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15 janv. 2012

L’histoire miraculeuse de deux bières à 3% d’alcool qui ont tenu la route pendant… 30 ans !


Pourtant les capsules, elles, semblaient avoir souffert...


Aussi farfelu qu’il puisse paraître, le titre de ce billet n’a rien de si surprenant lorsqu’on connaît le type de bière en question : la Berliner Weisse. Ce "champagne du Nord", tel que l’avait surnommé Napoléon lors de son passage à Berlin, est en effet habité par des bactéries acidifiantes, de type lactobacillus delbruckii ou lactobacillus Brevis. En français, vous dites ? Voici : ce sont des bières qui contiendront de l’acide lactique; semblable à ce qui se passe pour certains yogourts et pour la choucroute. Ceux qui connaissent les lambics belges peuvent imaginer le résultat en bouche (quoique l’acidité des Berliner Weisse est généralement plus douce que celle d’un Lambic traditionnel).



Des bactéries telles les lactobacillus étant inhibées par la présence d'alcool, il est normal que ce type de bière soit très peu alcoolisé; entre 2,5% et 3% d’alcool, habituellement. De cette façon, l’acidité se présente sans gêne dans le profil de saveurs ; c’est ce que les brasseurs de Berliner Weisse veulent. Une telle acidité peut être très rafraîchissante !




Les deux vedettes du moment



Traditionnellement, certains brasseurs réussissaient à obtenir une fermentation à l’acide lactique en ne bouillant pas leurs grains. Les grains contiennent déjà les bactéries acidifiantes pour fermenter leurs propres sucres, si le brasseur a la patience, et le courage, de laisser le tout évoluer sans y toucher. C’est que ça sent mauvais un moût de céréales qui s’acidifie par lui-même... Demandez aux brasseurs de Dieu du Ciel!, qui brassent quelques bières sures à partir de cette technique d’empâtage. Ils nous en présenteront d’ailleurs une toute nouvelle à L’Hivernale des Brasseurs de Montréal à la fin février.



Aujourd’hui, il ne reste qu’une seule brasserie à Berlin produisant ce style moribond : Berliner Kindl. En achetant une multitude de petites brasseries productrices du style, ils ont protégé leur marque… et presque tué ce type de bière du même coup.



Les quelques brasseries hors-Berlin qui concoctent un exemple de ce style aujourd’hui peuvent tout simplement, si elles le désirent, rajouter de l’acide lactique afin d’acidifier le tout. Certaines utilisent même des levures sauvages comme les brettanomyces, quoique leur utilisation ne semble pas être traditionnelle. Difficile donc de trouver une Berliner Weisse dans les règles de l’art.



Quant aux bouteilles dégustées après plus de 30 ans de sommeil forcé? Très peu d’information existe de nos jours sur les entrepreneurs Landré et Groter Jan qui ont fait brasser ces Berliner Weisse chez Schultheiss dans les années ’70. Les nombreuses brasseries productrices de Berliner Weisses ayant été consolidées par Schultheiss, puis par Berliner Kindl, il est difficile de trouver de la documentation sur l’origine de ces deux brasseurs. Grâce au travail de Ron Pattinson, nous savons que Groter Jan a commencé à brasser une Berliner Weisse en 1932. On sait aussi que Landré a eu beaucoup de succès dans les bars de Berlin se spécialisant dans les bières de blé.




Et puis, qu'est-ce qu'elles goûtaient ces bières légères de 30 ans ? Étaient-elles buvables ? Bien... Pour ce qui est de la Landré, l’effervescence habituellement intense des Berliner Weisses (près de celle du champagne!) n’était pas au rendez-vous; ce qui n’est pas surprenant après tout ce temps. Ces bières n’ont pas été embouteillées afin d’être vieillies, après tout. Ses saveurs fruitées et son corps plat rappelaient une eau très citronnée. Un léger souffle d'oxydation rendait la bière moins rafraîchissante qu'elle ne l'était sûrement quelques mois après sa sortie. Mais les lactobacillus avaient effectivement fait leur travail.



La Groter Jan, de son côté, était remarquablement bien préservée. Gazéification presque intense, saveurs citronnées et acidulées définies surplombant un soupçon d'oxydation; un très bel exemple du style, à peine fatigué par sa trentaine d'années.




