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4 déc. 2011

Munich, coeur brassicole de la Bavière


La métropole bavaroise habite l’imaginaire de plusieurs voyageurs désirant visiter cette partie du monde. Ses Hirschgarten et Englischer Garten, des parcs urbains abritant, entre autres, des biergartens gigantesques, contribuent grandement à l’atmosphère festive présente de façon permanente ici. Les magasins haut-de-gamme du centre historique relativement moderne (comparativement à Bamberg, par exemple) détonnent cependant, alors que le plus grand marché extérieur en Europe, le Viktualienmarket, confirme la passion des allemands pour le porc. On dirait bien que la moitié de ses kiosques vendent des charcuteries... À cheval entre traditions fermement ancrées et contemporanéité, Munich possède les atouts nécessaires à un séjour des plus diversifiés.  

Avant même de se lancer dans la présentation de nos coups de coeur brassicoles de la ville, nous aimerions dire un mot sur la Hofbräuhaus. Pour ceux qui ne la connaissent pas, c'est la plus grande brasserie de la ville et ses nombreuses salles peuvent contenir jusqu'à 5000(!) personnes. Tous les guides touristiques vous diront d'y aller. Eh bien... allez-y! Ça vaut la peine, le temps d'un Mass (bock d'un litre, seul format disponible). Le service peut par contre y être totalement indifférent, la nourriture caricaturale, la bière bonne, mais sans plus, et le oompah-pah continuel du band folklorique devient lourd puisque répétitif. Bref, facile de trouver mieux dans une ville si bien nantie en brasseries. Voici nos préférées :

Schneider Weisses Brauhaus,  au Tal 7

Une vieille maison typique de la région, avec plusieurs pièces, boiseries et des mets traditionnels bavarois. Parfait pour une introduction à la Bavière, tout en évitant les excès du plus commercial Hofbräuhaus, par exemple. On y sert évidemment la gamme de bières de blé de la brasserie Schneider, en plus de quelques lagers invitées pour ceux qui insistent pour boire une bière de fermentation basse. Les version en fût des bières de blé de Schneider sont convaincantes, même s'il faut s'attendre à une sensation en bouche moins effervescente. Si vous adorez les Aventinus, Hopfenweisse, Schneider Original et Wiesen Edel-Weisse que nous pouvons trouver à la SAQ, il vous faut mettre le Schneider Weisses Brauhaus sur votre liste de priorité.

Andechser am Dom, au Weinstrasse 7a

Plus élégant que la maison traditionnelle de Schneider, le pub et restaurant munichois du monastère d'Andechs (lui, situé à quelques minutes à l'ouest de Munich) ravit autant les yeux que les papilles. Les nombreuses fresques donnent des airs de grandeur au petit local orné de boiseries sanguines. La terrasse est aussi très fréquentée, faisant face au Dom. Si vous n'avez pas le temps d'aller au monastère d'Andechs même, c'est ici que vous risquez d'y trouver la motivation. Les lagers d'Andechs exhibent une telle finesse qu'elles en laissent plus d'un pantois. De l'impeccable Helles à la Doppelbock complexe et satinée, toute bière à l'ardoise excelle dans son style. De plus, les collets recouvrent généreusement les pintes mais jamais les cous des pimpantes serveuses aux décolletés plongeants. On respecte la tradition bavaroise, bien sûr.

Ayinger Speis und Trank, au Am Platzl 1a

Tout juste en face du Hofbräuhaus, ce pub et restaurant de la brasserie Ayinger rafraichit par son authenticité. Les autobus de touristes débarquent de l'autre côté de la rue, alors aucune crainte de se faire envahir de photographes en herbe lors de sa dégustation. Les bières d'Ayinger ont aussi le mérite d'être plus accomplies que celles de Hofbräu. Elles sont toutes servies au fût à ce restaurant, de la rare Kellerbier à la croustillante Pils, de l'effervescente Weiss à la toute délicate Hell. Cette dernière est aussi servie par gravité d'un baril de bois sur le comptoir à partir de 17h. Malgré toutes les options brassicoles à Munich, on prend plaisir à retourner au Ayinger Speis und Trank.


