21 juin 2011

Goûter 365 nouvelles bières en une année

Vous ne comprenez pas votre ami qui s’acharne à escalader les plus hauts sommets du monde, ou cet autre qui prend l’avion trois fois par année pour aller se démener à courir des marathons? Et bien, c’est leur vie, ils en font ce qu’ils veulent. Ayant retenu une passion un peu plus modeste, la bière, vous-même, comment pourriez-vous Accomplir avec un grand « A » ? Quelles réalisations pourriez-vous tirer de votre passion pour la bière de manière à ne pas crouler sous la honte lorsque vos amis vos déballeront la longue liste d’épicerie de leurs accomplissements estivaux? Pourquoi ne pas leur clouer le bec en leur faisant part de votre nouveau défi? Pourquoi ne pas tenter de déguster 365 bières différentes en 365 jours? Impossible? Bien sûr que c’est possible et c’est en fait beaucoup plus facile qu’il n’y paraît. Vous aurez ainsi à votre disposition le récit de cet exploit à raconter à vos aïeuls sans même avoir eu besoin d’y investir les efforts démesurés de ceux qui se collent à des défis plus exigeants, et ces pauvres loups n’en auront pas moins qu’un seul défi à raconter!

Ainsi donc, comment mettre la main sur 365 bières différentes en une année? Voici quelques-uns de nos meilleurs trucs.

Profiter de ces collègues et parents qui voyagent
Votre sœur part en voyage pour les deux prochains mois et vous avez peur de vous ennuyer? Rassurez-vous en voyant l’aspect positif de ce départ, le pays dont elle foulera la terre présente sans doute plusieurs opportunités de mettre la main sur des bières qui ne sont pas disponibles au Québec. Facilitez la tâche de votre soeurette en lui fournissant quelques adresses de magasins où elle risque de tomber sur une rareté qui s’insère bien entre deux gaminets d’une valise qui ne demande qu’un léger excédent de poids. Des sites Internet comme www.ratebeer.com et www.beeradvocate.com vous aideront à trouver ces magasins de perles rares un peu partout dans le monde. Le désavantage : sachant qu’elle vous ramène un souvenir, vous vous ennuierez encore bien davantage de votre sœur…

Les festivals de bière
Au cours des dernières années, nous avons assisté à la prolifération des festivals de bières en sol québécois. Plusieurs festivals plus régionaux ont joint les rangs des pionniers que sont les fêtes de Chambly et de Montréal (Mondial de la Bière). Ces événements permettent de découvrir des dizaines de brassins différents en quelques jours.

Visiter fréquemment les broue-pubs
Certains broue-pubs produisent une impressionnante quantité d’offrandes distinctes au cours d’une année. Des endroits comme le Trou du Diable, le Cheval Blanc ou encore Dieu du Ciel! donnent à leurs habitués l’opportunité d’essayer au moins une trentaine de cervoises variées le temps de quatre saisons.

Les magasins spécialisés
Tout comme les broue-pubs, les brasseurs québécois qui embouteillent sont plus nombreux et mieux distribués que jamais. Dans les meilleurs magasins de la province, on doit bien voir déferler une centaine de nouveaux produits lors d’une année. Le visiteur assidu peut donc y combler une bonne portion de son défi annuel.

Profiter de nos déplacements et des douanes généreuses
Amateurs d’escalade, de musées ou autres détenteurs de passions étrangères à la bière, sachez que le Québec n’est pas la seule région bien nantie en fait de microbrasseries. Si vous vous rendez à New York pour un spectacle de Broadway, rien ne vous empêche de terminer la soirée dans un des nombreux bars à bières de la ville. En fait, où que vous alliez, il y a de bonnes chances que votre chemin puisse comporter une escale dans un magasin ou une brasserie vous permettant d’aller chercher quelques conquêtes parmi les 365 recherchées.




Le magasin Half Time de Poughkeepsie, New York, offre plus d'un millier de bières différentes



Ce qu’il y a de plus fantastique pour l’amateur de bière qui voyage, c’est que les douanes canadiennes s’avèrent nettement plus avantageuses pour la bière que pour les autres types d’alcool. Une caisse entière peut être exonérée de toutes taxes pour chaque personne ayant séjourné plus de 48 heures à l’étranger. Votre fin de semaine au Vermont pourrait donc vous rapporter plusieurs dizaines de conquêtes, surtout si vous vous emparez du quota de votre généreuse douce moitié…

Deux têtes valent mieux qu’une, mais trois valent mieux que deux
La méthode la plus efficace (et la plus agréable!) d’apprécier un défi est souvent de le partager. Après tout, si vos collègues trouvent votre intérêt pour la bière à tout le moins surprenant, cela ne signifie pas pour autant que vous êtes seul dans le bateau. À preuve, vous n’étiez sûrement pas le seul client du dernier broue-pub où vous êtes allé. Si les amateurs de bière ne pullulent pas déjà votre cercle d’amis, il serait avisé de convertir les amis que vous avez déjà ou encore d’y intégrer de nouveaux membres amateurs de bière. Vos soupers pourront alors devenir de véritables petits festivals où tous partagent allègrement les bouteilles qu’ils ont rapporté de leur dernier voyage. Du coup, au lieu de découvrir deux nouvelles bières dans la solitude, vous en découvrirez beaucoup plus tout en ayant du bon temps.