La Groter Jan, exhibant une belle tuile de mousse malgré ses 30 ans!




Comment est-ce possible qu’une bière légère d’une trentaine d’années puisse survivre en bonne condition si longtemps ? Peu d’études ont été faites sur le sujet dans le monde de la bière. Cependant, il a été prouvé depuis longtemps en alimentation que la présence d’acide lactique est responsable d’une amélioration de la stabilité microbiologique d’un produit. C’est ce qui se passe pour la choucroute, par exemple. Il semblerait qu'un effet semblable se soit produit dans le cas de ces Berliner Weisses.




Et qu'est-ce qu'un Québécois peut faire pour déguster une Berliner Weisse sans se payer un vol direct pour Berlin? Eh bien... Dieu du Ciel! à Montréal en fait plusieurs versions plus fortes en alcool et additionnées de vrais fruits, sous le nom de Solstice d'Été. Des interprétations créatives et délicieuses, plus corpulentes et plus intenses en bouche, et munies d'une gazéification moins débridée que le veut la coutume berlinoise. La version sans fruits, plus rare, se nomme Été Indien. Sinon, Hopfenstark, à L'Assomption, brasse à l'occasion la Berliner Alexanderplatz. Plus près des Berliner Weisses traditionnelles, elle titre 3,2%-3,5% d'alcool et est très rafraîchissante. Elle aussi est moins gazéifiée que les versions authentiques. Finalement, ceux qui ont commandé une Berliner Weisse lors de la commande allemande d’Importations Privées Bièropholie de l'automne dernier pourront aussi écrire leur propre histoire, d’apparence, miraculeuse. Suffit de patienter, oh... quelques décennies?

13 nov. 2011

Levons notre verre à Hopfenstark!


C'est samedi dernier, sur fond de Johnny Cash et de Slim Cessna's Auto Club, entourés de boiseries dépareillées et d'amis de tous acabits, que la microbrasserie Hopfenstark de L'Assomption célébrait ses 5 ans. Au menu, une sélection exhaustive des meilleurs crus du maitre-brasseur Frédéric Cormier, certains allant jusqu'aux premiers instants de sa brasserie, en fût, en cask et en bouteille. Entre autres, une verticale de la succulente Framboise Forte pouvait être effectuée, de 2007 à 2011; le plus jeune des 5 millésimés exhibant d'ailleurs un équilibre hors-du-commun dans la catégorie des bières sauvages, alliant framboises juteuses et brettanomyces exacerbés par un lit acétique.


La Kamarad Friedrich, Imperial Stout de la maison, déployait aussi ses multiples accoutrements pour l'occasion. Alors que la version 2010 servie au fût se vantait de ses saveurs de raisins secs et de noix rôties, l'édition 2011 vieillie en barriques ayant préalablement contenu du bourbon (ces mêmes barils photographiés ci-dessus) professait quelques notes vanillées supplémentaires soulevés par une chaleur d'alcool; parfait pour tout amant d'intensité.

Mais c'est hors de tout doute l'esprit de camaraderie qui régnait dans les locaux d'Hopfenstark, agrandis pour l'occasion afin de donner plus de confort à tous ceux qui se sont déplacés pour l'évènement, qui s'est assuré du succès de la soirée. Grand merci à Frédéric Cormier et sa petite équipe... et longue vie à sa passion et son talent. Votre repos de quelques heures est entièrement mérité. ;)

15 août 2011

Une soirée bien arrosée


La journée de la bière organisée par les amis du Bières et Plaisirs offrait des activités d’intérêt à travers la province samedi le 13 août dernier. Son centre névralgique se trouvait toutefois à Shawinigan, comme en témoigne la présence de Philippe Wouters. La puissance brassicole de Shawinigan, qui abrite rien de moins que le Broadway Pub et le Trou du Diable, accueillait en effet la deuxième édition de la Soirée des Brasseurs. Cette fête de la convivialité reproduit tout ce que nous aimons des festivals de bière (les brassins spéciaux, l’accès aux brasseurs, les amateurs souriants et occasionnellement barbus) tout en excluant ce que nous aimons moins (les prix abusifs, le dernier rap du cousin à tue-tête, les policiers devant les toilettes, les files interminables).