Augustiner Bierhalle und Restaurant, au Neuhauser Strasse 27 

On garde le dessert pour la fin. Non seulement notre coup de coeur à Munich, mais peut-être bien une des enceintes brassicoles les plus impressionnantes en Allemagne, le Augustiner Bierhalle und Restaurant sait plaire. Tout d'abord, l'endroit est gigantesque, alors facile de trouver un coin qui nous plait. Que ce soit du côté bar, tout en bois, là où l'on sert la Lagerbier à partir d'un baril de bois par gravité dès 16h, ou sur une des terrasses, ou même dans la somptueuse salle à manger, tout est mis en place pour épater. Du service des plus professionnels et sympathiques (oui, oui, cela existe à Munich!), aux multiples ambiances, de la qualité de la boustifaille à celle des lagers, tout ici respire la qualité. Mis à part les offrandes en fût, ne vous gênez surtout pour demander une bouteille de la Pils. C'est tout simplement une des plus grandes de son genre, à notre humble avis.

...

 Ceci conclut (pour l'instant) notre guide de voyage brassicole sur l'Allemagne. En espérant que vous y avez trouvé de quoi rêver à votre prochain périple! Le prochain guide de voyage brassicole aura comme destination... hmmm... la Belgique?


Si vous avez manqué quelques articles de ce guide de voyage brassicole, vous les retrouverez au bas de cette page.

21 août 2011

En quête de grandes bières à Berlin



Depuis la chute du mur, quantité de monuments hyper-modernes poussent derrière les quelques bâtiments historiques ayant survécu aux multiples métamorphoses de la ville. Côté bière, le changement le plus important que l'on puisse remarquer d'emblée est la quasi-disparition de la Berliner Weisse, style endémique à Berlin ayant vécu des périodes de grande popularité; Napoléon et ses troupes l'avaient même surnommée le "Champagne du Nord". Ces bières de blé très effervescentes, légères en alcool et acides, ont été victimes de l'appétit vorace de certaines brasseries voulant prendre de l'expansion. De sorte qu'aujourd'hui, tristement, une seule brasserie berlinoise produit une Berliner Weisse: Berliner Kindl. De plus, cette brasserie mise davantage sur sa Pilsener pour faire sa renommée; la Berliner Weisse est presque reléguée aux oubliettes, toujours servie avec un sirop sucré. Il faut être muni d'une patience exemplaire afin de réussir à se faire servir un verre sans ajout sucré...

Ceci dit, malgré tous ces chocs, il est toujours possible de trouver quelques brasseries ou bars à bières de grand calibre afin de se rafraichir entre chaque galerie d'art berlinoise. Voici, comme à l'habitude, nos coups de coeur. Commencez par ces établissements si vous êtes en quête de grands crus!


Weihenstephaner am Hackeschen Markt, au 5, Neue Promenade

Ceux qui connaissent cette institution brassicole qu’est Weihenstephaner se demandent peut-être pourquoi nous l’incluons dans notre page sur Berlin. Bon point. En fait, cette brasserie, la plus vieille sur la planète en production continue, siège à Freising, en banlieue de Munich. Loin de Berlin donc. Cependant, la capitale bavaroise est étrangement dépourvue d’établissements de haut calibre servant l’exquise gamme de Weihenstephan. Ce sympathique restaurant de Berlin Mitte, à quelques pas de la station Hackeschen Markt, sert presque tous  les produits de la brasserie quasi-millénaire, des exemplaires bières de blé (Hefe Weissbier, Hefeweissbier Dunkel, Kristall Weissbier et Vitus Weizenbock) aux plus rares, mais toutes aussi accomplies Pils et Original (une Helles). Si vous ne voulez pas aller à Freising même, il vous sera difficile de trouver un meilleur établissement en Allemagne où boire les chefs d’œuvres de cette brasserie.

