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16 sept. 2011

La Saison Voatsiperifery, du Brouhaha, à Montréal




La multitude de festivals de bières ces derniers temps nous ont fait tomber en amour plusieurs fois; avec de vieilles conquêtes que l'on revoyait pour l'occasion, mais aussi avec de nombreuses nouvelles flammes. C'est pourquoi vous pouvez vous attendre à quelques fiches "grand cru" toutes fraîches dans les prochaines semaines, toujours suivant la formule du 3e chapitre de La Route des Grands Crus de la Bière. Après une désaltérante vérification dans un environnement plus sobre qu'un festival, nous sommes maintenant certains de notre coup; nous aimerions louanger cette nouvelle Saison du Brouhaha!

Style : Saison, aromatisée au poivre Voatsiperifery de Madagascar. La Saison wallonne était initialement conçue pour abreuver les travailleurs des champs ; ce devait donc être une bière désaltérante. Aujourd’hui, le style a évolué et avoisine plus habituellement les 6% d’alcool, comme celle-ci d’ailleurs. L'ajout harmonieux du poivre n'est point traditionnel. C'est un bel exemple de la créativité du maitre-brasseur, Marc Bélanger.

Disponibilité : Le premier brassin embouteillé apparaîtra sur les tablettes des dépanneurs spécialisés en début octobre! Sinon, vous pouvez la trouver au fût de temps à autre au Brouhaha même.

Le coup d’œil : Une tuile de mousse s'établit sur la blancheur aux reflets dorés.

Le parfum : Un bouquet explosif met en valeur toutes les facettes de ce fascinant poivre Voatsiperifery. On s'imagine des agrumes, des fleurs et des herbes vertes poussant à travers les grains de poivre, titillant les voies olfactives et ce, jusqu'au fond du verre. Un parfum qui ne s'estompe pas!

En bouche : L'effervescence piquante soulève les céréales délicates qui, en tandem avec la levure, construisent des notes de pain frais. On remarque d'emblée que l'intensité du profil de saveurs est plus modéré que celui de l'arôme. Ce qui est très apprécié puisqu'on a davantage le goût de prendre de grandes gorgées! Le poivre est plus poli donc, s'immisçant dans les saveurs houblonnées avec diplomatie.

La finale : L'épicé du poivre s'allie à l'amertume herbacée des houblons pour une finale à l'image du profil de saveurs; rafraichissante et équilibrée. 

Accords : Salades vertes, poissons blancs, poulet, etc. Très versatile, cette Saison au poivre rehaussera plusieurs mets délicats tout comme elle saura se fondre dans un plat plus lourd et plus épicé. 

Pourquoi est-ce un grand cru? : En plus d'être créative et munie d'un profil de saveurs des plus harmonieux (les esters de levures produits, les houblons Saaz et les malts d'orge choisis semblent adorer le poivre de Magadascar), cette Saison nous fait profiter du meilleur de deux mondes: un arôme intense visant l'amateur de bières racées du Nouveau Monde et un profil de saveurs plus sage, digne d'une bière de soif du vieux continent.

Si vous avez aimé, essayez aussi : Dieu du Ciel! Noce de Soie (Montréal), Trou du Diable Saison du Tracteur (Shawinigan), Hill Farmstead Vera Mae (Vermont).

6 oct. 2010

Les houblons du nouveau monde, au parfum du jour (3e partie)


André Trudel, maître-brasseur du Trou du Diable, dit avoir attendu longtemps avant de nous offrir une Saison. Pourquoi? « Puisque c’est mon style préféré », m’avait-il répondu. Vous comprendrez alors qu’il ne voulait tout simplement pas se contenter de nous présenter une « bonne » Saison. Il voulait épater la galerie. Patience et travail ont porté leurs fruits et, il y a quelques mois, il nous a dévoilé sa Saison du Tracteur, une bière de type Saison mais houblonnée généreusement du cultivar Simcoe. En plus d’être un chef d’œuvre d’équilibre, cette ale représente un des plus beaux exemples de ce houblon scintillant de fraîcheur. Des agrumes en arôme se métamorphosent en une amertume herbacée, épicée et terreuse. Captivant du début à la fin.

Le Pacific Gem est un autre houblon qui commence à se frayer un chemin chez nos brasseurs québécois. André le met en valeur, entre autres, dans sa Chose, une ale forte qui se veut la rencontre des styles Scotch Ale et Double IPA. Lorsque vous recevrez votre verre, portez attention aux saveurs de cette bière après la déglutition. Le filet caramélisé des malts d’orge s’épanouit sans retenue jusqu’à ce qu’une amertume bien particulière s’installe sur la langue. Un généreux sapinage s’étale effectivement sur le fond de la bouche, n’attendant qu’une prochaine gorgée afin d’être enduit derechef de profondes saveurs sucrées. Cette amertume forestière fait partie de la signature du Pacific Gem.