Le concept est franchement gagnant et rejoint le point que nous avions soulevé dans notre billet précédemment publié sur le nouvel emplacement du Mondial de la Bière. Les gros événements croissent et remplissent à merveille leurs fonctions d’exposition d’un vaste public à un éventail très varié de produits. En parallèle, de plus petits festivals régionaux doivent prendre la relève pour combler le manque de proximité et d’intimité avec les brasseurs qui manque aux événements à grand déploiement truffés de bénévoles indépendants de la brasserie. À la soirée des brasseurs, 15 secondes d’attente suffisaient habituellement pour avoir droit à une discussion avec le maître-brasseur de la plupart des brasseries présentes. L’opportunité est unique. Ces gens sont les Jérôme Ferrer, les Normand Laprise et les Daniel Vézina de la bière, mais ils vous servent eux-mêmes et vous expliqueront les intentions derrière leur plus récente création.

Pour en revenir à l’édition 2011, les amateurs s’étant déplacés s’attendaient sans doute à une soirée arrosée. Les cinq ou six heures de pluie battante qu’une Dame Nature sarcastique leur a fait subir ne correspondaient sans doute pas à leurs espoirs. « J’ai passé exactement la moitié de la bière que je m’attendais à passer » dixit Jonathan Gaudreault, du Siboire. Dans les circonstances, nous préférons voir le verre comme étant à moitié plein. Des hordes de braves gens ont choisi de vérifier qu’ils n’étaient pas faits en chocolat et ont fait le plein de beaux moments de dégustation.

Quelques coups de cœur (n’ayant évidemment goûté qu’à une portion des bières offertes sur le site, tolérance limitée à l’alcool oblige) :
- Une Cheval Blanc Bauwimpin bien sèche, agréablement mariée avec un baril de Chardonnay aux saillantes notes de beurre de noisettes.
- Une Broadway Pub Vent d’Anges, vieillie dans un fût ayant contenu un vin du vignoble Isle de Bacchus, sertie de tannins doux, de levures sauvages équilibrées et de fruits expressifs.
- Une Brasseurs du Temps La Corne et la Muse vieillie en fût de chêne, véritable ode à la complexité caramélisée des malts
- Une Siboire InsPirAtion 100% houblonnée au Sorachi Ace, décoiffante de notes de fruits tropicaux tout en demeurant des plus diplomatiques au chapitre de l’amertume
- Une Hopfenstark Berlin Alexanderplatz au sommet de sa forme, d’une sécheresse exemplaire, à l’effervescence piquante et grisante et tranchante d’acidité

Non, mais quel bel été 2011 ! Le rendez-vous de clôture aura évidemment lieu au Bassin de Chambly pour la Fête Bières et Saveurs. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet abondamment au cours des prochaines semaines.


6 juin 2011

Suggestions pour le Mondial de la bière - deuxième partie

Sans plus tarder, voici donc quatre autres catégories qui ont comme objectif de vous guider vers les meilleures bières du Mondial de la Bière, selon vos goûts du moment:

Top 5 « Bières de soif »

Pour cette catégorie, nous vous recommandons de prendre des échantillons doubles. C'est que ces bières, en plus d'être légères en bouche, dévoileront un subtil étalement de saveurs suite à plusieurs gorgées. Après tout, vous avez soif, non?

-Brouhaha Blanche Soleil (Montréal) : La Witbier belge a inspiré plusieurs brasseurs québécois et la Blanche Soleil est un des exemples les plus rafraîchissants du style. Coriandre et écorce d’orange rencontrent houblons épicés, un mariage effervescent dans un corps pétillant.   

-Hopfenstark Ostalgia Rousse (L’Assomption) : De sublimes malts toastés équilibrés par des houblons herbacés. Peu de bières exhibent autant de richesse grillée tout en demeurant désaltérante.

-Fyne Ales Jarl (Écosse) : Comme plusieurs brasseurs du Royaume-Uni, cette microbrasserie produit une panoplie d’ales de soif. Celle-ci est bien citronnée, grâce à son houblonnage généreux évoluant dans un corps presque sec, idéal aux grandes gorgées.

-Moonlight Death and Taxes (Californie) : Une bière de soif… noire! Cette lager présente des saveurs chocolatées dans un corps svelte équilibrés par des houblons boisés et subtilement citronnés. Parfait pour ouvrir l'esprit de quelqu'un qui pourrait avoir peur des couleurs...

