Affichage des articles dont le libellé est Schlenkerla. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Schlenkerla. Afficher tous les articles

27 août 2011

Bamberg, ville brassicole à couper le souffle





Au nord de la Bavière se trouve une région fièrement indépendante où l'on brasse, et l'on parle, d'une manière bien distincte. La Franconie (Franken, en allemand) représente aujourd'hui un de ces paradis brassicoles qui se veut un musée à ciel ouvert de ce que l'Allemagne avait l'air bien avant la destruction des guerres mondiales. Bamberg, ville protégée par l'UNESCO grâce à son centre historique miraculeusement intact, est le centre de cette région brassicole parmi les plus riches au monde.




Ceux qui se dirigent vers Bamberg pour la première fois, ayant lu sur les traditions brassicoles de la ville, arrivent souvent avec des attentes quant à ses bières fumées, appelées Rauchbier. En fait, plusieurs croient que la majorité des dix(!) brasseries de la ville ont une Rauchbier à l'ardoise. Par surcroît, quantité de voyageurs croient que ces lagers fumées auront autant d'impact gustatif que la remarquable Schlenkerla Märzen, porte-étendard de ce style sur la planète brassicole. Il suffit pourtant d'un court séjour à Bamberg - et en Franconie - afin de pouvoir démentir ces deux croyances. Premièrement, seulement 3 brasseries sur 10 à Bamberg produisent une ou plusieurs Rauchbiers. Deux d'entre elles figurent d'ailleurs dans cet article. Finalement, aucune Rauchbier en Franconie n'est aussi intense que la célèbre Schlenkerla Märzen. Celle de Brauerei Rittmayer à Hallerndorf la lorgne, mais ne possède tout de même pas la même longueur boisée que la Schlenkerla...



À chaque visite, que vous aimiez ces lagers fumées ou non, Bamberg impressionne. Que ce soit par sa beauté incommensurable ou par la qualité de ses nombreuses brasseries, kellers ou bars à bières, il est difficile d'y revenir sans être atteint d'une profonde nostalgie d'un temps où presque chaque village et chaque quartier urbain possédait une brasserie. Ici, le temps s'est arrêté, au grand plaisir de tout amateur de bière de qualité. Voici donc la première partie de nos établissements brassicoles préférés à Bamberg. Suivront 4 autres billets, tous détaillant certaines des plus savoureuses expériences pouvant être obtenues dans cette région rurale.



Schlenkerla Ausschank, au 6 Dominikanerstrasse





Si vous n’avez jamais entendu parler de la brasserie Heller-Trum, producteurs de la marque Schlenkerla, dirigez-vous immédiatement vers votre SAQ pour aller y chercher une bouteille de leur Rauchbier Märzen. L’expérience de ses saveurs rappelant le bois et le gibier ultra fumés n’a d’égal dans le monde de la bière. Chose faite, vous comprendrez à quel point il est ahurissant pour toute personne non franconienne que ce pub, en plein centre de la vieille ville touristique de Bamberg, est bondé de gens de tous âges qui tous (tous!) boivent sans retenue cette lager intensément fumée. Il faut déambuler à travers chaque pièce aux boiseries peintes de sang de taureau(!) afin d’y croire. Peu d'endroits au monde copient ce bar de la brasserie Heller-Trum. C'est beaucoup trop risqué.



Brauerei Spezial, au 10 Obere Königstrasse





Malheureusement, certains désignent Spezial comme étant « l’autre » brasserie de Bamberg se spécialisant en bières fumées. Pourtant, Christian Merz fait un travail aussi impressionnant que Matthias Trum de Schlenkerla. Ses bières ont peut-être un impact gustatif moindre que la gamme Schlenkerla, mais elles sont tout aussi irréprochables. Sa « Lager » propose des flaveurs de bois fumant dans un corps longiligne, presque sec, propice aux grandes gorgées. Si vous êtes chanceux, vous pourrez aussi prendre une de leurs bières saisonnières; leur Märzen, leur Bock et leur Festbier sont tout aussi élégantes, possédant des malts caramélisés superbement sculptés, toujours empreints d'une légère touche fumée. Arrivez vers 17h pour les accompagner d'un pretzel maison fraîchement sorti du four et vous vous approcherez de plus en plus de la quintessence de l'expérience bambergoise.