Hops & Barley, au 22-23 Wuhlischstrasse

L’atmosphère de Friedrichshain est palpable dès le premier pas hors de la gare. C’est ici d’ailleurs que le plus grand vestige du mur de Berlin, le East Side Gallery, nous nargue, aujourd’hui flamboyant et multicolore grâce aux efforts d’artistes de par le monde qui l’ont peint chacun à leur façon. À une vingtaine de minutes de marche du mur, vous vous retrouverez dans ce minuscule brouepub desservant la jeune clientèle éclectique de ce quartier aux murs, et aux habitants, tatoués de contestation. Un énorme chien boitant vous souhaitera la bienvenue de ses yeux vitreux, protégeant un minuscule système de brassage sis à côté du bar. La Pils non filtrée de la maison est très herbacée et amère pour le style et la Weizen possède autant de personnalité. On ne s’attend à rien de moins d’une brasserie artisanale implantée dans Friedrichshain.

Brewbaker, au 2-4 Arminiusstrasse

Notre dernière visite remonte à quelques années et il semble que l’établissement soit déménagé dans un vieux marché. Auparavant situé directement sous une voie ferrée(!), le Brewbaker est un brouepub où la gamme se montre plus étendue que dans une brasserie allemande moyenne. Un stout figure souvent à la carte. Leur Pils, seule bière toujours en service, s’est révélée être notre interprétation favorite de ce style dans la capitale, croustillante à souhait malgré ses malts plutôt potelés. Mention honorable au menu de nourriture, s’écartant courageusement des standards peu colorés et gras du pub allemand typique. Quelques bouteilles d’autres brasseries sont aussi disponibles.

Eschenbräu, au 67, Triftstrasse

photo

Ce brouepub du nord de la ville est peut-être hors des sentiers touristiques battus, mais l’expérience et la clientèle authentique du quartier, en sus de la bière, justifie le détour qui n’en est pas vraiment un, tellement la station de U-Bahn est proche. La décoration minimaliste, les bagels surdimensionnés qui pendent aux quatre coins du bar (unique aliment disponible) et l’éclairage tamisé de ce sous-sol (oui, un sous-sol, ne vous l’avait-on pas dit?) nous rappellent davantage le cellier que le répertoire du jet set aux vêtements griffés. Néanmoins, le service bilingue est accueillant et la carte propose jusqu’à quatre bières bien concoctées, une variété supérieure à la moyenne allemande.



La semaine prochaine, on s'établit à Bamberg afin de vous faire visiter un des paradis du monde brassicole: la Franconie!




PS. Cet article fait partie d'un guide de voyage brassicole que vous retrouverez sur cette page.

6 juil. 2011

Freiburg im Breisgau et les brasseries de la Forêt Noire allemande


La brasserie Feierling ne pourrait pas jouir d'un emplacement plus idyllique



À chaque chant du coucou, qu'il provienne de ces horloges traditionnellement fabriquées dans la forêt noire ou de votre imaginaire assoiffé, il est possible, à Freiburg im Breisgau, de déguster une nouvelle bière. Mais, si comme nous vous tenez à votre santé, mieux vaut étaler le plaisir sur quelques jours. Que ce soit dans les brouepubs de cette ville verte, dans les nombreux bars de son centre médieval ou à partir des kiosques extérieurs du coin Oberlinden, plusieurs bières locales différentes sont disponibles fraîches dans un environnement charmant réservé aux piétons et aux bicyclettes.




La Schwabentor, devant laquelle les kiosques et terrasses de la Oberlinden s'installent en soirée



Outre les satisfaisantes Martin’s Bräu, Alpirsbacher Kloster et Waldhaus, qui brassent toutes de bien admirables Pilseners, les bières de 4 brasseries de la forêt noire nous ont charmées. Vous pouvez bien évidemment aller les déguster sur place, mais si vous préférez demeurer à Freiburg im Breisgau, vous les trouverez toutes dans un état inspirant.



Voici donc sans plus tarder nos coups de cœur de la région, surtout reconnue pour son jambon et son gâteau au chocolat et aux cerises macérées dans le kirschwasser:



Hausbrauerei Feierling, à Freiburg im Breisgau




Avec possiblement le plus beau biergarten de la ville, sous les marronniers, à quelques pas d'un canal rappelant ceux de Venise, il est difficile de ne pas tomber sous l'emprise de ce brouepub. Décidément, côté emplacement, Feierling est dur à surclasser. Et la seule bière de la maison est toute aussi séduisante. Soyeuse et douillette comme plusieurs pilseners tchèques non filtrées, donc moins sèche que la Pilsener allemande moyenne, la Insel Hopf de Feierling se laisse boire et déguster à coups de grandes pintes. Foin, citron et herbes se succèdent sur le palais, toujours relevés par un petit coussin de sucre bien agréable.



Badischen Staatsbrauerei Rothaus, à Rothaus




Près de Grafenhausen, dans la campagne de la forêt noire, vous pourrez trouver le gasthof de cette brasserie des plus impressionnantes. Si vous ne disposez pas d'une voiture ou d'un conducteur designé, ne désespérez pas. Rothaus est une brasserie étatique (comme les plus connues Weihenstephaner et Hofbräuhaus de Munich) et leurs trois bières sont distribuées en bouteille un peu partout dans le sud-ouest de l’Allemagne. Celles-ci sont élégantes et fragiles, comme la majorité des lagers allemandes d'ailleurs. Il vaut donc mieux les découvrir ici, dans leur région natale. La Pils, même en bouteille, nous fait frémir de sa délicatesse, renfermant une complexité houblonnée surprenamment longue en bouche. Leur Weizen est toute aussi impeccable en plus d'être munie d'une personnalité citronnée se démarquant des Weizens classiques. À noter que leurs bières possèdent des noms différents lorsque embouteillées dans de petits formats. La Pils devient Tannen Zäpfle et la Märzen Export devient Eis Zäpfle...



Ganter Brauerei, à Freiburg im Breisgau




Sur la courue Münsterplatz, à l’ombre de l’énorme cathédrale qui domine le square de la capitale de la forêt noire, vous trouverez le brauereiausschank de cette brasserie régionale. C'est ici que vous pourrez déguster leur Wodan, une Doppelbock diplomatique et complexe. Elle est servie au fût l’année durant, chose très rare dans une Allemagne brassicole qui vit au cours des saisons. Son nez de pruneaux, de caramel et de fruits rouges mène à un admirable corps non gorgé par les sucres résiduels, chose inhabituelle pour le style. On prend plaisir à la boire autant que la Urtrunk de la maison d'ailleurs. Cette derniàre, une lager non-filtrée, est un bel exemple d'une biàre rurale, empreinte d'un caractère levuré rappelant le pain, équilibré par des houblons herbacés et épicés. On se croirait presque dans la campagne franconienne...



Löwenbrauerei Elzacher, à Elzach




Le village d'Elzach est facilement accessible de Freiburg en empruntant un train. C'est là-bas que vous dégusterez dans leur meilleure condition les bières de cette petite brasserie. Leur Weizen (nommée Der Weisse Löwe, ou le lion blanc) et leur Kräusen Pils (non filtrée, issue d'un assemblage de jeune pils et de pils mature) possèdent toutes deux la signature de la brasserie. Elles possèdent une sécheresse plaisante, une effervescence marquée ainsi qu'une touche rustique provenant surtout des levures et des conditions de fermentation. Leurs bouteilles sont presque impossibles à trouver à Freiburg (essayez le Hauck Getränkemarkt sur Günterstalstrasse) et les bières, définitivement absentes des bars de la ville. Qu'à cela ne tienne, les produits de cette brasserie méritent d'être explorés en priorité lors de votre séjour dans la forêt noire allemande. Chasseurs de grands crus expérimentés, celle-ci est pour vous!





La semaine prochaine, on squatte à Cologne, le pays de la Kölsch!



30 juin 2011

Guide de voyage brassicole - L'Allemagne



  
Pas moins de 1300 brasseries. Des siècles et des siècles d’histoire brassicole. Une multitude de types de bières créés, encore brassés aujourd’hui bien au-delà de ses frontières. Certains disent qu’aucun autre pays n’a autant influencé la planète-bière que l’Allemagne. Son statut est tel que la « bière allemande » tente de se faire reconnaître par l’UNESCO comme faisant partie du patrimoine mondial immatériel.

Évidemment, il serait ridicule et ambitieux de prétendre vouloir faire un survol compréhensif et critique de toutes les brasseries du pays germanique. Steve Thomas, auteur du Good Beer Guide to Germany, signe dans son livre une liste gargantuesque de chaque brasserie allemande, mais ne se targue pas de toutes les avoir dégustées. Son foie le remercie sûrement. De notre côté, nous ne prétendons pas non plus avoir foulé le sol de toutes les régions ou avoir bu toutes les bières d’une région visitée. Il faudrait une vie entière consacrée uniquement au pays germanique afin de réussir cet exploit. Toutefois, après trois voyages brassicoles en Allemagne dans les six dernières années, nous croyons pouvoir vous élaborer un guide qui sera utile à la très grande majorité des amateurs de bières visitant le pays. Vous nous en donnerez des nouvelles!


C’est au long d’une quinzaine d’articles donc que nous vous détaillerons nos coups de cœur allemands, comme il fût le cas pour nos autres guides brassicoles sur ce blogue, classés par région urbaine. Le pays est si dense et si peuplé en brasseries qu’il mériterait de multiples ouvrages à lui seul. Mais bon, nous nous disons qu’une quinzaine d’articles suffiraient pour convaincre n'importe quel dégustateur de bières que l’Allemagne se doit d’être prise au sérieux dans toute conversation bièrologique ou toute planification de voyage.

Nous commencerons tout d’abord la semaine prochaine par une région souvent oubliée par les bièrophiles, mais qui possède un lot très intéressant de grands crus : la Forêt Noire. À vos jambons, la Pils coulera à flot!

Tschüss! 

12 oct. 2010

La République Tchèque et ses styles de bières



Avant de se lancer dans l’exploration de la Tchéquie brassicole la semaine prochaine, voici un aperçu des termes que vous allez voir et revoir sur les ardoises de tous les pubs et brasseries là-bas.

Il faut d’abord comprendre que les bières en République Tchèque sont classifiées par couleur et par degrés Plato. Les trois couleurs régulièrement au menu sont la Světlé (blonde), la Polotmavé (rousse) et la Tmavé (brune-noire), aussi appelée Černé. Les degrés Plato, de leur côté, sont une mesure du taux de sucres fermentescibles présents dans un moût de bière avant sa fermentation. Plus il y a de sucres fermentescibles, plus la fermentation est susceptible de produire de l’alcool; vous comprendrez donc qu’un moût dans les 14 degrés Plato produira davantage d’alcool qu’un moût de 10 degrés. Une carte des bières ressemble donc souvent à celle-ci :


Depuis quelques années, vous apercevrez aussi deux termes indicatifs d’un conditionnement particulier : kvasnicové et nefiltrované. Les bières kvasnicové, peu importe leur couleur ou leur degré Plato, sont conditionnées à même le fût à l’aide d’un ajout de levure. Les lagers désignées nefiltrované, vous l’aurez deviné, ne sont tout simplement pas filtrées.