-Stone Levitation (Californie) : Fertile en houblons du nouveau monde, voici une ale ambrée qui plaira à ceux qui ne peuvent se passer de parfums d’agrumes et d’amertume résineuse endémiques à la côte ouest américaine.

La cour arrière du restaurant de Stone Brewing au nord de San Diego est à couper le souffle


Top 5 « Liquoreuses et très sucrées »

-Aventinus Eisbock (Allemagne) :  La grande Aventinus Weizenbock, une des bières les plus complexes de Bavière, subit parfois une période de gel afin d’y concentrer ses sucres. Après quelques autres étapes cruciales, nous obtenons une bière capiteuse, emplie de saveurs de fruits séchés, de caramel et de levures au profil épicé, phénolique.

-Boquébière Acéro (Sherbrooke) : Une création unique, ce nectar repousse les limites de la bière. La gazéification est quasi-absente, les saveurs de sirop d’érable dominent les céréales et l’alcool réchauffe le gosier à chaque gorgée. Si vous préférez le miel au sirop d’érable, l’Apico, une autre création hybride du Boquébière, vous sera aussi mémorable.

-Kuhnhenn Barrel-Aged Fourth Dementia (Michigan) : Toffee, vanille, et bourbon évoluent dans un corps gargantuesque, gorgé de sucres résiduels et d’alcool. La décadence liquéfiée; voilà une des forces de la brasserie Kuhnhenn.

-Dogfish Palo Santo Marron (Delaware) : Réglisse, noisettes et figues sont enlacées par les malts caramel de cette ale forte vieillie en barils de Palo Santo paraguayen. Quelques malts rôtis ferment la marche, accompagnés par une légère sècheresse boisée.

-Cheval Blanc Triple Bock (Montréal) : Un festival de malts de type Munich, cette Triple Bock ronde comble toute papille en recherche de desserts élégants. Les céréales caramélisées abondent dans ce profil de saveurs doux et langoureux.

Éloi Déit, maitre-brasseur du Cheval Blanc
Photo de Johann Schlager


Top 5 « Herbacées et florales »

Les bières de cette catégorie ne contiennent pas nécessairement des herbes ou des fleurs. Ce sont plutôt des bières qui présentent un profil rappelant une verdure et les bouquets de fleurs, souvent le résultat d'un judicieux mélange de houblons.

-Jandrain-Jandrenouille IV Saison (Belgique) : Les houblons poivrés et citronnés de cette Saison wallonne survolent des levures aux allures de pâte à pain, construisant un bouquet vivace, complexe et rafraîchissant.

-Southampton Cuvée des Fleurs (New York) : Ici, les parfums floraux proviennent de la lavande, de la camomille, de la marguerite dorée et de la rose sauvage utilisées aux côtés des houblons. Le tout est supporté par des céréales miellées et une gazéification piquante. Merveilleusement différente.

-À l’Abri de la Tempête Terre Ferme (Iles-de-la-Madeleine) : Des céréales biscuitées propulsent herbes, fleurs et agrumes d’une harmonie telle que les saveurs individuelles sont difficiles à dissocier. En plus, elle n'est jamais lourde, invitant de grandes gorgées.

-Super Baladin (Italie) : Fleurs et agrumes séchés grouillent sur un lit de pâte d’amande, créant une pâtisserie liquide des plus surprenantes. Un profil de saveurs qui nous faire presque croire à une promenade dans un souk du Moyen-Orient.

-Trou du Diable P’tite Buteuse (Shawinigan) : D’inspiration belge, cette blondinette désaltère grâce à des houblons herbacés et citronnés soutenus par des esters de bananes et des céréales croquantes. Un autre chef d'oeuvre d'André Trudel, maitre-brasseur du Trou du Diable.

Un festin en entrée au resto-pub du Trou du Diable


Top 5 « Belges brunes et épicées »

-Broadway Pub Don Juan (Shawinigan) : Muscade et coriandre sont liées par des céréales caramélisées et des esters fruités dans cette bière forte d’inspiration belge. Profitez aussi de votre visite au kiosque du Broadway pour leur parler de leur succursale en devenir à Grand-Mère…

-Gouden Carolus Noël (Belgique) : Un profil de saveurs semblable à la bière précédente, avec ses tons de réglisse saillants, son zeste d’orange et son clou de girofle se prélassant sur un coussin malté richement caramélisé. Bref, une bière qui donne le goût de célébrer Noël toute l’année.