En appliquant ces quelques conseils systématiquement, vous aurez tôt fait d’accomplir votre objectif. Dans un prochain article, nous discuterons toutefois de la recherche de la nouveauté à tout coup et des dangers qu’elle comporte.

16 juin 2011

La saison des bières de soif

Lorsque les températures extérieures font perler la sueur sur nos fronts autant que l'eau sur un verre bien froid, cela ne signifie qu'une chose pour nous: c'est la saison des bières de soif! Loin de nous l'idée de dénigrer toute bière plus corpulente mais, à ce moment-ci de l'année, les sucres résiduels bien ronds nous paraissent plus lourds qu'à l'habitude. La chaleur d'alcool nous parait plus abrasive que lorsque nos soirées sont fraîches. On ne peut rien n'y faire. L'appel des bières de soif résonne dans nos gosiers.

Mais qu'est-ce qu'une "bière de soif"? Tout simplement, une bière, peu importe son origine ou son style, qui se veut désaltérante par sa quasi-sècheresse en bouche et son taux d'alcool peu élevé. Les anglais les appellent "session beer" et leur apposent une limite d'alcool avoisinant les 4,5%. Les tchèques et les allemands en parlent moins; mais ils en boivent autant. Rares sont celles dans ces contrées qui dépassent 5,5% d'alcool en temps estival puisque le but de ces bières est de se rafraichir autant que de plaire aux papilles. Et nous en Amérique, que pense-t-on de ces bières que certains pensent "légères"?

Le houblon Saaz et L'Amère à Boire: une histoire d'amour
Photo d'Olivier Germain

Il y a à peine 3 ans, à L'Amère à Boire de Montréal, bastion de plusieurs styles de lagers, une bière sous la barre du 4% d'alcool était vu comme un défi à relever. Est-ce que la clientèle des brouepubs montréalais allait être assez ouverte d'esprit pour adopter ce projet ambitieux? Après tout, plusieurs amateurs de bières associent, faussement, une bière légère en alcool à une bière sans goût. Satanés grandes brasseries et leur eau des rocheuses alcoolisée... Après quelques mois de persévérance, L'Amère à Boire peut maintenant se vanter d'être une des premières brasseries artisanales du Québec à offrir à ces pompes une bière ultra-légère à tout moment. Elle se nomme, ironiquement, Éléphant. Quelle idée rafraichissante!

Souvent, le dégustateur croit que le degré d'accomplissement d'une bière est directement relié à son impact gustatif (voir Le piège de l'intensité, page 51 de notre livre pour une pensée plus élaborée sur le sujet). Pourtant ces bières dites légères, lorsque conçues avec soin, proposent autant de saveurs que leurs comparses plus costaudes. Il suffit d'être patient; c'est en prenant plusieurs gorgées qu'une bière de soif se dévoilera sur vos papilles. Un superbe exemple de ceci se nomme Basse Messe. Cette Kölsch du Dieu du Ciel! étale surtout des saveurs de malts pilsener lors des premières gorgées. Puis, le houblon poivré et herbacé point à l'horizon gustatif. Il s'empile tranquillement sur les papilles à chaque gorgée subséquente pour devenir une partie imposante du profil de saveurs. Peu de temps après, votre pinte est vide. Frustrant... Et difficile de ne pas en commander une autre. Qui sait ce qu'elle vous révèlera par la suite?

Luc Lafontaine et Jean-François Gravel de Dieu du Ciel!

Au Siboire, de Sherbrooke, une autre bière menue devrait apparaître à l'ardoise sous peu (si ce n'est déjà fait au moment où vous lisez ces lignes). La MinIPA présentera des saveurs de houblons du nouveau monde, bien citronnées et résineuses, dans un corps plus longiligne qu'une India Pale Ale. Cette blondinette titrera seulement 4%... Mais son impact gustatif en fera sûrement jaser plus d'un.

D'autres brouepubs commencent à concocter des bières de soif de façon régulière. L'Albion à Joliette et sa magnifique Bitter représente un des exemples les plus inspirants. La Succursale, tout nouveau brouepub de l'est de Montréal, joue dans des platebandes similaires avec sa Petite Côte et sa Radschläger. Le Benelux nous a brassé dans les derniers mois une belle Cigogne, une Pilsener, et une Mild Mild Ouest, maltée comme une Mild anglaise mais houblonnée avec des houblons du nouveau monde. Toutes titrent moins de 5% d'alcool et sont si satisfaisantes qu'une deuxième pinte est quasi-inévitable. Que c'est beau l'été.

Une pinte de la Bitter du Albion ne vous fera jamais perdre l'équilibre

Et vous, est-ce que votre brouepub ou microbrasserie préférée vous propose une bière de soif de grand calibre?


11 juin 2011

Mondial de la bière : alors, ce nouvel emplacement?

Terne Place Bonaventure



Comme vous le savez sans doute, 2011 marquait le déménagement du Mondial de la Bière vers la Place Bonaventure. Exit les réjouissances extérieures, sous l’ombre des gratte-ciel du Mille Carré Doré. Finis les bains de soleil comme les couchers de soleil en dégustant une Blanche Soleil ou une Midnight Sun Expresso Stout.

Plusieurs habitués ont reproché au déménagement de retrancher au Mondial son statut de coup de départ de l’été montréalais ainsi que de la saison des festivals qui l’accompagne sur le chemin de l’allégresse en mini-jupe.

Pour résumer les propos entendus de part et d’autre, le déménagement apporterait les avantages suivants :
- Espace plus vaste et circulation conséquemment facilitée
- Toilettes plus éparpillées sur le site
- Absence de fumée secondaire (mais aucun accès extérieur)
- Climatisation efficace rendant le festival moins dépendant de la météo


Mais aussi les désavantages suivants :
- Horreur de la salle d’exposition de la Place Bonaventure, triste vestige de l’ère architecturale du tout-béton
- Atmosphère froide découlant des murs grisâtres, de l’éclairage morbide et de la hauteur des plafonds
- Sonorité ambiante désagréable, portée sur les échos et réverbérations
- Accès moins intéressant et rapide pour les visiteurs spontanés, par exemple les travailleurs du centre-ville lors de leur pause du dîner
- Logistique plus compliquée pour les fumeurs

En somme, le déménagement est un changement et vous en apprécierez certains aspects alors que d’autres vous rebuteront. Reste à voir lesquels des éléments représentaient pour vous les attraits primordiaux du Mondial. De notre côté, nous acceptons ce changement avec sérénité. Ce qui a rendu le Mondial si efficace dans la réalisation de sa mission (rendre à la bière ses lettres de noblesse) est, à notre avis, la combinaison d’une offre de bières exceptionnellement vaste à un achalandage inégalé et croissant pour un festival de bières québécois. Le site de la Gare Windsor, si charmant fut-il, ne permettait plus d’accroître ni l’offre, ni l’achalandage et par ricochet, l’exposition du plus grand nombre à la bière de qualité.

Si certains décrient l’atmosphère désenchanteresse de la Place Bonaventure en clamant haut et fort qu’ils ne voudraient pas y passer plus de quelques heures à la fois, ce sont souvent les mêmes qui n’en pouvaient plus de mettre dix minutes à jouer du coude dans la foule afin de se rendre d’un kiosque à une autre à la gare Windsor et ce, dès l’après-midi. La Place Bonaventure représente le compromis le plus rapproché de l’ancien site. Stratégiquement nichée au coeur du centre-ville, elle permet de palier au principal problème qui accablait les dernières éditions du Mondial.

Le coeur du débat sur ce déménagement réside probablement dans le fait que nous avons été fort gâtés lors des premières éditions à la Gare Windsor. À l’origine, le superbe site contenait à merveille la foule déjà importante. Nous en sommes venus à associer Mondial et extérieur. En 2011, force est d’admettre que l’offre de festivals de bière québécois s’est grandement développée depuis l’apparition précoce du Mondial. Presque chaque année apporte son nouveau festival plus ou moins régional, que nous pensions à Gatineau cette année ou Québec l’an dernier, et rien n’indique que cette tendance s’estompera. Il appartient peut-être à ces nouveaux-venus de combler la demande pour des festivals convivaux extérieurs. Le Mondial est rendu ailleurs, ayant besoin d’un local plus traditionnel pour étaler son incomparable offre. Après tout, les plus grands festivals de bière du monde ont souvent lieu dans un quelconque palais des congrès local, que nous pensions au Great British Beer Festival de Londres, au Ølfestival København de Copenhague ou au Great American Beer Festival de Denver.

Éclatante Gare Windsor


Au demeurant, ce qui reste le plus rassurant est de savoir que, comme les organisatrices du Mondial ont certainement étudié en profondeur les avenues qui s’offraient à elles avant d’opter pour le déménagement de 2011, elles étudieront avec le même acharnement les commentaires et suggestions de leur clientèle pour faire converger leurs attentes avec les nouvelles contraintes géographiques auxquelles elles sont soumises. Les absents ayant toujours torts, il ne vous reste qu’à transmettre vos commentaires à l’organisation.

Longue vie au Mondial et à ses descendants.

6 juin 2011

Suggestions pour le Mondial de la bière - deuxième partie

Sans plus tarder, voici donc quatre autres catégories qui ont comme objectif de vous guider vers les meilleures bières du Mondial de la Bière, selon vos goûts du moment:

Top 5 « Bières de soif »

Pour cette catégorie, nous vous recommandons de prendre des échantillons doubles. C'est que ces bières, en plus d'être légères en bouche, dévoileront un subtil étalement de saveurs suite à plusieurs gorgées. Après tout, vous avez soif, non?

-Brouhaha Blanche Soleil (Montréal) : La Witbier belge a inspiré plusieurs brasseurs québécois et la Blanche Soleil est un des exemples les plus rafraîchissants du style. Coriandre et écorce d’orange rencontrent houblons épicés, un mariage effervescent dans un corps pétillant.   

-Hopfenstark Ostalgia Rousse (L’Assomption) : De sublimes malts toastés équilibrés par des houblons herbacés. Peu de bières exhibent autant de richesse grillée tout en demeurant désaltérante.

-Fyne Ales Jarl (Écosse) : Comme plusieurs brasseurs du Royaume-Uni, cette microbrasserie produit une panoplie d’ales de soif. Celle-ci est bien citronnée, grâce à son houblonnage généreux évoluant dans un corps presque sec, idéal aux grandes gorgées.

-Moonlight Death and Taxes (Californie) : Une bière de soif… noire! Cette lager présente des saveurs chocolatées dans un corps svelte équilibrés par des houblons boisés et subtilement citronnés. Parfait pour ouvrir l'esprit de quelqu'un qui pourrait avoir peur des couleurs...

-Stone Levitation (Californie) : Fertile en houblons du nouveau monde, voici une ale ambrée qui plaira à ceux qui ne peuvent se passer de parfums d’agrumes et d’amertume résineuse endémiques à la côte ouest américaine.

La cour arrière du restaurant de Stone Brewing au nord de San Diego est à couper le souffle


Top 5 « Liquoreuses et très sucrées »

-Aventinus Eisbock (Allemagne) :  La grande Aventinus Weizenbock, une des bières les plus complexes de Bavière, subit parfois une période de gel afin d’y concentrer ses sucres. Après quelques autres étapes cruciales, nous obtenons une bière capiteuse, emplie de saveurs de fruits séchés, de caramel et de levures au profil épicé, phénolique.

-Boquébière Acéro (Sherbrooke) : Une création unique, ce nectar repousse les limites de la bière. La gazéification est quasi-absente, les saveurs de sirop d’érable dominent les céréales et l’alcool réchauffe le gosier à chaque gorgée. Si vous préférez le miel au sirop d’érable, l’Apico, une autre création hybride du Boquébière, vous sera aussi mémorable.

-Kuhnhenn Barrel-Aged Fourth Dementia (Michigan) : Toffee, vanille, et bourbon évoluent dans un corps gargantuesque, gorgé de sucres résiduels et d’alcool. La décadence liquéfiée; voilà une des forces de la brasserie Kuhnhenn.

-Dogfish Palo Santo Marron (Delaware) : Réglisse, noisettes et figues sont enlacées par les malts caramel de cette ale forte vieillie en barils de Palo Santo paraguayen. Quelques malts rôtis ferment la marche, accompagnés par une légère sècheresse boisée.

-Cheval Blanc Triple Bock (Montréal) : Un festival de malts de type Munich, cette Triple Bock ronde comble toute papille en recherche de desserts élégants. Les céréales caramélisées abondent dans ce profil de saveurs doux et langoureux.

Éloi Déit, maitre-brasseur du Cheval Blanc
Photo de Johann Schlager


Top 5 « Herbacées et florales »

Les bières de cette catégorie ne contiennent pas nécessairement des herbes ou des fleurs. Ce sont plutôt des bières qui présentent un profil rappelant une verdure et les bouquets de fleurs, souvent le résultat d'un judicieux mélange de houblons.

-Jandrain-Jandrenouille IV Saison (Belgique) : Les houblons poivrés et citronnés de cette Saison wallonne survolent des levures aux allures de pâte à pain, construisant un bouquet vivace, complexe et rafraîchissant.

-Southampton Cuvée des Fleurs (New York) : Ici, les parfums floraux proviennent de la lavande, de la camomille, de la marguerite dorée et de la rose sauvage utilisées aux côtés des houblons. Le tout est supporté par des céréales miellées et une gazéification piquante. Merveilleusement différente.

-À l’Abri de la Tempête Terre Ferme (Iles-de-la-Madeleine) : Des céréales biscuitées propulsent herbes, fleurs et agrumes d’une harmonie telle que les saveurs individuelles sont difficiles à dissocier. En plus, elle n'est jamais lourde, invitant de grandes gorgées.

-Super Baladin (Italie) : Fleurs et agrumes séchés grouillent sur un lit de pâte d’amande, créant une pâtisserie liquide des plus surprenantes. Un profil de saveurs qui nous faire presque croire à une promenade dans un souk du Moyen-Orient.

-Trou du Diable P’tite Buteuse (Shawinigan) : D’inspiration belge, cette blondinette désaltère grâce à des houblons herbacés et citronnés soutenus par des esters de bananes et des céréales croquantes. Un autre chef d'oeuvre d'André Trudel, maitre-brasseur du Trou du Diable.

Un festin en entrée au resto-pub du Trou du Diable


Top 5 « Belges brunes et épicées »

-Broadway Pub Don Juan (Shawinigan) : Muscade et coriandre sont liées par des céréales caramélisées et des esters fruités dans cette bière forte d’inspiration belge. Profitez aussi de votre visite au kiosque du Broadway pour leur parler de leur succursale en devenir à Grand-Mère…

-Gouden Carolus Noël (Belgique) : Un profil de saveurs semblable à la bière précédente, avec ses tons de réglisse saillants, son zeste d’orange et son clou de girofle se prélassant sur un coussin malté richement caramélisé. Bref, une bière qui donne le goût de célébrer Noël toute l’année.

-Rochefort 8 (Belgique) : Le corps feutré de cette rutilante trappiste développe des notes de dates medjool, de chocolat et de prunes réchauffés par un jet d’alcool. Le côté épicé de ce grand cru provient surtout des levures et de leurs conditions de fermentation, même si un soupçon de coriandre fait partie de la recette.