Greifenklau, au 20 Laurenziplatz





Bien que Bamberg compte sur 10 brasseries artisanales pour une ville d'à peine 70000 habitants, une seule d'entre elles, selon nous, constitue l'expérience Franconienne complète: des bières non filtrées avec un caractère rustique, un biergarten sous les marronniers et un emplacement convivial rappelant les plus beaux coins de la campagne. Cette brasserie se nomme Greifenklau. Ici, on oublie qu'on est en ville. La vue sur le petit château d'Altenburg, entouré d'arbres, contribue à cette sensation. Rajoutez le verger au pied du biergarten, la vieille maison aux pièces décorées par grand-mère (nous l'espérons bien, du moins) et une lager toute douillette - emplie de notes de pain toasté équilibré par un houblon herbacé doucement amer - et puis vous comprenez tout de suite ce que la campagne Franconienne a à offrir; sans même y avoir encore mis pied. Le bien-être et la relaxation y sont inévitables.



La semaine prochaine, la suite de nos coups de coeur brassicoles à Bamberg... ensuite, cap sur la campagne!

24 avr. 2011

La Boson de Higgs, d'Hopfenstark, à L'Assomption


La brasserie Hopfenstark compte déjà plusieurs grands crus à son actif, mais son maître-brasseur ne s'enlisera jamais dans la complaisance. Preuve à l'appui, cette nouvelle création est une de ses recettes les plus imaginatives, voire osées, à avoir été enfûtée. Du même coup, cette Boson de Higgs ne fera pas l'unanimité; nous préférons vous en avertir d'emblée. Elle saura cependant écarquiller les papilles de ceux en recherche de qualité qui demeurent ouverts à la présence d'une saine dose d'excentricité.



Style : Ha! Bonne question. Cette ale contient de généreuses portions de blé et de malts fumés au bois de hêtre et est fermentée à l'aide d'une levure pour Saison belge. De plus, cette fermentation adjoint des notes d'acide lactique en finale. Style? Qui a dit qu'une bière devait être d'un "style" spécifique? Mise en garde: cette bière vous donnera peut-être le goût de brûler votre guide des styles du BJCP...

Disponibilité : Le deuxième brassin vient tout juste d'atteindre les pompes du salon de dégustation d'Hopfenstark. Des bouteilles devraient apparaître sur les étagères de vos détaillants spécialisés sous peu. Frédéric Cormier, maître-brasseur d'Hopfenstark, envisage brasser la Boson de Higgs quelques fois par année étant donné son succès.


Le coup d’œil : Le premier verre issu de la bouteille de 750ml étale une couche de mousse blanche durable sur une robe blonde voilée. Lorsque la lie est rajoutée, lors du deuxième verre, la bière devient aussi trouble qu'une Weizen allemande (par exemple). À vous de décider si vous la préférez avec ou sans la lie.

Le parfum : Une riche fumée de hêtre enrobe les voies nasales dès la première approche. De toute évidence, si vous n'aimez pas la fumée dans une bière, cette Boson n'est pas conçue pour vous. Si vous persistez à y dénicher autre chose, l'arôme vous présentera aussi quelques notes de blé bien grasses, ainsi qu'une touche laiteuse.

En bouche : Des esters de bananes s'immiscent dans la fumée robuste, diversifiant le profil de saveurs. Pendant ce temps, une subtile acidité lactique s'installe, accentuée par des passages citronnés. Le corps est plaisamment svelte, laissant une impression de légèreté malgré la grandiloquence des saveurs.

La finale : On assiste à un lent affadissement du profil de saveurs, dans lequel la fumée et l'acidité lactique coexistent paisiblement, nettoyées par des bulles bien actives.

Accords : Étant à la fois rafraîchissante et pleine de saveurs fumées, cette ale accompagne vaillamment un repas costaud, telle une choucroute garnie ou des saucisses de votre saucissier préféré.

Pourquoi est-ce un grand cru? : En plus d'être le théâtre de saveurs on ne peut plus harmonieuses, cette ale se distingue par son côté digeste. Rares sont les bières sous la barre des 5% d'alcool (celle-ci titre seulement 3,8%!) qui se montrent si généreuses.

Si vous avez aimé, essayez aussi :
Dieu du Ciel! Caserne 30 (Québec), Le Trou du Diable Weizgripp Rauchweizen (Québec), Aecht Schlenkerla Märzen (Allemagne; SAQ).

Frédéric Cormier, dégustant sa Boson de Higgs à la dernière Journée des Grands Crus,
au Siboire, à Sherbrooke

20 oct. 2010

Quelques bières d'automne

Les feuilles vertes, manquant de maturité, ne sont plus qu'un souvenir. Elles portent maintenant leurs manteaux jaunes, oranges, rouges, bruns. Les soirées sont courtes, les soirées sont fraîches. Les bixi disparaîtront bientôt des rues. Que boire pour accompagner le feu d'artifice coloré de l'automne qui laisse entrevoir des mois de nostalgie?

Dans ces circonstances, plusieurs brasseurs de chez nous offrent des remèdes qui, regroupés ensemble, constituent peut-être la panacée à nos couleurs, à nos douleurs d'octobre.


LES OKTOBERFESTS
L'oktoberfest munichois a beau être devenu un attrape-touristes, la tradition de concocter une lager rousse saisonnière est encore très populaire auprès de nos brasseurs. Cette année, les Trois Mousquetaires en proposent une déclinaison particulièrement délicate du haut de ses 4,1%, évoluant de malts fins et toastés rappelant la noisette vers des houblons nobles feuillus. Intéressant tout de même de voir une bière à 4,1% dans une bouteille de 750 ml avec bouchon de liège. De son côté, l'oktoberfest du Benelux est plus dense en malt, en céréales et en houblon herbacé. Finalement, l'oktoberfest de l'Amère à Boire se montre peut-être plus sucrée qu'à son habitude cette année, son houblon d'ordinaire épicé se montrant plus timide pour laisser pain grillé et érable prendre plus de place.

LES BIÈRES À LA CITROUILLE
Au Québec, peu de brasseries offrent une "Pumpkin Ale". Ce style fait pourtant fureur aux États-Unis. Souvent, il est ardu d'y trouver une véritable saveur de citrouille, d'abord puisque le potiron fermenté n'étant pas particulièrement savoureux, mais surtout étant donné le support à épices complet qui passe aussi à la recette. Les bières à la citrouille finissent donc par être plutôt des bières aux épices habituelles des tartes à la citrouille (pensez à la nois de muscade, le gingembre, la cannelle ou même le clou de girofle). Mcauslan, le Benelux, la Barberie, le Siboire et les Brasseurs du Temps ont déjà concocté des bières à la citrouille. Parfois, celles-ci contenaient les épices, mais aucune citrouille!

La brasserie la plus régulière quant à la production d'une bière à la citrouille est toutefois Brasseurs et Frères qui en est maintenant à sa cinquième édition. Leur version est bien épicée, faisant allusion à la muscade, la cannelle et laissant une impression poivrée. L'ensemble est relativement sucrée, le malt ayant un profil très biscuité. Ce n'est pas une bière de tous les jours, mais elle demeure facile à boire, masquant bien ses 6 à 7% d'alcool, et digne d'intérêt.

LES DIGESTIVES
Dans un tout autre registre, le Brouhaha a récemment distribué son premier embouteillement de la Gaz de Course, un Barley Wine à l'américaine puissant titrant 11,9% d'alcool. Celui-ci sévit immédiatement avec un vrai panier de fruits confits qui cerne le palais. Un coulis de caramel aux accents de sucre d'orge suit subrepticement. L'équilibre est maintenu grâce à une gamme de houblons américains aux parfums d'agrumes et de conifère qui procurent une longue amertume la finale qui aurait été autrement dominée par les sucres.









UN CLASSIQUE
Puisque je ne suis pas dans le secret des dieux de la SAQ, notre chère société gouvernementale me surprend à chaque fois qu'elle retire un de mes classiques. Le rapt de la Saison Dupont fut particulièrement douloureux. J'ai cessé de tondre la pelouse depuis et la saison des allergies s'avère particulièrement pénible. Ceci dit, depuis quelques mois, nous avons le privilège d'admirer la Aecht Schlenkerla Rauchbier Märzen à même les tablettes de la SAQ. Je pourrais défendre l'idée que c'est une opportunité particulièrement agréable pour n'importe laquelle de nos quatre saisons, mais puisque c'est l'automne, laissez-moi vous dire que cette bière intensément fumée convient parfaitement aux premières soirées propices aux feux de foyer. En effet, quel meilleur complément à la bûche et aux cendres que la fumée de bois de hêtre? Quelle saveur peut s'avérer plus réconfortante que la bonne vieille boucane. La base n'est pourtant pas trop compliqué, le grain étant à proximité certaine des oktoberfest susmentionnés outre son séjour au fumoir. C'est un jouissif équilibre de fumée boisée et viandeuse, de cuir, de malt toasté, d'abricot et de délicats houlons feuillus qui tissent les charmes de ce grand cru ô combien facile à boire. Une merveille pour accompagner saucisses, fromages, viandes braisées et les dernières grillades.