22 mars 2011

La Bitter, d'Albion, à Joliette


Malgré son jeune âge, le broue-pub Albion, récemment ouvert à Joliette, fait preuve d’une étonnante maturité. Oublions les bières d’impact qui torpillent les papilles. À l’image des grands chefs, le brasseur Steven Bussières démontre avant tout un respect pour son produit. Respect pour la bière, respect pour son histoire. Il n’est donc pas surprenant que, tout comme à l’Amère à Boire où Steven a fait ses classes, nous retrouvions chez Albion certaines des bières les plus authentiques du Québec.

Style : Bitter, soit un style étonnamment rare au Québec où nous trouvons plusieurs ESB (Extra Special Bitter), mais peu de Bitters, plus légères, plus digestes et nettement plus répandues en Angleterre. Celle du Albion titre 3,9% à 4,0% d’alcool par volume, ce qui paraît peu ici, mais reste dans les normes britanniques où les bières sont rarement conçues pour être sirotées.

Disponibilité : Uniquement en fût sur place, mais presque toujours fidèle au poste. Une particularité chez Albion est le très faible volume de chaque brassin, tout juste 100 litres, une quantité digne d’un brasseur-maison. Il est donc difficile d’être assuré qu’il y aura toujours de la Bitter. Par contre, il est assuré que lorsque présente, elle sera éclatante de fraîcheur.

Le coup d’œil : Une voile minime laisse planer le mystère sous la toison beige qui recouvre un liquide ambré.

Le parfum : La fraîcheur renversante des ingrédients déstabilise. Sommes-nous vraiment à Joliette? Pas à York? Pas à Sheffield? Au pain toasté s’amalgame une discrète levure fruitée et le grain frais.

En bouche : Bien qu’elle ait été goûtée au fût, l’efficacité de la refermentation naturelle nous confond. On croirait volontiers qu’elle vient d’un cask. Remarquablement pleine pour une ale à 4%, mousseuse, presque crémeuse sans angles durs, elle se laisse boire à gorge déployée.

La finale : Les houblons feuillus aux pointes de gazon et de menthe s’étalent langoureusement quoique sans exagération. Quelques secondes après la déglutition, sa présence en bouche nous manque déjà.

Accords : Au moment d’écrire ces lignes, Albion a comme projet d’offrir un menu boustifaille digne du contenu de ses pompes. Pour l’instant, peu d’options existent. De toute façon, un bon sujet de conversation suffit, car vous voudrez rester chez Albion et consommer de la Bitter plusieurs heures durant.

Pourquoi est-ce un grand cru? : Il existe quelque bonnes bières de soif au Québec. Cependant, en terme de pure aisance à la boire, en terme de session brew, la Bitter d’Albion vient de les déclasser toutes. Jamais avions-nous même pensé boire une pinte de bière québécoise en six gorgées. Pourtant, ça semble être le rythme naturel avec cette Bitter.

Si vous avez aimé, essayez aussi : Voyageur des Brumes du Dieu du Ciel! (Québec), Simple Malt Golding Pale Ale des Brasseurs Illimités (Québec), Bishop’s Best Bitter du Lion d’Or (Québec), Ostalgia Rousse d’Hopfenstark (Québec)


2 commentaires:

Dawei a dit…

Et que dire de la version en Cask. Les notes de fut de chêne viennent enrober le tout...

Éric Michaud a dit…

tres important le cask pour quiconque veut produire un style "anglais"

Je suis dans le Yorkshire presentement et on trouve que tres rarement des bitters pression