-Rochefort 8 (Belgique) : Le corps feutré de cette rutilante trappiste développe des notes de dates medjool, de chocolat et de prunes réchauffés par un jet d’alcool. Le côté épicé de ce grand cru provient surtout des levures et de leurs conditions de fermentation, même si un soupçon de coriandre fait partie de la recette.

-Allagash Four (Maine) : D’inspiration monastique, en voici une qui dévoile un profil épicé grâce à ses levures et à ses houblons nobles. Poivrée et fruitée, sa chaleur d’alcool équilibre un corps riche, soutenant des sucres résiduels suaves.

-Charlevoix Dominus Vobiscum Double (Baie-Saint-Paul) : Effervescente et chaleureuse, voici une autre bière forte québécoise inspirée de la Belgique. Anis étoilé, coriandre, poivre, raisins secs et clou de girofle ne sont que quelques-uns des parfums que vous pourrez percevoir en la dégustant.




Bon Mondial!


Pour notre premier article de suggestions, cliquez ici

24 avr. 2011

La Boson de Higgs, d'Hopfenstark, à L'Assomption


La brasserie Hopfenstark compte déjà plusieurs grands crus à son actif, mais son maître-brasseur ne s'enlisera jamais dans la complaisance. Preuve à l'appui, cette nouvelle création est une de ses recettes les plus imaginatives, voire osées, à avoir été enfûtée. Du même coup, cette Boson de Higgs ne fera pas l'unanimité; nous préférons vous en avertir d'emblée. Elle saura cependant écarquiller les papilles de ceux en recherche de qualité qui demeurent ouverts à la présence d'une saine dose d'excentricité.



Style : Ha! Bonne question. Cette ale contient de généreuses portions de blé et de malts fumés au bois de hêtre et est fermentée à l'aide d'une levure pour Saison belge. De plus, cette fermentation adjoint des notes d'acide lactique en finale. Style? Qui a dit qu'une bière devait être d'un "style" spécifique? Mise en garde: cette bière vous donnera peut-être le goût de brûler votre guide des styles du BJCP...

Disponibilité : Le deuxième brassin vient tout juste d'atteindre les pompes du salon de dégustation d'Hopfenstark. Des bouteilles devraient apparaître sur les étagères de vos détaillants spécialisés sous peu. Frédéric Cormier, maître-brasseur d'Hopfenstark, envisage brasser la Boson de Higgs quelques fois par année étant donné son succès.


Le coup d’œil : Le premier verre issu de la bouteille de 750ml étale une couche de mousse blanche durable sur une robe blonde voilée. Lorsque la lie est rajoutée, lors du deuxième verre, la bière devient aussi trouble qu'une Weizen allemande (par exemple). À vous de décider si vous la préférez avec ou sans la lie.

Le parfum : Une riche fumée de hêtre enrobe les voies nasales dès la première approche. De toute évidence, si vous n'aimez pas la fumée dans une bière, cette Boson n'est pas conçue pour vous. Si vous persistez à y dénicher autre chose, l'arôme vous présentera aussi quelques notes de blé bien grasses, ainsi qu'une touche laiteuse.

En bouche : Des esters de bananes s'immiscent dans la fumée robuste, diversifiant le profil de saveurs. Pendant ce temps, une subtile acidité lactique s'installe, accentuée par des passages citronnés. Le corps est plaisamment svelte, laissant une impression de légèreté malgré la grandiloquence des saveurs.

La finale : On assiste à un lent affadissement du profil de saveurs, dans lequel la fumée et l'acidité lactique coexistent paisiblement, nettoyées par des bulles bien actives.

Accords : Étant à la fois rafraîchissante et pleine de saveurs fumées, cette ale accompagne vaillamment un repas costaud, telle une choucroute garnie ou des saucisses de votre saucissier préféré.

Pourquoi est-ce un grand cru? : En plus d'être le théâtre de saveurs on ne peut plus harmonieuses, cette ale se distingue par son côté digeste. Rares sont les bières sous la barre des 5% d'alcool (celle-ci titre seulement 3,8%!) qui se montrent si généreuses.