Benoit Mercier, créateur des bières du Benelux, à Montréal, travaillait une nouvelle India Pale Ale depuis quelque temps. Celle-ci allait mettre en valeur le houblon néo-zélandais Nelson Sauvin, évoluant sur une base de malts pilsener allemands (donc très doux). Eh bien, cette IPA -- la Sabotage -- est maintenant en service! Et quelle bière… sans doute une des plus impressionnantes expressions du Nelson Sauvin que nous ayons eu la chance de goûter. Le parfum est tout en fruit, passant de l’ananas à la poire, du raisin blanc au pamplemousse. Impossible de ne pas y plonger le nez à répétition pour vérifier et revérifier si nos narines font défaut. Benoit a d’ailleurs mis la main sur une variété de cultivars néozélandais, alors nous vous sommons de rester aux aguets, une fois que vous aurez découvert sa sublime Sabotage, évidemment.



Vrai, il est encore difficile de profiter de cette tendance émergente dans le monde de la bière nord-américaine. Ces houblons sont souvent méconnus des brasseurs et leurs propriétés aromatiques bien développées en surprennent plus d’un; il est donc pratiquement impossible de les utiliser dans une bière existante. Leurs profils seraient changés à tout jamais. Cependant, si un brasseur désire bien s’inspirer de ces arômes novateurs (au lieu d’utiliser des épices dans une blanche belge, par exemple), davantage de nouvelles créations verront sûrement le jour dans les bars et brasseries du Québec. Si vous voulez une autre preuve à l'effet que ce mouvement prend de l’ampleur, marchez vers Le Cheval Blanc, un brouepub pionnier au Québec. Éloi Déit s’y amuse ces jours-ci avec une ribambelle de houblons du nouveau monde. Sa Saison, par exemple, a récemment été décorée de Sorachi Ace (un cultivar japonais) et de Citra, les deux proliférant les allusions aux agrumes. Impossible de se lasser d’un menu aussi rafraîchissant que celui du Ch’val.

Cliquez ici pour lire le premier "Les houblons du nouveau monde, au parfum du jour"

Puis ici pour le deuxième article sur le même sujet.

7 sept. 2010

La Saison du Tracteur, du Trou du Diable à Shawinigan


Nous louangeons Le Trou du Diable à l’aide de plusieurs fiches de dégustation dans notre livre, mais nous désirons tout de même en rajouter. Cette toute nouvelle bière d’André Trudel, maitre-brasseur de l’estaminet, mérite autant d’éloges que sa Buteuse Brassin Spécial (par exemple), tant ses saveurs respirent l’harmonie et la sagesse.

Style: Saison à la belge, mais houblonnée au cultivar Simcoe (américain). Ces bières de dénomination  «Saison» étaient jadis brassées dans des fermes de la campagne wallonne et consommées plusieurs mois plus tard lors de la récolte de fin d’été où les travailleurs pouvaient en boire jusqu’à cinq litres(!) par jour afin de s’hydrater. Bien que très digestes, leur taux d’alcool peut aujourd’hui atteindre près de 7% (comme cette Tracteur), ce qui n’était évidemment pas le cas autrefois.

Disponibilité: Cette bière n’a connu le fût que cet été. Il faut encore vous déplacer au brouepub de Shawinigan pour la déguster.

Le coup d’œil: Une couche compacte de mousse ivoire fige sur la robe blonde brumeuse.

Le parfum: Une aguichante salade de fruits tropicaux est propulsée par le Simcoe et est rejointe par la levure typique au style Saison.

En bouche: Les malts Pilsener sont douillets à souhait, un oreiller sur lequel reposent en harmonie les houblons aux allures d’agrumes, le pain frais de la levure de Saison et la touche rafraîchissante du blé.

La finale: Toutes ces saveurs mènent à une habile amertume de houblon herbacé et épicé. Son intensité moyenne est nivelée à celle des houblons en arôme et en bouche.

Accords: La cuisine de Franck (chef au Trou du Diable) étant aussi inspirée que les brassins d’André, laissez-vous guider par l’ardoise du moment. Visez la fraîcheur plutôt que la richesse; les fruits de mer, les salades, etc.

Pourquoi est-ce un grand cru?: Les Saisons houblonnées à l’américaine se vautrent souvent dans l’intensité du cultivar choisi, mais la Tracteur n’oublie jamais ses racines; le caractère rustique de ce style belge valse avec les houblons du nouveau monde dans un tout des plus élégants.

Si vous avez aimé, essayez aussi: Éponyme du Benelux (QC), Saison du Repos de Hopfenstark (QC), Jack d’Or de Pretty Things (MA).

 Ma tulipe du Trou du Diable est ici remplie d'une sublime Buteuse Brassin Spécial. 
Pourrais-je la combler d'une Saison du Tracteur dans les mois à venir, messires de Shawinigan?