7 oct. 2011

La Hildegard - Rouge des Cantons, du Boquébière, à Sherbrooke



Sherbrooke s’établit tranquillement mais sûrement comme ville brassicole de choix dans le nord-est de l’Amérique. En quelques années seulement, le Boquébière et le Siboire ont su alimenter leur région en produits de plus en plus inspirés, et inspirants. Nous avons primé le Siboire d’une fiche grand cru l’hiver dernier. Cette fois-ci, Boquébière, c’est à ton tour. Cette ale sauvage, la Hildegard - Rouge des Cantons, création de Michaël Parent, mérite définitivement sa place dans la panthéon de la bière québécoise. Nous espérons qu’elle garnisse nos tablettes régulièrement et ce, pour plusieurs années à venir.

Style : L’inspiration de cette bière est une Rouge des Flandres, ces bières belges vineuses, fruitées et acidulées qui sont malheureusement de plus en plus rare sur la planète-bière. La version du Boquébière est entres autres conçue de malt d’orge québécois, est fermentée avec l’aide de levures sauvages de type brettanomyces et est vieillie dans des barriques de chêne ayant préalablement contenu un vin rouge, aussi québécois. Vous comprendrez donc que c’est une interprétation libre de ce style d’origine belge.

Disponibilité : Le deuxième brassin se retrouve maintenant sur les tablettes ! Les plus perspicaces d’entres vous sauront aussi où trouver des bouteilles du tout premier brassin… vous pourrez les identifier au numéro de lot 1108-042. Les levures sauvages aidant grandement à la survie d’une bière sur de longues périodes de temps, vous aurez entre vos mains une bière parfaite pour le cellier, peu importe le brassin que vous trouverez.

Le coup d’œil : Une couronne de mousse décore la robe rouge voilée.

Le parfum : Un bouquet évocateur confirme rapidement les liens de ce style avec le vin rouge. Le fruité est généreux, les tannins sont habilement suggérés et la fermentation mixte rajoute des accents de cuir. Envoûtant et, surtout, déroutant pour ceux qui n’ont jamais eu la chance de déguster une Rouge des Flandres.

En bouche : Les levures sauvages dominent, étalant des saveurs d’aiguilles de conifères et de poussière. Ce profil de saveurs est peut-être plus linéaire que l’arôme, mais il est tout aussi séduisant. Le fruité est multiple, passant allègrement de canneberges à raisins noirs.

La finale : La sècheresse (ces levures sauvages ont tendance à s’empiffrer de tous les sucres résiduels sur leur passage) et les angles acidulés s’assurent que l’on veuille récidiver rapidement. De plus, le niveau d’acidité est plus bas que la moyenne du style, ce qui rend la Rouge des Cantons plus facile à boire. Des touches de verdure apparaissent ici et là, résultat de l’union idiosyncrasique du malt d’orge québécois et du baril de chêne.

Accords : D'une salade fraîche du jardin agrémentée d'une touche de vinaigre balsamique à une pièce de viande rouge saignante, cette Rouge des Cantons saura rehausser plusieurs plats déjà expressifs.

Pourquoi est-ce un grand cru? : À part le côté créatif de cette recette, c’est la maitrise des nombreuses facettes de son exécution qui peut étonner. Avec de telles variables difficiles à contrôler (séjour en barils de chêne et levures sauvages), il peut être ardu d’obtenir une bière juste et équilibrée. La Rouge des Cantons nous propose aussi une des plus belles utilisations du malt d’orge québécois que nous ayons eu la chance de déguster. L’harmonie des ingrédients est enivrante.

Si vous avez aimé, essayez aussi : Très peu de brasseries ont tenté l’expérience Rouge des Flandres au Québec à ce jour (quoiqu’à notre connaissance, quatre brasseries de renom ont un projet dans ce sens déjà amorcé… ;D). Pour l’instant, tentez de dénicher l’étalon du style, la Rodenbach Grand Cru (Belgique) ou des exemples presqu’aussi notoires tels la Duchesse de Bourgogne (Belgique, SAQ), ou La Folie (Colorado, É.U.).

4 commentaires:

Satan a dit…

Quand j'y ai goûté avec mon ami au Festival Mondial de la bière à Montréal, on a été déçu. Peut-être qu'on a pas les papilles encore assez développées mais pour nous, cette bière goutait surtout le jus de raisin bizarre. J'aime ça boire du vin, j'aime beaucoup la bière mais pour moi à ce moment là, ça m'avait fait bizarre, surtout après quelques IPA.

Ps, dites bonjour à Monsieur Shantz.

Martin T. a dit…

Bonjour! Je ne crois pas que c'est une question de papilles développées ou non. Ce type de bière peut paraitre très étrange pour quelqu'un qui ne le connait pas trop. L'acidité provenant des lactobacilles (bactéries) et les levures sauvages, en plus du fruité vineux, peuvent créer un profil de saveurs qui rebute certaines personnes, tout simplement par goût personnel.

Comme le fromage bleu qui est volontairement ensemencé de créatures microscopiques qui changent grandement le profil de saveurs, les Rouges des Flandres demandent parfois un certain temps afin de se faire apprivoiser par nos papilles. Si c'est le genre de saveurs qui nous plait en général, bien sûr.

De plus, tu dis que tu avais bu quelques IPAs avant de boire cette Rouge. Il y a de fortes chances que l'amertume tranchante et résineuse de ces bières ait saturé ou fatigué tes papilles. Lorsqu'on a un goût d'amertume verte qui persiste en bouche, c'est certain que la prochaine dégustation en sera affectée. Dans ce cas-ci, quelques réactions peu plaisantes ont pu se produire en bouche suite au contact de cette amertume avec les bactéries acidifiantes et les levures sauvages.

Bref, tout ça pour dire que c'est un produit de grande qualité dans sa propre catégorie. Mais tu as parfaitement le droit de ne pas aimer cette catégorie. :)

Alors, je dis à Mr. Shantz que Satan le salue? ;D

Satan a dit…

Personnellement, je crois que c'est quand même possible "d'apprendre" le goût. Entre la première fois que j'ai bu une ruine papille et la deuxième fois, je n'ai pas goûté l'amertume de la même manière (malgré le contexte qui était similaire).

Tout ça pour dire que je vais peut-être me risquer et m'acheter une bouteille de Rouge des Cantons prochainement. Question de réessayer.

En passant, mon nom est Francis Lavigne (Satan serait un peu drôle), je suis un élève dans la classe de M.Shantz.

Martin T. a dit…

Tu as tout-à-fait raison, Satan, euh, Francis. ;P En anglais, on appelle ça "an acquired taste". Au début, notre palais est presque choqué par les saveurs étranges que l'on perçoit, puis on s'y habitue tranquillement; puis on décide finalement si on veut poursuivre l'expérience ou non. J'ai vécu la même chose il y a quelques années avec la Gose, ce type de bière allemande acidulée et salée...