-Allagash Four (Maine) : D’inspiration monastique, en voici une qui dévoile un profil épicé grâce à ses levures et à ses houblons nobles. Poivrée et fruitée, sa chaleur d’alcool équilibre un corps riche, soutenant des sucres résiduels suaves.

-Charlevoix Dominus Vobiscum Double (Baie-Saint-Paul) : Effervescente et chaleureuse, voici une autre bière forte québécoise inspirée de la Belgique. Anis étoilé, coriandre, poivre, raisins secs et clou de girofle ne sont que quelques-uns des parfums que vous pourrez percevoir en la dégustant.




Bon Mondial!


Pour notre premier article de suggestions, cliquez ici

2 juin 2011

Suggestions pour votre Mondial de la Bière - première partie

Dans quelques jours, les yeux du monde de la bière se fixeront sur Montréal et ce, pour presqu’une semaine. C'est que Le Mondial de la Bière nous présentera comme à son habitude une carte des bières  à en faire rougir la grande majorité des festivals du genre sur la planète. C’est tout simple; nous pouvons compter sur les doigts d’une main les festivals de bière au monde qui présentent autant de bières différentes d’autant de pays. Qui plus est, la sélection du Mondial est judicieuse; même les voyageurs les plus aguerris (titre auquel nous aspirons joyeusement) y trouvent à chaque année plusieurs bières qu’ils n’avaient jamais pu déguster auparavant.

Dans le but d’aider tous ceux qui ne savent où donner de la papille devant ce choix ahurissant, nous avons décidé de vous dresser, en deux parties, une liste de bières à essayer à tout prix. Question de vous aider à cibler les bières qui risquent de vous plaire le plus selon vos goûts personnels, nous allons aussi catégoriser ces bières selon leurs saveurs, leurs objectifs et/ou leurs ingrédients principaux.

Finalement, dans un souci de variété, nous mentionnerons une brasserie qu’une seule fois dans nos listes. Évidemment, la majorité des brasseries choisies possèdent des bières qui pourraient se retrouver dans plusieurs de nos catégories. Mais bon, un des buts du Mondial étant de faire découvrir un grand nombre de produits, nous jugeons bon de vous trimbaler d'une brasserie à une autre. Du pure sadisme, avouez...


TOP 5 "Houblons du nouveau monde"

Toutes ces bières mettent en valeur des houblons cultivés sur la côte ouest américaine, en Nouvelle-Zélande ou en Australie. Règle générale, ce sont des bières aux arômes envoûtants d’agrumes et de fleurs, se terminant en une amertume bien résineuse, longue en bouche. Pour en apprendre plus sur le sujet, lisez nos articles ici: #1, #2, #3.

 N.B. La fraicheur des brassins est primordiale lorsqu'on goûte à de telles bières. Reste à voir si les brasseries étrangères ont pu nous envoyer des India Pale Ales assez jeunes malgré le dédale bureaucratique imposé par notre SAQ…

-Central City Red Racer IPA (Colombie-Britannique) : Une des rares India Pale Ales canadiennes à pouvoir faire compétition avec les sud-californiennes en terme de fraicheur aromatique. Celle-ci vient en canette, une très bonne idée pour protéger le dit parfum houblonné (le houblon réagissant négativement aux sources de lumière).

-Benelux Sabotage (Montréal) : Unique en son genre, cette bière laisse toute la place aux houblons du nouveau monde. Agrumes à gogo, du début à la fin, où une amertume résineuse s’installe sur le palais pour y rester. Miam.

Photo de Johann Schlager

-Maui Big Swell IPA (Hawaï) : Une autre superbe India Pale Ale, peut-être un peu plus caramélisée et toastée que les deux précédentes. Une autre canette aussi, toujours afin de protéger ce beau houblon de la lumière nuisible.

-McNeill’s Ruby Extra Amber Ale (Vermont) : Cette ale ambrée sur-houblonnée de Centennial possède une base maltée bien différente des trois précédentes. Son profil de saveurs est aussi plus terreux et boisé, comptant toujours le bouquet fruité et floral décrit précédemment.

-Ballast Point Sculpin IPA (San Diego): Une des plus saisissantes India Pale Ales des Etats-Unis, mais surtout pas parce que c'est la plus intense du lot. Des malts légèrement toastés et miellés servent de coussins pour l’explosion houblonnée décrite ci-dessus. Pas trop sucrée, bien aérée, facile à boire; un pur délice multi-houblons.

Le "homebrew shop" de Ballast Point possède une ardoise des bières mieux garnies que bien des brouepubs du continent



TOP 5 "Richement chocolatées"

Ici, nous avons choisi de regrouper plusieurs types de bières qui se veulent à prédominance chocolatés. Vous remarquerez qu'aucune bière dans notre sélection est brassée avec du chocolat. Toutes les saveurs obtenues proviennent des malts d'orge torréfiés.

-Great Divide Yeti Imperial Stout (Colorado) : Ce Stout Impérial plaira à tout amateur de dessert capiteux au chocolat noir. Les saveurs rôties abondent aussi se fondant dans une amertume boisée, résineuse. On frise la décadence.

-Dieu du Ciel! Libre Échange (Montréal) : Cette toute nouvelle création du brouepub original de Dieu du Ciel! sur la rue Laurier impressionne autant que les classiques Déesse Nocturne, Péché Mortel et Aphrodisiaque. Modelée d’après les Foreign Export Stout, elle se veut très chocolatée, mais aussi bien fruitée.



