C’est
évidemment sur les terres belges que l’on retrouve la majorité des brasseries
Trappistes de la planète. Pour avoir droit d’utiliser l’appellation, elles se
doivent de produire leurs bières sur place, par ou sous supervision des moines.
La brasserie ne doit pas entraver le mode de vie monastique de ses résidants et
ne doit en aucun cas devenir l’activité principale du monastère. Les revenus
doivent être destinés à l’entretien du monastère et de ses occupants ;
tous les profits étant destinés à des œuvres caritatives. De plus, un contrôle
de qualité strict est en place afin d’assurer la constance de la bière étiquettée
Trappiste.
Achel
Peut-être
la plus méconnue des brasseries Trappistes belges, Achel n’a vu le jour qu’en
1998. Elle produit une Brune et une Blonde correspondant bien aux définitions
modernes de la Double et de la Triple tandis que l’Achel Extra est une bière
liquoreuse brune foncée d’une grande complexité qui est l’archétype de l’ABT.
Bien que le monastère soit plutôt isolé, sis aux extrêmes confins orientaux de
Belgique, les visiteurs auront souvent droit à rien de moins que trois produits
non commercialisés ailleurs, dont des versions de table à 5% des Blonde et
Brune de même qu’une rarissime Achel Extra Blonde.
Chimay
L’une
des brasseries Trappistes les plus connues du monde, Chimay produit quatre
bières dont trois sont commercialisées à travers le monde. La Dorée, une bière
légère aux rafraichissants arômes d’agrumes, de fleur et de levure est vendue
en fût à l’auberge de Poteaupré, à quelques centaines de mètres du monastère.
En Belgique, presque n’importe quel dépanneur tiendra en inventaire une ou deux
Chimay et les vendra à deux euros pièce. Même au Québec, la gamme Chimay
est l’une de celles ayant la plus grande longévité sur les tablettes de la SAQ.
La Blanche, Triple de la maison, est particulièrement amère et florale, la
Rouge, douce et caramélisée tandis que la Bleu est liquoreuse, fruitée et
poivrée. Bien que les bières sont d’une grande qualité, s’il est une brasserie
Trappiste que l’auteur de ces lignes tient en moins grande estime aujourd’hui
qu’il y a dix ans, c’est probablement Chimay. Croissance trop importante ayant
entraîné un moindre souci de la qualité, erreur de jugement ou évolution du
goût du dégustateur, nous vous laissons choisir votre école de pensée.
Orval
Véritable
brasserie culte, Orval est la seule brasserie Trappiste à ne commercialiser
qu’une seule bière. Une version coupée nommée Orval Vert n’est servie qu’en fût
au café À l’Ange Gardien, adjacent aux terres de l’Abbaye. L’Orval est souvent
disponible à la SAQ et a été maintes fois louangés par les grands critiques de
bière de ce monde depuis Michael Jackson. Elle se distingue des autres
Trappistes par son usage libéral du houblonnage à cru, plus fréquent
aujourd’hui en Belgique, mais très rare il y n’y a qu’une décennie. C’est
toutefois l’ajout de levures sauvages de type Brettanomyces Bruxellensis à
l’embouteillage qui confère à l’Orval sa signature aromatique à la fois
puissante et distinctive – notamment des notes chevalines de fleurs sauvages et
de cuir. Bien que toutes les bières Trappistes soient plutôt atténuées, tant à
cause de l’efficacité de la levure que de la présence d’adjuvants dont les
sucres sont plus simples que ceux provenant des céréales, l’Orval, grâce à ses
Brett, est carrément une des bières les plus sèches du monde. Ce statut, de
même que sa grande effervescence, lui confère une place de choix à table.Rochefort
De l’avis de plusieurs, Rochefort est LA brasserie Trappiste par excellence. Brassant des quantités relativement faibles eu égard à la notoriété de ses bières, Rochefort est probablement la brasserie Trappiste la plus réservée. Contrairement aux autres Trappistes belges, nul café adjacent ne sert les produits de l’Abbaye. C’est pourtant la plus vieille des brasseries Trappistes ; les activités de brassage sur place auraient commencé au XVIe siècle. Adeptes du principe de se concentrer sur ce qu’ils font le mieux, les moines ne produisent que trois bières, toutes des brunes empreintes d’une signature de levure intensément fruitée et d’une texture chocolatée riche et soyeuse presque unique dans l’univers de la bière. Les 6, 8 et 10 constituent l’équipage internationalement respecté en ordre croissant de richesse et de profondeur.
Westmalle
La
brasserie Westmalle n’est rien de moins que légendaire. Créditée pour la
première application du terme Tripel, la blonde forte de la maison est
certainement une des bières artisanales ayant inspiré le plus grand nombre de
brasseurs au monde. De l’avis de plusieurs amateurs, aucune copie ne parvient
encore à la cheville de l’originale. À peine moins réputée, la Dubbel,
chocolatée et fruitée au possible, est moins forte et plus foncée. La rarissime
Extra ferme la gamme, cette bière de table beaucoup plus légère en alcool ne
figure toutefois que très, très rarement à la carte de l’auberge De Trappisten
sise en face de l’Abbaye.
Westvleteren
Le Domaine de la Romanée-Conti de l’univers de la
bière, Westvleteren est aussi l’une des plus petites brasseries Trappistes.
L’immense réputation de même que l’offre très limitée a engendré un véritable
phénomène, qu’on observe malheureusement de plus en plus souvent dans l’univers
de la bière artisanale. Si la gammeWestvleteren était issue d’un vignoble à but
lucratif, les bouteilles se détailleraient à 100$ et s’écouleraient sans
difficulté. La 12 est l’archétype de l’ABT et considérée par plusieurs comme la
meilleure bière du monde, toutes catégories confondues. La 8 est une version
légèrement moins concentrée tandis que la Blonde détonne par sa robe dorée et
ses arômes frais de houblon citronné, de meringue et de fleurs, de foin. Et vous, quelle est votre Trappiste préférée?
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