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15 sept. 2010

Au 12e anniversaire de Dieu du Ciel!



À son anniversaire, Dieu du Ciel! nous présentait quantité de leurs classiques de divers millésimes samedi dernier. Comme toujours, plusieurs amateurs s’étaient déplacés de loin pour assister aux pyrotechnies buccales tant attendues. Avec un record de 25 fûts, il serait laborieux non seulement de décrire toutes les étincelles qui ont stimulé nos palais emballés, mais encore plus d’avoir tout goûté, de tout décrire. Les habitués de Dieu du Ciel! ont toutefois été gâtés par une quantité particulièrement élevée de nouvelles étoiles liquides. Focalisons donc sur ces perles qui deviendront peut-être nos classiques de demain. En d’autres mots, nous sommes le 1er janvier, vous ouvrez votre fidèle journal (blogue) favori et il contient aujourd’hui un cahier spécial des naissances de l’année qui se lit comme suit :

Sont nées le 11 septembre 2010 :

Sieben Hügel : Nommée sans doute en l’honneur des sept collines de Bamberg, cette lager fumée d’inspiration franconienne est toute en légèreté, mais déploie néanmoins un bouquet puissant du malt caractéristique de Bamberg, fumé au bois de hêtre. Sa vive effervescence la fait paraître encore plus légère, plus sèche, plus acide même que ses comparses allemandes qui penchent généralement plus vers le caramel et les fruits. On opte ici plutôt pour une focalisation sur la fumée et sur des houblons nobles à la fois épicés, feuillus et floraux. Difficile d’en vouloir moins d’une pinte.


Équinoxe du Printemps vieillie en fût de chêne : L’Équinoxe du Printemps de base se veut un alliage annuel entre les scotch ales, ces ales rondes, chaleureuses et caramélisées ainsi que le sirop d’érable. On complexifie l’alliage ici en amenant l’Équinoxe à séjourner dans un baril de bourbon. Le résultat est des plus riches, liquoreux et fortement vanillé tout en portant fièrement ses 9,5% d’alcool.




Noce de Soie : Une saison aux ingrédients asiatiques originaux que sont l’écorce de yuzu, un agrume et le poivre sancho, une variété légèrement anisée. À la base, il s’agit possiblement de la plus accomplie des quelques interprétations du style saison produites par Dieu du Ciel! lors des 12 dernières années. Au-delà de sa présentation irréprochable (mousse d’ivoire tenace et corps doré opaque et scintillant), la bière est bien sèche en finale, témoignant d’une bonne atténuation. Les ingrédients spéciaux prennent beaucoup de place, mais s’intègrent à merveille aux croustillants malts pilsener et aux délicats houblons floraux qui supportent l’ensemble.

Les Hérétiques : Il s’agit en fait de deux hérétiques, l’hérétique de base si l’on veut et l’hérétique aux mûres. Les deux sont des aventures au royaume des brettanomyces, ces souches de levures sauvages ayant une capacité spectaculaire pour consommer des sucres résiduels que les levures traditionnelles ne parviennent pas à convertir. Ceci survient toutefois au prix d’une patience accrue, car ce travail s’étire sur plusieurs mois voire même plusieurs années. Et le résultat alors? La première affiche un caractère sauvage modéré, ayant encore une bonne épaisseur provenant de ses sucres résiduels encore affirmés. L’influence du vieillissement en fût de chêne demeure subtile. Des tentacules de fruits tropicaux, de cuir et de foin mouillé complète le portrait. À la fois discrète et profonde. Sa sœur aux mûres se montre peut-être moins riche en salade de fruits, mais se distingue d’une délicieuse acidité où la mûre, le blé et les terreaux humides ravigotent et rafraîchissent.



Quelle conclusion aux étés montréalais de plus en plus relevés quant à la qualité de l’offre brassicole. D'ailleurs, à voir ce qui se trouve dans les fermenteurs, l'automne ne risque pas de décevoir!

26 août 2010

Les houblons du nouveau monde, au parfum du jour (2e partie)

Alors, comment pouvons-nous, bièrophoux québécois, profiter de ces arômes envoûtants provenant de ces houblons de la côte ouest américaine et de la Nouvelle-Zélande? La chasse s’avère ardue, mais une personne bien informée saura où s’abreuver. Voici quelques premières pistes :

Tout récemment, le Dieu du Ciel! de Montréal enfûtait son deuxième brassin de l’Herbe à Détourne, une Tripel belge aromatisée au houblon Citra. Ce houblon, développé entres autres grâce à l’aval de la brasserie Sierra Nevada de Chico dans le nord de la Californie, propose un bouquet étonnant d’agrumes de toutes sortes. Une salade de fruits tropicaux, quoi. Dans cette Herbe à Détourne, les températures de fermentation relativement élevées typiques à la levure belge utilisée se marient au Citra et amènent même son fruité vers celui du dourian, tout en étant ramenée sur terre par des flaveurs d’écorces d’arbre. De la magie, franchement. En passant, la brasserie Sierra Nevada teste présentement un houblon qui propulse des arômes supposément étonnants de bleuets…

Verra-t-on un jour l'Herbe à Détourne rejoindre les autres superbes bières phares de Dieu du Ciel! en bouteille?

La Ripaille du Siboire à Sherbrooke (ou rIPAille, comme c’est indiqué au tableau) est un autre bel exemple de l’utilisation d’un houblon du nouveau monde au Québec. Cette IPA fait festoyer tout amateur du houblon Simcoe à l’aide de ses arômes d’ananas et de mangues, le tout dans un corps croustillant (donc relativement sec) et effervescent. Jonathan Gaudreault, maître-brasseur de l’endroit, nous prépare aussi une Pilsener au Citra. Un concept novateur d’allier ce houblon si expressif à un style si doux comme celui d’une pils, mais nous faisons entièrement confiance à Jonathan. À déguster cet automne au pub sherbrookois.