Les styles de bière endémiques à la République Tchèque sont :

Světlé Výčepní (10° et moins)
Sans équivoque, voici le style le plus populaire en République Tchèque. Son degré d’alcool plus léger (entre 3% et 4%) fait qu’on peut boire quelques pintes en une journée sans en ressentir d’effets importants. Des tranches de pain liquide, quoi. Le houblon est peu présent, l’orge offre des saveurs subtilement sucrées et l’effervescence picote sur la langue. C’est une lager de tous les jours, très digeste.

Parmi nos préférées :
-Koutský 10°, de Pivovar Kout na Šumavě
-Hubertus Světlé Výčepní 10°, de Pivovar Kacov

Světlý Ležák (autour de 12°)
Voici la « Pilsener tchèque » brassée partout en Amérique du Nord. À toutes fins pratiques, on pourrait dire que c’est l’omniprésente Pilsner Urquell qui a transmis le terme Pilsener au reste de la planète brassicole, mais en Tchéquie, on parle de Světlý Ležák pour parler de ce type de bière. Le terme « Pilsener » désigne seulement la marque de commerce que tout le monde connaît. Ces Světlý Ležák sont très bien maltées, plus charnues que leurs voisines allemandes grâce au malt d’orge de Moravie. Le houblon Saaz (appelé Žatec en Tchéquie) s’exprime de l’arôme à l’amertume. La richesse des ingrédients locaux s’équilibre parfaitement avec le corps facile à boire. Une véritable perle du monde brassicole.

Parmi nos préférées :
-Koutský 12°, de Pivovar Kout na Šumavě
-Svatý Norbert Velikonoční 13°, de Klásterní Pivovar Strahov

Světlé Speciální (14° et +)
Un esprit nord-américain attiré par les expériences gustatives intenses déduirait, logiquement, que la 14 degrés est plus forte, donc plus houblonnée, plus maltée, etc. Détrompez-vous! Ces Speciální ne sont pas des versions sur-houblonnées des 12 degrés. Elles sont plutôt miellées, peu amères et un peu liquoreuses. On pourrait donc dire que le style s’apparente aux Heller Bock allemandes.

Parmi nos préférées :
-Vyškovské General, de Pivovar Vyškov
-Dobřansky Sekáč, de Modrá Hvězda


Polotmavé
« Polotmavé » signifie littéralement « demi-foncée ». Au Québec, nous les appelons « rousses ». Un peu comme chez nous, ces rouquines sont axées sur le malt d’orge et ses sucres légèrement caramélisés aux accents fruités. Le houblon Saaz ajoutera quelques notes herbacées afin d’équilibrer le tout. Contrairement à chez nous cependant, les basses températures de fermentation de ces Polotmavé scellent chaque gorgée d’une sècheresse qui s’allie habilement aux houblons subtilement amers.

Il est très rare qu’une brasserie offre deux Polotmavé à la fois. Le même rapport de force que chez les Světlé existe tout de même; plus le degré Plato est élevé, plus la bière sera riche. Cependant, le houblon n’étant pas si capital à ce style, les différences de profils de saveurs ne sont pas aussi précises que pour les Světlés. Les consommateurs demandent donc la Polotmavé du menu, si tel est leur désir, peu importe son degré Plato.

Parmi nos préférées :
Svaty Florian Polotmavé 11°, de Minipivovar Loket
Polotmavý Speciál 12°, de Pivovar Bašta
Polotmavý Speciál 13°, de Velkoribnický Hastrman
Dobřansky Dragoun 16°, de Modrá Hvězda


Tmavé (Černé)
Comme les Polotmavés, il est très rare qu’une brasserie offre deux Tmavés, ou Cernés, à la fois. Même si les versions Vycepni tendent aussi à être minces et plus digestes, le client commandant une Tmavé cultive habituellement une passion pour ses saveurs délicatement rôties, caramélisées et fruitées. La teneur en alcool lui importe peu. Jadis, les femmes buvaient ces lagers noires, alors que les hommes se gavaient des blondes. Aujourd’hui, un homme ne fera plus rire de lui s’il prend une pinte de Tmavé…