Si vous avez aimé, essayez aussi :
Dieu du Ciel! Caserne 30 (Québec), Le Trou du Diable Weizgripp Rauchweizen (Québec), Aecht Schlenkerla Märzen (Allemagne; SAQ).

Frédéric Cormier, dégustant sa Boson de Higgs à la dernière Journée des Grands Crus,
au Siboire, à Sherbrooke

18 avr. 2011

Des grands crus et des grands brasseurs


Dès la première heure de l’après-midi, samedi dernier, la table était mise au Siboire pour une journée de dégustation et de rencontres inoubliables. Alors que visiteurs et invités remplissaient rapidement l’enceinte d’une des plus belles brasseries artisanales du nord-est de l’Amérique, le menu prenait forme sur l’ardoise et les casks se voyaient percés sur le comptoir. Sherbrooke n’avait jamais vu autant de grands crus, et de grands brasseurs, fouler le sol d’une de ses brasseries.


Nicolas Marrant, brasseur de la Microbrasserie Charlevoix, était un des premiers sur les lieux. Sorti de son terroir, il nous fit l’honneur de venir nous présenter sa Roggenbier, une ale allemande confectionnée à partir d’une levure de Weizen et de seigle. Luc Lafontaine, de Dieu du Ciel!, nous offrait quant à lui sa Pionnière, une Impériale Black IPA résineuse et chaleureuse. André Trudel et Dany Payette, du Trou du Diable, partageaient de leur côté leur Dulcis Succubus et leur Buteuse Brassin Spécial, deux bières issues de fermentation mixte vieillies en barriques de chêne. Ils avaient aussi apporté le Nez de Poivrot, un vin d’orge au sirop d’érable, servi par gravité (sans bonbonne de gaz). Teklad Pavisian, du Benelux à Montréal, nous livrait l’Ergot et la Yakima, en plus de nous faire une démonstration de sa grande générosité en s’occupant du perçage des casks. Frédéric Cormier, l’homme derrière le succès de la brasserie Hopfenstark, nous offrait sa Boson de Higgs, une délicieuse création fumée et lactique, impossible à classifier. Alex Ganivet-Boileau, des Trois Mousquetaires, a choisi de nous intriguer de sa version gelée(!) de la populaire Sticke Alt des 3M.


Évidemment, Jonathan Gaudreault, maître-brasseur du Siboire, profitait de l’occasion pour faire une éclatante démonstration de son propre savoir-faire. De la désaltérante Capricieuse, une ale de blé houblonnée de cultivars américains, à la McEis, une version gelée de sa scotch ale à l’érable, le calibre des dégustations était très relevé. Nous croyons fermement que cette vitrine l’a établi, aux yeux des dégustateurs comme des brasseurs, comme une des vedettes émergentes de la scène microbrassicole québécoise.


Pour une partie des voyageurs ayant franchi plusieurs kilomètres pour l’évènement, le clou de la journée était la toute première québécoise de la brasserie Hill Farmstead. Sortie de son bled au beau milieu de la campagne du nord-est du Vermont, elle nous dévoilait pas moins de 4 de ses nouvelles créations; deux Saisons d’inspiration belges, une India Pale Ale et une Double India Pale Ale. Shaun Hill, maître-brasseur louangé de toutes parts depuis l’ouverture de sa brasserie l’an dernier, nous gâtait aussi de trois de ses chefs d’œuvres éprouvés : Edward, une Pale Ale aussi complexe que rafraîchissante, Ephraim, une Double India Pale Ale dont la réputation n’est plus à faire, puis Everett, que vos humbles serviteurs osent toujours, après maintes vérifications, nommer comme étant le meilleur Porter à s’être prélassé sur nos papilles.


Comme si cela ne suffisait pas, nous avons pu aussi discuter avec le toujours sympathique Michaël Parent, maître-brasseur du Boquébière, ainsi qu’avec une des fondatrices de Frampton Brasse, une microbrasserie beauceronne en devenir. Une mention spéciale se doit d’être faite pour souligner la présence des gars de la Microbrasserie Le Naufrageur, de Carleton-sur-mer, qui ont conduit plus de huit heures dans la journée pour venir trinquer avec leurs confrères des brasseries invitées. 16 heures de route en 32 heures… personne ne pourra accuser ces gaspésiens de manquer de passion!