-Smuttynose Robust Porter (New Hampshire) : Impossible de se tromper avec le Robust Porter de cette brasserie d’exception. Riche sans être lourd, complexe mais facile à boire, cette ale noire se différencie des deux précédentes entre autres grâce à son profil caramélisé plus avenant.

-À La Fût Bête Noire (St-Tite) : Avoine croquante, orge rôtie et houblons verts sont de concert dans ce Stout rond et persistent. Une des plus belles recettes mettant en valeur le malt d'orge québécois.

-Lambrate Imperial Ghisa (Italie) : Si vous aimez les malts chocolatés tout en étant en quête de saveurs peu communes dans les Stouts, cette Ghisa est peut-être pour vous. Très fumée et boisée, elle se veut un formidable accompagnement à une pièce de viande rouge cuite sur le grill (par exemple).

Le pub de Lambrate à Milan demeure une des expériences les plus conviviales de la planète-bière, surtout à l'apéritivo



Lundi prochain, on continue avec non moins de quatre autres catégories, parmi lesquelles vous verrez notre Top 5 "Bières de soif" et notre Top 5 "Liquoreuses et très sucrées"...

31 mai 2011

La Succursale: un nouveau brouepub promis à un bel avenir

 Même le mur du fond de La Succursale séduit

Ne doutez surtout pas des casques de construction déambulant devant cette toute jeune brasserie artisanale. Persistez et pénétrez les portes vitrées. Certes, la façade du bâtiment hébergeant des lofts aux étages n'a toujours pas reçu ses derniers coups de marteaux, mais la brasserie artisanale au rez-de-chaussée est déjà outillée pour impressionner. Phénomène rare, nous pouvons vous affirmer d'emblée que les bières de La Succursale possèdent des fondations fermes, promises à un brillant avenir. Et l'espace aéré et convivial de la salle principale ne fait que rehausser le bien-être de tout assoiffé désirant y passer quelques heures.


La Succursale scintille déjà à l'ardoise des bières. C'est que ses premiers brassins sont d'une qualité rarement vue lors d'un baptême d'une brasserie. Habituellement, il est plutôt cruel de juger une toute nouvelle brasserie par ses premiers brassins. Le maitre-brasseur doit s'habituer à une multitude de conditions nouvelles créées par l'équipement reçu et le volume de production différent, sans compter les surprises occasionnées par le système de refroidissement, les lignes de fût, etc. Qu'à cela ne tienne, Jean-Philippe Lalonde, maître-brasseur ici, en a vu d'autres. Cette expérience, malgré son jeune âge, est apparent dans sa Petite Côte, par exemple. Cette Kölsch, bière de fermentation haute inspirée par les blondes de Cologne, représente le juste milieu parfait pour rejoindre le visiteur assoiffé non-connaisseur autant que le bièrophile aguerri. À part son service dans un stange, ces petits verres éprouvettes utilisés traditionnellement par les brasseries de Cologne, le dégustateur expérimenté retrouvera rapidement les saveurs de céréales croustillantes qui font partie de la signature du style. Équilibrée par des houblons herbacés légèrement amers, cette bière digeste ravira aussi le travailleur de passage en quête d'une bière facile à boire. Même constat pour la Radschläger, la Altbier de la maison. Au lieu de présenter des couleurs de bières génériques à sa clientèle peu informée, La Succursale a décidé de joindre l'utile à l'agréable. Preuve qu'un raffinement est possible même lorsqu'on veut rejoindre une plus grande clientèle.

Un verre de Petite Côte; déjà une des plus belles bières de soif de Montréal

Pour tout amateur en quête de saveurs plus intenses, sachez qu'une IPA aux houblons francs fera son apparition à l'ardoise sous peu. Mais avec ses Kölsch, Altbier, Bitter et Porter déjà aguichantes à souhait, La Succursale possède des atouts indispensables à un nouveau brouepub: des bières de soif d'une qualité impeccable qui sauront rallier une clientèle de provenance vaste. 

24 mai 2011

Le malt d'orge québécois (2e partie)


Suite au dernier article publié il y a quelques jours sur le sujet, quelques brasseurs professionnels et amateurs ont partagé leurs expériences avec le malt d'orge québécois de la malterie Frontenac, ainsi que celui produit par Canada Malting. Les flaveurs de raisin et de grains verts ne semblent pas avoir été identifiées au même degré d'intensité chez La Québécoise, ce malt d'orge québécois fabriqué par Canada Malting. Certains soutiennent que le malt Frontenac partage peu des caractéristiques mentionnées ci-dessus lorsqu'il est utilisé en petite quantité. Pour l'instant, plusieurs hypothèses circulent, sans toutefois pouvoir identifier la source des dites saveurs peut-être endémiques à l'orge québécois (ou au malt Frontenac).

Nous croyons fermement que ces saveurs vives, parfois fruitées, parfois vertes et astringentes, ont leur place dans le monde de la bière. Ces caractéristiques ne sont d'ailleurs pas étrangères à notre boisson chérie, étant parfois produites, par exemple, par des fermentations de certaines levures à haute température ou même par le houblon choisi. Cependant, l'intensité de cette personnalité nécessite, à notre avis, un peu de discernement de la part des créateurs de recettes. Nous ne comprenons pas, surtout, l'insistance à inclure ce malt d'orge très typé en quantité significative dans toutes les bières d'une brasserie. Mis à part la variabilité apparente de ces saveurs de brassin en brassin, ce choix d'utiliser un ingrédient si volubile semble plutôt provenir d'une forte volonté d'encourager des gens de notre belle province. Idéalement, nous aimerions que le choix de cet ingrédient de chez nous provienne d'un désir de créer un produit qui sera savoureux ET harmonieux à tout coup.

En d'autres mots, nous croyons qu'un brasseur doit travailler comme un chef cuisinier; toujours en recherche d'une harmonie intrinsèque peu importe les autres objectifs de la recette.

Voici une analogie toute simple: un nouveau houblon vient d'arriver sur le marché. Appelons-le... FullFrontalFuggle (FFF, si vous préférez). Son parfum est explosif et son potentiel d'amertume fait sourire les extrémistes de la papille. Oseriez-vous l'utiliser dans toutes vos bières? Certes, il serait sûrement plaisant de l'essayer dans une Double IPA, une Stout bien charnue ou une Tripel version nouveau monde. Or, il serait potentiellement catastrophique de l'inclure en grande quantité dans une Helles, une Ordinary Bitter ou une Amber Ale toutes menues. À moins, bien sûr, que vous vouliez que toutes vos bières goûtent, de façon prédominante, le FFF...

Pour que ce malt soit pris au sérieux par les amateurs et les brasseurs d'ici et d'ailleurs, nous croyons qu'il doit être utilisé judicieusement, dans une recette qui mettra en valeur des arômes et des saveurs harmonieuses à celles produites par ce malt d'orge. Le côté jus de raisin se juxtapose bien, par exemple, aux malts caramélisés et noisettés d'une Brown Ale anglaise ou d'une Quadrupel belge. Il pourrait même aller de pair avec un houblon aux notes tropicales, tel le Citra ou le Nelson Sauvin. Les propriétés de grains verts légèrement astringents se fonderaient sûrement dans un houblonnage résineux persistent en saveur et en amertume. Encore faut-il que l'intensité de ces saveurs soient contrôlables par le brasseur... 

La sublime St.Bernardus Abt 12 possède quelques subtiles notes de raisins noirs bien juteux...

Nous aimerions d'ailleurs voir quelques brasseurs se mouiller quant aux méthodes employées afin d'enrayer, ou du moins de doser, le grain vert, l'astringence et/ou le jus de raisin produit par l'orge québécois... ou le malt Frontenac. Merci, entre autres, à Benoit Mercier du Benelux, Francis Foley d'À La Fût, René Huard de Brasseurs Illimités, Alexandre Bernard du Bilboquet et Alex Ganivet-Boileau des Trois Mousquetaires pour leur contribution professionnelle constructive à ce débat. C'est en discutant de vos expériences que nous allons pouvoir parler, un jour, des malts d'orge québécois sans avoir peur d'offusquer qui que ce soit. Et c'est aussi en jasant tous ensembles, donc avec nous humbles dégustateurs,  que le monde de la bière québécois se munira d'outils pour mieux communiquer et croître.

17 mai 2011

Une première visite au Saint-Graal


Samedi dernier, une belle visite au Saint-Graal, ouvert depuis maintenant plus de six mois à proximité du Cégep Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse, qui propose une carte des bières qui est vraisemblablement la plus intéressante de la Rive-Nord de Montréal. Avec des brasseries invitées comme Dieu du Ciel! et Hopfenstark, il ne faut guère s’en surprendre. L’estaminet d’une cinquantaine de places est propre et accueillant, misant avec efficacité abondamment sur le bois et doté d’éléments de décoration attrayants, par exemple ce vitrail à l’effigie de la brasserie qui nous accueille à l’entrée. Un endroit fort sympathique où la carte des bières pourrait facilement nous retenir durant plusieurs heures, en particulier lorsque davantage de bières brassées sur place y figureront. Pour les insulaires du centre-ville purs et durs, sachez que le trajet ne requière qu’une trentaine de minutes, en l’absence de trafic.


Aujourd’hui encore, le Saint-Graal n’a malheureusement toujours pas reçu son permis de brasseur. C’est bien dommage, car les deux offrandes de la maison, présentement brassées à l’extérieur, sont de plus qu’honorables interprétations de leurs styles respectifs. La Prima Nocte, une Brown Ale, est l’une des bonnes ales brunes à l'anglaise de la province, un tantinet sucrée, mais délivrant un agréable étalage de noisettes, de fruits et de chocolat, ce dernier étant dérivé de ses pointes rôties. La Jarret Noir, un Stout relativement doux, se montre fortement malté et d’une bonne corpulence, en gardant ce qu’il faut d’accent sur ses flaveurs rôties pour équilibrer les sucres résiduels.

Une belle pinte de Prima Nocte

Au plaisir d’en essayer davantage!

