houblons herbacés à ce que l’on mange. À La Succursale, La Petite Côte ira à merveille avec le pot Mason de choucroute à la bière, épicé de quelques bouts de saucisses pleines de caractère.

Pourquoi est-ce un grand cru? : Un style si délicat ne laisse aucune place à l’erreur. Le maitre-brasseur met ses habiletés à nu. C’est peut-être pourquoi si peu de brasseurs chez nous essaient ce style… Qu’à cela ne tienne, La Petite Côte ne rate aucun de ses objectifs, en plus de posséder une petite touche personnelle que les exemples authentiques n’ont pas (son malt d’orge canadien se démarque des exemples allemands).

Si vous avez aimé, essayez aussi : Dieu du Ciel! Basse Messe (Montréal), Trou du Diable La Pitoune (Shawinigan), The Cambridge House Copper Hill Kölsch (Connecticut).


PS. Si vous désirez lire davantage sur les Kölsch, voici nos deux articles (1 et 2) sur Cologne, écrits dans le cadre de notre guide de voyage brassicole sur l'Allemagne.

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