Pour un compte-rendu des succulents accords mets et bières de la soirée, signés Danny St-Pierre, chef du Restaurant Auguste, cliquez ici. Eh oui, la journée des grands crus s’est dotée d’un nouveau volet cette fois-ci! Et c’était ma foi, divinement concluant…

11 févr. 2011

Les 10 bières les plus chaleureuses de l'hiver 2011


L'orée de chaque saison hivernale réjouit tout amateur de bière capiteuse. Et pour cause: avouons-le, le québécois moyen a la dent sucrée. Et le dégustateur de bières ne fait surtout pas exception. C'est dans cette optique que nous dressons pour vous notre Top 10 des bières les plus chaleureuses de cet hiver 2011. Chaque bière choisie peut se vanter de posséder autant de complexité que de qualités réconfortantes et toutes sont présentées dans un ordre tout à fait aléatoire puisque toutes sont aussi méritoires les unes que les autres. Bonne dégustation!


photo: Olivier Germain


La Messe de Minuit, des Brasseurs du Temps, à Gatineau :

Le feu d’artifices épicé des bières de Noël à la belge rencontre la générosité corporelle des vins d’orge à l’anglaise dans cette bière des plus festives. Anis étoilé, réglisse, coriandre et muscade s’en donnent à coeur joie sur les malts caramélisés bien portants, créant des saveurs de raisins secs aux abords d’un alcool chaleureux, mais habilement dissimulé. Une des meilleures excuses pour se rassembler à Gatineau, nul doute.

La Solstice d’Hiver, de Dieu du Ciel!, à Montréal et à St-Jérôme:

Raisins secs et dates medjool enveloppent cerises et vanille dans ce vin d’orge chaleureux. Les houblons fruités et boisés agrémentent le profil de saveurs déjà complexe et, aidés par l’alcool, réussissent à équilibrer ce mastodonte. La version vieillie en barriques de chêne, beaucoup plus rare, s’amourache davantage de toute dent sucrée, étant généreuse de ses effluves de vanille et de fruits confits. Ouf, que c'est bon de s'emmitoufler dans un tel Barley Wine!



La Porter Baltique, des Trois Mousquetaires, à Brossard:

La sensualité d'un chocolat noir s’harmonise à quelques mûres, sculptant un nectar frisant la décadence. Des malts rôtis enduits de mélasse savent conclure chaque gorgée d’une amertume juste, talonnée par une chaleur d’alcool. Jonathan Lafortune, maître-brasseur, nous offre ici de quoi pouvoir hiverner sans crainte.

La Jean dit Laforge, de la Microbrasserie d’Orléans, à Sainte-Famille:
Une autre grande noire bien rondelette, ce Porter Impérial séduit par ses malts chocolatés et rôtis agencés à des houblons boisés, bien amers. L’effervescence soutenue, la touché vanillée et la retenue des sucres résiduels font de ce dessert couleur ébène un véritable plaisir à déguster… à grandes gorgées.


photo: Olivier Germain


La Reyne Descosse, de Bedondaine et Bedons Ronds, à Chambly:
Un invitant caramel séduit les papilles de ses longueurs sucrées, alors que quelques incantations fruitées façonnent une complexité sous un chocolat au lait. Le corps velouté de cette Scotch Ale exige presque une examination à repetition tellement il transmet les saveurs savamment. Nicolas Bourgault, Bedondaine lui-même, nous offre une version “gelée” de cette bière à tous les hivers, dans laquelle les sucres ont été concentrés à la manière d’un cidre de glace (par exemple). Cette incarnation fait pencher la reine… vers un royaume encore plus sensuel, si cela est possible.

La Triple Bock, du Cheval Blanc, à Montréal
Une des rares lagers à se pointer le bout du nez l’hiver au Québec, cette Doppelbock amplifiée est si généreuse de son corps qu’on en perd le nord. Ses somptueux malts Munich fondent un profil de saveurs aussi riche qu’élégant, valsant du caramel brûlé aux petits fruits des champs. Ses sucres résiduels amples et son alcool chaleureux ferment la marche langoureusement. Le genre de bière qui nous oblige à se lécher les lèvres…



La Yule, de Hopfenstark, à L’Assomption
Des épices à dessert se prélassent dans le corps soyeux de cette bière de Noël, construit par des sucres résiduels bien nivelés. Des raisins noirs explosent sur des céréales miellées, supportant la cannelle, la muscade et les clous de girofle à l’unisson. Une délicieuse version réchauffée est parfois servie au pub ou lors d’évènements spéciaux. Qui a dit que le glühwein devait régner en roi et maître sur le royaume des boissons alcoolisées chaudes?