Parmi nos préférées:
Koutský 18° Tmavý Vánoční Speciál, Pivovar Kout na Šumavě
Krkonosský Medved Tmavý Lezák 12°, de Minipivovar Vrchlabi
14° Tmavé, de Modrá Hvězda



Suite du guide de voyage brassicole : on débarque à Prague afin de partager nos impressions sur une quinzaine de brasseries artisanales et de bars spécialisés.

4 oct. 2010

Guide de voyage : la République Tchèque | Présentation de la scène brassicole

La Tchéquie est avant tout réputée pour le style Pilsener qui y est né en 1842. Franchement, cette réputation est méritée. La majorité des bières tchèques correspond grosso modo à la vague définition d’une Pilsener. Nous présenterons les styles du pays plus en détail dans le prochain article de cette série.
Ce sont plus de 100 brasseries qui cohabitent les foies des Tchèques, les plus grands buveurs du monde en litres par année per capita. Comme ailleurs, quelques brasseries dominent le marché. Ici, ce sont les Pilsner Urquell, Staropramen, Budvar… L’avantage, c’est que les gros respectent souvent des standards de qualité plus élevés qu’ailleurs, notamment grâce à des ingrédients de première qualité qui font la fierté du pays.

Ces brasseries sont souvent des établissements analogues à nos broue-pubs, souvent en campagne ou dans des petites villes. On peut y manger des spécialités Tchèques– essayez d’aimer la viande en sauce – et on ne parle que très rarement l’anglais. De l’authentique, quoi!

Récemment, plusieurs petites brasseries commencent à s’éloigner davantage des styles plus traditionnels. On trouve de plus en plus de bières de blé et il est désormais possible de dénicher des fermentations hautes comme une IPA ou un Stout.

Une particularité de la bière Tchèque est qu’elle voyage trè
s mal. La fraîcheur est primordiale et les bières embouteillées, filtrées et souvent pasteurisées se prête mal à l’exercice, bénéficiant de peu d’agents naturels de conservation tels un haut degré d’alcool, de la levure active, des malts rôtis ou des épices. Il vaut à peine le mal de se ramener quelques bouteilles au retour d’un voyage. Le déplacement vaut toutefois grandement son pesant d’air miles!
On aime:
  • L’attention particulière portée au service. Les pintes nous arrivent toujours avec un spectaculaire collet blanc d’une densité remarquable. On croirait du styrofoam.
  • La fraîcheur marquante d’une majorité des produits. Les broue-pubs se contentent souvent de deux ou trois bières, parfois même une et les tchèques étant de bons buveurs, la fraîcheur est au rendez-vous.
  • Les prix exceptionnellement bas. À l’extérieur du centre de Prague, la pinte typique coûte moins d’un dollar. Au coeur de Prague, c’est habituellement le double, souvent plus, mais rien de comparable aux prix nord-américains.
On aime moins :
  • Il est encore possible de fumer dans les bars et plusieurs Tchèques en profitent si bien qu’il est rare d’avoir des conditions optimales de dégustation
  • Bien que nous adorions les bières Tchèques nous-mêmes, certaines personnes pourraient se lasser d’un manque de variété relatif. Les Québécois sont gâtés à ce niveau.
  • Le service est souvent peu attentionné
Les bars où la bière revêt la moindre importance ont cette fâcheuse habitude, pour le touriste, de fermer leurs portes relativement tôt, souvent à 23h, mais parfois à 21h ou 22h. En revanche, ils les rouvrent souvent tout aussi tôt le lendemain.

Suite du guide de voyage brassicole: les styles brassés en République Tchèque...