13 mai 2011

Le malt d'orge québécois : un sujet dans le vent


Le raffinement des divers malts de Weyermann, à Bamberg, ne suscite aucun débat

Ses supporteurs aiment bien son caractère franc. Ses saveurs fraiches, vertes, croquantes. Certains de ses détracteurs cependant disent qu’il sent la gourgane. D’autres, le jus de raisins fait d’essences artificielles. Peu importe de quel côté du débat ils se retrouvent, tous peuvent s’accorder sur un point : aucun malt commercialisé au monde n’y ressemble.

De discussion en discussion, avec professionnels et amateurs, nous avons remarqué qu’un ton vif est emprunté par la majorité des interlocuteurs lorsque le terme « Frontenac » est utilisé. Cette malterie de Thetford-Mines semble porter le fardeau de tout ce qui peut être perçu comme bon ou mauvais du malt d’orge québécois. Certains amateurs de bières semblent même vouer un culte de hantise envers le malt Frontenac. Plusieurs brasseurs, d’excellents même, refusent de l’utiliser après avoir eu des résultats décevants lors d’un brassin. Mais à qui la faute ? Le brasseur ? La malterie ? Et si c’était l’orge en soi…

De l'orge de brassage 2-rangs

Récemment la malterie Canada Malting, dont la réputation n'est plus à faire, a acheté un lot d’orge de brassage issu du terroir québécois. Leur but : créer un malt québécois, un peu comme la malterie Frontenac réussi à le faire. Le résultat de cette expérience porte le nom « La Québécoise ». Ce malt 2-rangs est disponible depuis quelques temps aux brasseurs qui veulent bien l’essayer. 

Il vous sera difficile de trouver des brasseurs ou des dégustateurs qui doutent de la capacité de Canada Malting à produire un malt de qualité. Pourtant, en bouche, certains ont fait un constat gustatif semblable à ceux énumérés ci-dessus… « La Québécoise » porterait l’insigne d’un terroir bien particulier. Si on se fit à ses perceptions, et au fait que Canada Malting produit habituellement des malts techniquement irréprochables, la personnalité distinctive verte et fruitée du malt québécois ne viendrait pas nécessairement, ou entièrement, de la malterie Frontenac à proprement dit.

Or, nous sommes forcés d'admettre qu'il est fort difficile de débattre de façon constructive un sujet aux fondations si subjectives. Après tout, nous oeuvrons dans le domaine du goût, n'est-ce pas? Et les goûts ne se discutent pas, apparemment. 


Question de se rebeller immédiatement contre ce dicton ennuyant, nous aimerions vous poser une question goûteuse: aimez-vous l’apport du malt Frontenac, euh… du malt d’orge québécois dans une bière? Pourquoi?


La semaine prochaine : notre prise de position sur le sujet, une analogie et des recommandations…



4 mai 2011

Le 5e anniversaire du Benelux, ou la révélation d'un trésor



Dans le temps de crier brettanomyces, la terrasse installée sur le coin des rues Sherbrooke et Jeanne-Mance s'est vue remplie samedi dernier d'assoiffés de bières de qualité. La raison? L'équipe du Benelux, brasserie artisanale montréalaise, s'était encore une fois surpassée en dressant le menu qui célébrait son cinquième anniversaire. 

La carte des bières, d'une variété rarissime dans les brouepubs d'Amérique du Nord, coupait le souffle. D'ales expérimentales - comme un succulent Barley Wine vieilli en fût de Merlot et fermenté avec des levures sauvages - à des lagers de soif impeccables (quelle belle Cigogne!), en passant par des Pale Ales et India Pale Ales houblonnés de cultivars du nouveau monde (Nelson Sauvin, Citra, Amarillo, Riwaka), on ne savait plus où donner du palais. Quelques-unes provenaient de casks - servis par gravité - d'autres de bouteilles, d'autres de fûts traditionnels. Décidément, tout amateur y ressortait comblé, même ceux qui s'avouaient incapables de prononcer brettanomyces


Une tulipe de Zoot, l'élégante Tripel du Benelux


Depuis quelques années déjà, toute papille curieuse remarquait que la qualité générale des bières de Benoit Mercier côtoyait souvent l'excellence. Mais aujourd'hui, nous sommes forcés de louanger davantage. Une tendance à l'assèchement de certains styles, produisant par exemple des textures belges de plus en plus authentiques, ainsi qu'une utilisation juste de levures sauvages et un raffinement dans la clarté des saveurs des bières plus douces, nous poussent à affirmer que le Benelux devient un incontournable dans le nord-est de l'Amérique. 

Suite à la dégustation du menu de bouteilles spécialement conçues pour l'évènement, nous voulons maintenant, avec l'aval de plusieurs attablés autour de nous samedi dernier, défier les acteurs principaux de cette brasserie artisanale. Nous voulons un grand cru du Benelux en bouteille, pour la maison. L'Ergot, tiens? Ou la Sabotage? La Strato peut-être? Plusieurs au menu seraient enchanteresses. Le Benelux est exactement le genre de brasserie exceptionnelle qui pourrait faire rayonner davantage le Québec sur la scène internationale, aux côtés des Dieu du Ciel!, Trou du Diable, Microbrasserie Charlevoix, pour ne nommer que celles-là. Allez, on ne peut pas garder un trésor chez nous si longtemps; il faut partager...

À la santé du Benelux, qui mérite de briller encore longtemps!