La Ouchuparké, du Broadway Pub, à Shawinigan
Des pétales de fleurs décorent des élans muscadés, alors que les levures de Weizenbock produisent des parfums de clou de girofle et de banane. Tout est marié intelligemment, dans un corps douillet. Que nous sommes chanceux en Amérique de ne pas tenir rigueur à la Reinheitsgebot, cette loi de la pureté allemande qui interdit l’utilisation d’épices, entre autres, dans la bière. Cette création de Marc Ducharme n’aurait jamais pu voir le jour!

La Barley Wine, du Siboire, à Sherbrooke
Spectaculaire dès la mise en verre, ce Barley Wine, bien que muni d’une texture crémeuse et d’un corps dodu, ne souffre pas d’embonpoint. En effet, il se boit avec une facilité déconcertante. Un vrai gâteau de malt bien relevé par des houblons résineux. À noter : Jonathan Gaudreault a aussi laissé mûrir une portion du brassin en fût de chêne.



La Special B, du Brouhaha, à Montréal
De l’aveu du maître-brasseur Marc Bélanger, sa Special B, récemment embouteillée et nommée ainsi en l’honneur du malt éponyme, se développe nettement mieux en bouteille. Il faut lui donner raison, c’est là une bière d’une grande profondeur fruitée, mais aussi très ronde et sertie d’admirables nuances de chocolat, de toast, de noisettes, En arrière-plan, l’alcool demeure une arrière-pensée. Voici une Quadrupel autant accomplie que chaleureuse.

17 nov. 2010

C'est le 4e anniversaire d'Hopfenstark samedi


20 bières-maison en fût, 2 en cask et plusieurs ales spéciales en bouteille pour l'évènement. C'est ce que nous promet la brasserie Hopfenstark, sise à l'Assomption, pour célébrer son quatrième anniversaire. Bon dieu qu'on est chanceux au Québec depuis quelques années!

Parmi les bières régulières, vous pourrez refaire connaissance avec la rafraîchissante Ostalgia Blonde et son accent allemand, sa consœur Ostalgia Rousse et ses couettes légèrement caramélisées ainsi que la Postcolonial IPA, une des India Pale Ales les plus idiosyncrasiques dans le nord-est de l'Amérique.

Lorsqu'on parle d'Hopfenstark, il ne faut pas oublier non plus la série de Saisons concoctées par Frédéric Cormier, dont la Station 7 aux herbes, la Station 10 bien acidulée, la Station 16 au seigle, la Station 55 plus houblonnée que le standard du style et la Saison du Repos avec ses douillets esters de poire, toutes présentes pour l'occasion.


Pour les amateurs de bières plus liquoreuses, on pourra se délecter de deux millésimes différents de la Baltic Porter de L'Ancrier, une version vieillie 4 ans de la Yule, la bière de Noël de la maison, le vin d'orge Captain Swing, âgé de 2 ans, la Kamarad Friedrich Russian Imperial Stout vieillie 3 ans, la toute jeune Faust Triple, d'inspiration belge, et la Stout hybride prénommée Greg, houblonnée avec un cultivar issu de... Rawdon!

Finalement, puisque, de toute évidence, ce n'est pas assez(!), Frédéric sortira plusieurs bouteilles de ses bières ayant séjourné dans des barriques de chêne, dont la Ostalgia Blonde, qui adopte une finale acidulée, quatre millésimes différents (oui, 4!) de la Framboise Forte, la Baltic Porter de L'Ancrier 2008, la Captain Swing Barleywine 2008, la Porter Double à l'Érable 2009, la Kamarad Friedrich 5-Star Edition 2007 ainsi que les toutes nouvelles Bourbon Barrel Baltic Porter de L'Ancrier 2010 et Bourbon Barrel Faust Triple 2010. De quoi faire un tour complet du monde d'Hopfenstark en une journée!

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