Depuis quelques mois, la Microbrasserie Charlevoix nous permet aussi de voyager davantage dans diverses contrées houblonnées avec sa série de Vache Folle Double IPA concoctée avec un houblon différent par brassin. À ce jour, ils ont mis en vedette le Amarillo, le Columbus, le Herkules (allemand, celui-ci!), le Simcoe et le Bravo. À quand le Nelson Sauvin et le Citra, Messieurs de Baie-Saint-Paul? Fait notable, cette série de Double IPA représente une des rares chances de goûter à l’apport de ces houblons dans une bière embouteillée au Québec. Les autres adoptent presque toutes le fût, à ce jour.


D'autres indices dans quelques jours...

19 août 2010

Les houblons du nouveau monde, au parfum du jour (partie 1)

À l’extrémité sud-est de la Californie, aux abords de Death Valley, là ou les températures désertiques atteignent les 50 degrés Celsius régulièrement en été, une toute petite brasserie aux allures de saloon remodelé brasse une India Pale Ale (IPA) aux arômes époustouflants d’agrumes, de litchis et de mangues.



Dans le nord de l’état, à près de 600 kilomètres de là, dans une ville entourée de vignobles, de feuillus et de conifères, un autre brasseur utilise des cultivars de houblon des plus aromatiques pour donner à sa Double India Pale Ale un parfum et des saveurs de citron, d’ananas et d’aiguilles de pin. On dit même que c’est lui, Vinnie Cilurzo, qui a lancé la mode des Double IPA :



Et nous pourrions continuer ainsi longtemps sur la côte ouest des États-Unis. Villes et villages, aux abords du Pacifique comme dans les terres et les montagnes, abritent des brasseries qui savent tirer profit des champs de houblon de l’Oregon, de l’état de Washington et de la Nouvelle-Zélande afin de donner à leurs bières, pas seulement leurs IPA, des parfums des plus envoûtants, créés par les cultivars Simcoe, Amarillo, Nelson Sauvin, Pacific Gem, Citra, etc. Ces houblons sont non seulement avenants, ils sont plein de personnalité, devenant aisément identifiables lorsqu’utilisés généreusement pour aromatiser toute bière. Est-ce que l’amateur de bières du Québec peut facilement s’abreuver de nectars houblonnés avec ces variétés idiosyncrasiques? Oui, et non. Il faut vraiment être à l’affût des nouvelles créations, et se retrouver au bon endroit au bon moment, pour découvrir ces super-cultivars. Quelques pistes la semaine prochaine…

12 août 2010

Le X de 1000




Sur la planète brassicole québécoise, il y a une poignée d’événements que nous pouvons qualifier d’incontournables. Ce sont ces moments où, pour plusieurs amateurs, on retrouve la famille, recroisant ces visages connus que nous ne contemplons que quelques fois l’an. Au palmarès de ces événements immanquables, nous retrouvons bien entendu le Mondial de la Bière, un monument de la découverte depuis 17 éditions, la Fête Bières et Saveurs de Chambly avec son site enchanteur et ses agréables penchants pour le terroir, l’anniversaire de Dieu du Ciel! nous gavant d’une sélection unique d’exquises ales millésimées… Un autre joueur important au panthéon des grands événements est le plus obscur X de 1000, lequel vient de souffler sa onzième bougie le 7 août dernier.


Le concept est fondé sur la convivialité inhérente à la bière et particulièrement à la bière-maison. Dans un élan de générosité créatrice, je vous ai préparé un schéma représentant la relation « donnant-donnant » unissant les deux :



À la base, les organisateurs sont des brasseurs-maison. Depuis 10 ans, certains sont devenus professionnels, d’autres auraient très bien pu, mais se sont sans doute convaincus qu’ils auraient été beaucoup trop heureux à se briser le dos avec des poches de malt et à nettoyer des cuves 80 heures par semaine en échange d’un salaire de moitié inférieur à ce qu’ils gagnaient auparavant.

Ces brasseurs-maison se regroupent donc une fois par année pour une compétition amicale dont les ingrédients principaux sont : un grand terrain en campagne, le nécessaire à camping, quelques tables, beaucoup de bières-maison, beaucoup d’amateurs curieux de les essayer, un méchoui, un soleil . On dit souvent que les meilleures recettes dépendent surtout de la fraîcheur de leurs ingrédients. Pour le X de 1000, je puis vous assurer que tous les ingrédients, hormis les amateurs curieux, étaient d’une fraîcheur optimale. Ultimement, il est fort ardu d’y passer du mauvais temps.

Des brassins aussi exclusifs qu’une pilsner miel et amandes, une pale ale rehaussée de brettanomyces ou un clone de la célèbre Orval peuvent être dégustés selon la célèbre formule « à volonté » qui, en passant, aurait été inventée par la fédération québécoise des restaurants chinois. Les dégustateurs y trouvent une énième occasion de profiter du dur labeur des brasseurs, ces derniers semblant accepter que quelques commentaires plus ou moins constructifs constituent une juste rétribution. En tant que dégustateur, je me satisfais évidemment de cet arrangement unidimensionnel sans mot dire.

En fin de compte, ce qu’il faut retenir de cet article est qu’il existe un événement annuel combinant camping et des hordes de bières-maison. Qui plus est, l’événement est accessible au public. Les brasseurs-maison étant à l’avant-garde des modes, voilà une formidable occasion de découvrir les tendances à venir dans le monde de la bière.