29 sept. 2011

Les bières de Thornbridge disponibles en importation privée



Tout comme les subtiles bières d’origine germanique ou tchèque, les bières anglaises ont la réputation de n’être que l’ombre d’elles-mêmes en bouteille. Cette réputation met surtout en valeur l’extraordinaire fraîcheur et le séduisant pouvoir aromatique du cask, véhicule de service favori des microbrasseries anglaises. En réalité, le préjugé envers la bouteille anglaise découle souvent d’un contenant inapproprié, une bouteille claire par exemple ou d’une pasteurisation extrême qui dénature le produit, mais encore plus souvent du délai exagéré entre l’embouteillage à la brasserie et la dégustation par le nord-américain. Via Importations Privées Bièropholie, ce délai devrait se limiter à quelques mois, ce qui se compare vraisemblablement au délai qui avait été subi à l’étonnante palette de bières anglaises qui nous a été présentée lors du dernier Mondial de la Bière. Thornbridge était d’ailleurs l’une des brasseries mises en valeurs. Lors de cet événement, la qualité exceptionnelle de plusieurs bières anglaises, malgré leurs quelques mois d’âge, nous a fait ravaler plusieurs de nos préconçus face aux bières anglaises embouteillées. Certaines se tirent très bien d’affaire.





À défaut d’avoir la chance de savourer une merveilleuse Jaipur en cask (un des grands coups de cœur de l’auteur de ces lignes lors de son dernier séjour en Angleterre où il a sauté de cask en cask durant un mois particulièrement chargé comme en témoignait son tour de taille au retour), on peut se faire une bonne idée du renouveau chez les brasseurs anglais. Thornbridge fut l’une des premières brasseries anglaises très modernes, ne se limitant plus à une gamme de bitters presque identiques, une Mild plus foncée ou un porter/stout rarissime, rarement accompagné d’une bière plus musclée. Thornbridge a sauté à pieds joints dans la réhabilitation de la Golden Ale via des houblons très citriques, laquelle se retrouve partout sur l’île depuis quelques étés. Ce sont même des anciens de Thornbridge qui ont fondé Brewdog, cette brasserie écossaise éclatée qui produit maintenant l’une des gammes les plus extrêmes du monde.

La mise en contexte étant faite, vous attendez sans doute de connaître l’identité des produits auxquels nous aurons accès ? La voici :

Ceux que nous avons goûtés

Wild Swan
Du haut de ses 3,5%, il s’agit bien sûr de la Session Beer de la maison. Une bière pâle qu’un Anglais n’envisagerait jamais de commander dans un format autre que la pinte. Son objectif est clair : rafraîchir et elle le fait admirablement grâce à ses houblons épicés et citronnés, un brin acides, servis sur un corps svelte imposant la grande gorgée. Les fanatiques du projet Éléphant de l’Amère à Boire devrait apprécier.

Kipling
Voici une Pale Ale dite Pacific en raison du caractère exotique de son bouquet où les houblons provoquent l’émergence d’une belle salade de fruit où s’entremêlent litchi, melon miel et fruit de la passion. Clairement, on mise sur les arômes, l’amertume demeurant modérée. Une belle prise pour les amateurs de la Sabotage du Benelux.

Jaipur
Encore une Pale Ale, mais cette fois plus tranchante dans son amertume et sans être lourde, plus riche. Elle atteint un équilibre remarquable entre la franchise des arômes d’agrumes de ses houblons frais et leur élégante, mais poignante amertume, laquelle est bien supportée par une base maltée rappelant la tartine au miel. Une IPA anglaise au penchant très américain.



Saint Petersburg
Les notions d’équilibre prennent le bord chez cette, vous l’aurez deviné par le nom, Imperial Stout. Ici, on vise un public en fin de soirée, qui daigne troquer son digestif seulement contre une offrande aussi liquoreuse. L’alcool, des fruits foncés et les touches chocolatées et expresso des malts rôtis s’étalent dans un tout cohérent et dessert à souhait. Les fervents de l’Impériale Express du Siboire devraient aimer.

Ceux que nous n’avons pas goûtés

Kill your Darlings
Cette lager rousse inspirée par la Vienna, un style habituellement dirigé par des malts agréablement toastés, mise sur un houblon américain, l’Amarillo, qui dégage habituellement des effluves relevés de mandarine et de résine.

Versa
La Versa se veut une Hefeweizen classique, utilisant la levure bien particulière typique de ces bières de blé allemande qui rend le fameux caractère de gomme balloune, de clou de girofle et de banane mûre.

Raven
La plus moderne des Thornbridge, cette Raven est une Black IPA, donc une bière noire puissamment houblonnée et dont les amertumes en provenance du grain rôti et de l’amalgame de six houblons différents résonnent ensemble.

Bracia
Une création aussi rare que spéciale et dispendieuse, la Bracia est une bière forte à l’intersection du Barley Wine et de l’Imperial Stout. Utilisant du miel de châtaigne dans son élaboration, on la dit riche et complexe, à la fois terreuse, chocolatée et toastée.



Après ce tour d’horizon, vous comprenez bien le topo. Thornbridge, à l’image de quelques-uns de ses contemporains anglais auxquels nous n’avons jamais accès, déconstruit les styles classiques, mais en conservant un souci particulier pour le riche héritage brassicole britannique. Nous avons l’occasion de découvrir ce nouveau mouvement. À qui la chance?

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