22 avr. 2013

Pourquoi partager la bonne nouvelle?

Alors, vous êtes revenus les mains vides du lancement de la dernière bière de l'heure? Dommage que l'information circule si vite sur l'autoroute électronique. Avant l'avènement des médias sociaux, de tels événements n'étaient pas si courus. Dommage, mais pour qui?

Alors, vous trouvez que le prix des bières augmente trop rapidement? La popularité croissante des bières de microbrasseries a ceci de particulier que le nombre de brasseries (l'offre) croît très rapidement, le nombre de bières (toujours l'offre), encore plus rapidement et que malgré une croissance non négligeable non plus des consommateurs (la demande), les prix n'en augmentent pas moins. Certes, le principe économique de base du "toutes choses étant égales par ailleurs" n'est pas respecté dans cette industrie où les prix des matières premières sont parfois aussi volatiles que la brassière d'une effeuilleuse.
N'empêche, le consommateur de la vieille garde peut parfois se demander si la bière n'aurait pas avantage à être un peu moins populaire. Peut-être aurait-il enfin la chance de mettre la main sur la "nouveauté de la semaine" au Peluso qui n'avait finalement pas grand-chose de "semaine" puisqu'elle est disparue des tablettes en 24 heures. Dans ce contexte de questionnement égocentrique légitime, l'amateur pas plus fou qu'un autre peut en venir à se demander: "mais pourquoi diable continuerais-je à m'acharner à convaincre mes amis de passer à la vitesse supérieure, de lâcher leur Kraft Dinner pour du Alfred le Fermier, de laisser tomber l'aiglefin pané congelé pour de l'omble chevalier, de sacrifier Corona et limette pour Bretteuse et Maudite. À quoi bon, si ce n'est que pour rendre la bonne bière deux fois plus rare et trois fois plus coûteuse?

Fidèles à notre habitude de poser plus de questions que nous apportons de réponses, nous proposons quelques pistes de réflexion.

1. La gravité relative. Se pourrait-il que dans un monde où les atrocités sont si nombreuses que nous avons développé une carapace aux bulletins de nouvelles, le fait de ne pas mettre la main sur la Brut de Charlevoix cette année ne soit pas exactement un drame humain vous forçant à réévaluer les fondements de votre existence?
2. L'effet domino. Se pourrait-il que pour chaque Brut sur laquelle vous ne parvenez pas à mettre la main, d'autres brasseurs talentueux décident de profiter de la manne et de créer des bières rares grâce auxquelles vous aurez la chance de vous refaire la main?

3. Les fêtes de famille. Se pourrait-il que vos fêtes de famille deviennent bougrement plus intéressantes si la popularité des bières artisanales les porte jusqu'à pénétrer l'antre de votre beau-père pourtant actuellement fanatique invétéré de Harfang des Neiges.

4. Une boisson sociale. Se pourrait-il que le statut de boisson social que nous affectionnons tant soit incompatible avec une mentalité qui viserait à freiner l'essor de la bière artisanale? Plus on est de fous, plus on rit et plus on risque de rencontrer des gens intéressants.

5. La réussite. Se pourrait-il que les microbrasseries dont les produits se vendent comme des pains chauds fassent justement quelque chose de très bien et qu'elles méritent pleinement leur succès, encore plus que vous ne méritez d'avoir une garantie que leurs produits seront toujours disponibles pour vous?

Alors, vous n'avez pas réussi à mettre la main sur la Red Sashes de Dunham? Tant mieux, il se trouvera sûrement un humain de grande qualité pour partager la sienne. Et comme ce tricycle que vous avez jadis longuement désiré, la Red Sashes n'en sera que meilleure quand vous aurez enfin la chance de vous en décapsuler une.

Aucun commentaire: